Le représentant du Front Polisario en Espagne, Abdallah Al-Arabi, a dénoncé les manœuvres du Maroc pour contourner la légalité internationale. Il a rappelé à l’occasion du 50ᵉ anniversaire de l’invasion marocaine du Sahara occidental, que seule la voie d’un référendum libre et équitable permettra de mettre fin à un demi-siècle d’occupation et de restaurer la souveraineté du peuple sahraoui.
Cinquante ans après la signature des accords de Madrid qui ont ouvert la voie à l’occupation marocaine du Sahara occidental, la question de l’autodétermination reste au cœur de la lutte sahraouie.
Le représentant du Front Polisario en Espagne, Abdallah Al-Arabi, a réaffirmé, dans une déclaration à la presse espagnole, que « le peuple sahraoui seul décidera de son avenir », fustigeant les tentatives de Rabat de détourner la légitimité internationale au moyen de son projet d’« autonomie », qu’il qualifie de « proposition coloniale déguisée ».
Pour le diplomate sahraoui, la position du Front Polisario demeure inchangée depuis la signature de l’accord de paix de 1991 entre les deux parties : seule l’organisation d’un référendum d’autodétermination peut garantir une solution juste et durable. « Le Maroc s’y oppose farouchement parce qu’il sait pertinemment que le peuple sahraoui voterait pour l’indépendance », souligne-t-il. Abdallah Al-Arabi a par ailleurs dénoncé les manipulations autour de la résolution 2797 du Conseil de sécurité, adoptée le 31 octobre dernier.
Contrairement à la lecture promue par Rabat, cette résolution « ne constitue pas un appui au plan d’autonomie marocain, mais réaffirme la nécessité de négociations directes pour parvenir à un accord mutuellement acceptable », a-t-il insisté. Selon lui, le texte du Conseil réaffirme implicitement le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination dans un contexte marqué par «cinquante ans de résistance face à une occupation militaire soutenue par des puissances occidentales ». Celles-ci, accuse-t-il, «ont financé et armé le Maroc tout en concluant des accords illégaux sur l’exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental ».
“Une trahison historique” de l’Espagne
Les propos du diplomate sahraoui interviennent à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’invasion marocaine du Sahara occidental. Abdallah Al-Arabi a qualifié la cession du territoire par l’Espagne en 1975, à travers les accords de Madrid, de « trahison historique du peuple sahraoui ».
Il a rappelé que Madrid demeure légalement responsable de l’ancienne colonie et qu’elle ne saurait se décharger de ses obligations en matière de décolonisation. « L’Espagne ne peut pas se laver les mains d’un conflit qu’elle a contribué à créer », a-t-il martelé, saluant néanmoins « le soutien constant du mouvement associatif, des partis politiques et de la société civile espagnole à la cause sahraouie ».
Les prisonniers sahraouis, symboles d’une répression persistante
Alors que la lutte politique se poursuit sur le plan diplomatique, la répression s’intensifie dans les territoires occupés. La Ligue pour la protection des prisonniers sahraouis dans les prisons marocaines a renouvelé son appel à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les détenus politiques sahraouis. Cette organisation a salué la récente libération des militants Ibrahim Babit et Salah Eddine Sbar, condamnés à des peines «iniques» pour leur engagement pacifique en faveur de l’autodétermination. Deux autres étudiants, Hafed Berman et Nour Eddine Anaflous, ont écopé de trois mois de prison avec sursis dans la même affaire. Selon la Ligue, ces condamnations s’inscrivent dans une stratégie de « criminalisation du militantisme sahraoui » visant à briser toute forme de contestation. « Ces jeunes ont affronté la justice marocaine la tête haute, en scandant les slogans de la liberté et en réaffirmant leur attachement à la lutte du Front Polisario », a déclaré l’organisation, qualifiant les procès de « mascarade judiciaire montée de toutes pièces ». De son côté, l’Association sahraouie des victimes de violations graves des droits humains a dénoncé les conditions inhumaines de libération des deux étudiants, relâchés «sous le couvert de la nuit, dans une zone isolée, dans des conditions climatiques extrêmes et sans moyens de transport ». « Cette méthode illustre la volonté des autorités marocaines de continuer à humilier les prisonniers même après la fin de leurs peines », a déploré l’organisation, qui exige la fin des traitements dégradants et des violations systématiques des droits fondamentaux des détenus sahraouis.
Le silence international pointé du doigt
Dans les territoires occupés, la mobilisation ne faiblit pas. La coordination du mouvement de résistance à El-Ayoun occupée a dénoncé « la politique de vengeance et d’intimidation » menée contre les étudiants et militants sahraouis, affirmant que « le maintien en détention de dizaines de prisonniers politiques démontre la nature répressive du régime d’occupation et le silence complice de la communauté internationale ». La coordination a exhorté l’ensemble des forces politiques et sociales sahraouies, ainsi que la diaspora, à maintenir la mobilisation et la résistance sous toutes leurs formes pacifiques. «La lutte ne s’arrêtera que lorsque le peuple sahraoui aura recouvré sa liberté et son indépendance sur la totalité de son territoire », a-t-elle conclu. Au-delà des discours diplomatiques, les propos d’Abdallah Al-Arabi résonnent comme un cri de dignité face à l’injustice historique subie par le peuple sahraoui. Cinquante ans après le départ de l’Espagne, le Sahara occidental demeure le dernier territoire d’Afrique encore colonisé. Malgré la répression, les procès arbitraires et le silence international, la voix du peuple sahraoui continue de s’élever : ferme, déterminée et inébranlable. Car pour le Front Polisario, l’objectif reste inchangé : que la terre sahraouie retrouve enfin la liberté, et que son peuple puisse décider souverainement de son destin.
M. Seghilani














































