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LE PDT DE L’ASSOCIATION ‘’EL-AMAN’’ APPELLE À L’APPLICATION DE LA LOI POUR PROTÉGER LA SANTÉ DU CONSOMMATEUR : « La sensibilisation à elle seule ne changera pas les choses »

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Aller au-delà de la sensibilisation et de l’évaluation sur les risques sanitaires qui menacent les citoyens algériens, plusieurs spécialistes préconisent, en parallèle, d’accompagner cette stratégie par des textes de loi, permettant non seulement d’instruire le citoyen, mais aussi de soumettre les producteurs à une réglementation, on ne peut plus sévère.

Certes, l’initiative prise avant-hier par le gouvernement à l’issue du Séminaire sur la sécurité sanitaire « d’évaluer les risques sanitaires qui menacent le citoyen et d’activer la veille pour assurer la protection nécessaire en temps nécessaire », est une louable décision, mais comme l’a si bien précisé le juriste et spécialiste en numérisation, Djamel Khefif, en marge du séminaire, ces exigences doivent être appuyées par des lois. Si pour le professeur Kamel Senhadji, en tant que premier responsable de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSS), « une culture sanitaire du citoyen est préférable à la décision politique », et que la priorité va à « la mise en œuvre d’enquêtes et à la quête d’indicateurs sur la santé de la population, en privilégiant la surveillance, la vigilance et l’alerte », cette vision ne semble guère exempte de toute critique. Notamment lorsqu’il s’agit de la surconsommation de certains aliments, à l’image du sucre, promulguer des lois et exiger des normes au niveau du réseau de production, est ainsi une des urgences de l’heure. Ce même ministère de la Santé, qui a insisté avant-hier sur l’importance de lancer « lancer des alertes précoces pour permettre le déploiement des dispositifs de gestion des situations exceptionnelles en temps utile », avait pourtant signalé «Le non-respect du dosage dans la fabrication des produits alimentaires », reconnaissant le fait que ces produits « sont dans leur quasi-totalité à l’origine des maladies chroniques en Algérie, soit le cancer, le diabète et les maladies cardiovasculaires ». Bien avant, le PM Aïmene Benabderrahmane, avait affirmé dans sa présentation du PLF 2022 devant le parlement, le 13 Novembre 2021, que « la surconsommation du sucre influe négativement sur la santé du consommateur, et constitue un fardeau de plus pour le secteur de la santé et le système de la sécurité sociale, notamment avec la propagation terrible du diabète, l’hypertension, le cancer et les maladies du cœur », indiquant que le nombre de diabétiques, qui risque d’augmenter, dépasse à présent les 5 millions de malades. Benabderrahmane avait déclaré, entre autres, que « les produits locaux, tels que les boissons et les jus, contiennent un taux de sucre élevé par rapport à la norme mondiale ». Pour cette raison, le ministre avait estimé qu’« assujettir le sucre à la TVA mènera, à coup sûr, les producteurs à en réduire le taux dans les diverses productions », argumentant par le fait que « que la taxe de sucre a été adoptée par plusieurs pays en vue de protéger la santé du consommateur ».

« On manque de culture de consommation »
Une vision sur laquelle a rebondi Hassan Menouar, l’actuel président de l’Association Al-Aman pour la protection des consommateurs, dans des déclarations accordées au Courrier d’Algérie, où il met en évidence l’intérêt porté sur la promulgation de loi et leurs applications, estimant que la sensibilisation à elle seule ne pourra jamais changer les choses. Pour lui, c’est une nécessité, compte tenu de la faible culture sanitaire dont jouit le citoyen algérien. « La sécurité sanitaire des citoyens commence par la sécurité sanitaire des aliments, qui est du ressort des pouvoirs publics, notamment le ministère du commerce, qui est de par la Constitution de 2020, qui est en charge de protéger le consommateur, et protéger sa santé aussi. Maintenant, concernant les SSMG (sucre, sel et matières grasses), on doit aller très, très vite, et très loin, vraiment profondément dans une réglementation stricte, parce qu’il s’est avéré que la sensibilisation seule ne pourrait jamais suffire pour changer les choses. Et ça, ce n’est pas propre à l’Algérie et aux Algériens, mais propre à l’être humain, là où il est dans le monde. Donc nous avons perdu beaucoup de temps en comptant sur la sensibilisation de la sécurité sanitaire chez le citoyen lui-même, alors que nous sommes ce que nous sommes, un peuple qui est amoindri en termes de culture de consommation, comme c’est le cas pour ce qui est par exemple, de la sécurité routière, où nous n’avons pas cette culture de bien se comporter sur la route, par rapport aux accidents ou autres », a expliqué l’intervenant.

