Le Front Polisario a annoncé, jeudi, après l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution portant prorogation du mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation du référendum au Sahara occidental (Minurso), pour une période d’un an, qu’il ne participera à aucun processus de paix fondé sur une approche autre que le plan de règlement conjoint ONU-UA , réaffirmant « la poursuite » de la lutte armée de libération du peuple sahraoui.
Adoptée, au Conseil de sécurité, jeudi, par 13 voix et deux abstentions, celle de la Russie et du Kenya, la résolution 2654 (2022) a porté sur le renouvellement du mandat de la Minurso jusqu’au 31 octobre 2023, sans que le texte ne reflète voire prenne en compte les nouvelles donnes survenues au Sahara occidental, en raison de l’entêtement de l’occupant marocain à se plier au Droit international et de surcroît par manque de volonté politique de certains membres permanents au Conseil de sécurité de faire valoir la force du droit sur les intérêts des soutiens de Rabat, dans sa colonisation depuis 1975, des territoires sahraouis. Alors que la nomination et le début de l’exercice du mandat de l’Envoyé personnel du secrétaire général, Staffan de Mistura pour le Sahara occidental, ont été salués par les membres du Conseil de sécurité et les deux parties en conflit, le Front Polisario et le Maroc, le responsable onusien dont la mission intervient dans un contexte différent de celui de ses prédécesseurs , notamment par la reprise de la guerre, entre les deux parties précitées, aura sans nul doute davantage de difficultés de faire valoir la force du droit, dans sa démarche, en raison de l’ambiguïté voire du manque de volonté politique, au Conseil de sécurité pour en finir avec ce conflit, par une prise de décision et de résolution portant application effective de la Légalité internationale, au Sahara occidental, comme l’exigent la charte et les principes de l’ONU pour une question de décolonisation inscrite sur l’agenda onusien. Pour le Front Polisario qui a affirmé , jeudi, que « toute autre approche tendant à contourner la nature juridique de la question du Sahara occidental, reconnue par les Nations unies comme une question de décolonisation est rejetée », a indiqué un communiqué publié jeudi après l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 2654, renouvelant le mandat de la MINURSO jusqu’au 31 octobre 2023. Rabat qui après s’y être inscrit, dans un processus de règlement pacifique du conflit, sur la base de la légalité internationale, en signant sous les auspices de l’ONU, l’accord de cessez -le-feu en 1991, avec le Front Polisario, en prévision de la tenue du référendum, avec la création de la Minurso en cette même année, a tergiversé depuis, avant de se désengager des années durant, avec le soutien de ses alliés dans la colonisation du Sahara occidental, jusqu’au viol du cessez-le-feu, en novembre 2020. Dans un contexte de guerre entre l’armée de libération sahraouie avec celle de l’occupant marocain et la montée de l’exigence de la surveillance, par l’ONU, des droits de l’Homme dans les territoires sahraouis encore sous occupation marocaine, le Conseil de sécurité qui ces 20 dernières années notamment a pris sur son épaule cette question dans le monde, notamment en dotant les autres missions onusiennes de cette tâche, a montré par sa résolution adoptée jeudi, de sa politique de deux poids deux mesures. Alors que des ONG, des institutions dont l’UA ainsi que des Etats de différentes parties du monde ont exprimé la demande de voire le mandat de la Minurso être élargi à la surveillance des droits de l’Homme au Sahara occidental, des membres ont tourné le dos encore une fois à cette proposition et ont fait la sourde oreille, aux multiples appels, notamment des députés et des membres de la société civile, d’Afrique, d’Europe, des deux Amériques , Sud et Nord et d’Asie. Il est à noter que dans son intervention pour expliquer les raisons à l’origine du vote d’abstention de Moscou, sur la résolution 2654 (2022), le représentant de la Russie a indiqué que la teneur du document « ne reflète pas la situation sur le terrain » et « ne va sans doute pas contribuer aux efforts » de l’Envoyé personnel du secrétaire général, Staffan de Mistura. Apportant son soutien aux efforts du responsable onusien, pour amorcer des négociations directes entre le Maroc et le Front Polisario, le diplomate russe a aussi prôné « un règlement du conflit reposant sur des solutions mutuellement acceptables et basé sur le droit international » en matière de question de décolonisation inscrite à l’ONU, devant traduire et respecter le droit à l’autodétermination au Sahara occidental, comme énoncé dans le mandat de la Minurso et les résolutions de l’Onu . Il est à rappeler que la réunion du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental, jeudi s’est tenue après ses quatre sessions sur le conflit au Sahara occidental de ce mois d’octobre, dont trois séances de travail organisées les 3, 10 et 17 octobre sur la question sahraouie dont celle relative à la situation dans les territoires occupés durant laquelle Staffan de Mistura a présenté son rapport sur la situation et abordé le sujet du mandat de la Minurso qui prendra fin le 31 octobre.
Karima Bennour