« Imposer une réglementation stricte à tous les producteurs »
Preuves à l’appui et chiffres en main, Mr. Menouar a donné l’exemple des quantités de sucre présentes dans les boissons, appelant les pouvoirs publics à assurer un suivi pour prévenir ce phénomène, et ne pas se contenter de faire un état des lieux et d’annoncer des mesures, qui ne seront pas forcément appliquées. Et de poursuivre : « Maintenant, les pouvoirs publics doivent imposer une réglementation stricte à tous les producteurs, à commencer par ceux de l’industrie agroalimentaire, pour réduire le sucre qui est actuellement de 140 grammes dans les boissons, à moins de 100 grammes par litre. Réduire le sel, notamment dans le pain, où on est à 2 kg de sel pour 100 kg de farine, alors que dans les normes de l’OMS, ça ne devrait pas dépasser les 1.2 kg. C’est aussi la même chose pour les matières grasses, dont je n’ai pas de chiffres. Le ministère du Commerce a finalement introduit un texte de loi, pour dire que dans les boissons, on ne doit pas dépasser les 105 grammes de sucre par litre, mais c’est un texte qui est resté sur papier. On attend à ce qu’il y ait un texte d’exécution, et commencer à le faire appliquer »

«On doit cesser de perdre du temps»
Se considérant et se positionnant en tant que dénonciateur averti pour le bien du consommateur, à travers les efforts de l’association aman, Hassan Menouar a fait part de l’alerte qu’il avait lancée sur les dangers du monoxyde de carbone, dans la même mesure que les ravages du sucre sur la santé commune, mais que cette mise en garde n’avait pas empêché des pertes humaines. « Nous, en tant qu’association, on a travaillé avec l’Association algérienne des producteurs de boissons, qui sont eux même disposés à faire réduire, ils n’attendent que l’application de ce texte réglementaire, pour qu’ils fassent baisser le taux du sucre, tous en même temps et à la même période. On a même été à proposer de faire réduire le sucre dans les boissons, progressivement, à chaque début de Ramadhan. Avec le Ramadhan qui approche, on aimerait bien que ça commence cette année. Donc, tout cela pour vous dire qu’on doit cesser de perdre du temps, comme on en a perdu pour le détecteur du monoxyde de carbone. Depuis qu’on l’a proposé en 2014, on est en train de perdre de temps et entre temps, il y a eu beaucoup de morts. C’est la même chose pour l’histoire du sucre, du sel et de la matière grasse », a-t-il ajouté.

« La répression, c’est la meilleure sensibilisation »
Le président d’Aman ira encore plus loin dans ses propos, admettant que pour le bien et la santé de tous, l’autorité et la contrainte, sont parfois efficaces, pour une meilleure application des normes de la part des opérateurs économiques industriels, et un suivi permanent et strict. Il nous dira dans ce sens : « Il n’y a plus de temps pour faire des recherches qui ont été faites dans plusieurs pays et même en Algérie. On doit maintenant les rendre pratiques et faire exécuter toutes les conclusions de ces recherches. La sensibilisation va continuer, par tous les moyens, mais entre-temps, il faudrait imposer une réglementation, ce qui est une manière de sensibiliser aussi. Du moment que le consommateur est demandeur de sucre, les producteurs vont mettre autant de sucre pour vendre leurs produits. Nous avons fait des analyses en 2018, nous avons trouvé que certains producteurs ont réduit, mais par la suite ils se sont arrêtés, parce qu’ils ont commencé à sentir la mévente de leurs produits. Mais avec une réglementation, ils seront obligés de l’appliquer, et les consommateurs vont s’adapter aux nouveaux goûts ».

Formation des personnels du commerce
Par ailleurs, Menouar a évoqué d’autres paramètres, en rapport à l’alimentation servie dans les espaces publics, allusion faite aux restaurants et autres vendeurs d’aliments préparés, estimant que les personnels choisis pour cela, doivent avoir suivi au préalable, une formation adéquate. Évidemment, il n’y a pas que ça, il y a beaucoup d’autres problèmes. Quand on parle de la restauration rapide et la restauration collective, il faut aussi faire appliquer toute la réglementation, et élaborer d’autres textes, pour assurer la sécurité sanitaire des Algériens. Pour cela, on a demandé aux pouvoirs publics d’instaurer un texte de loi, qui obligerait tous les commerçants à faire former leurs personnels. Quand quelqu’un vous prépare votre repas, et qu’il n’a jamais été formé sur les mesures d’hygiène, la chaîne de froid, les modes de préservation, les modes d’exposition, de cuisson, qu’est-ce que vous allez attendre de lui ? Ce n’est pas normal qu’on emploie des gens qui ne sont ni diplômés, ni formés. Quelqu’un qui travaille dans un chantier aujourd’hui, on le retrouve demain pour préparer des sandwichs pour les gens.
Propos recueillis par Hamid Si Ahmed    

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