La fiction historique « Lotfi », dédiée au parcours combattant du Colonel Lotfi, une des figures charismatiques de la guerre de libération tombé au champ d’honneur à l’âge de 26 ans, a été présenté, mercredi, en avant première à la presse algéroise. D’une durée de 170 mn, cette œuvre biographique réalisée par Ahmed Rachedi, est produite par le ministère des Moudjahidine sur la base d’un scénario coécrit par Sadek Bakhouche et le réalisateur du film. Le film relate le parcours du Colonel Lotfi, Benali Boudghène de son vrai nom (campé à l’écran par Youcef Sehairi), depuis ses débuts de militant à Tlemcen où, avec ses camarades du lycée franco-musulman, il placardait l’appel du 1er Novembre 1954, adressé par le FLN au peuple algérien. Dans cette première partie, le spectateur découvre un jeune militant, appelé Benali Deghine dans le film, instruit, issu d’une famille lettrée de Tlemcen, et un amoureux de littérature qui fréquente la médersa et le lycée de sa ville. Recherché par la police, Benali Boudghène rejoint le maquis en 1955, à l’âge de 21 ans dans la wilaya V historique (Oranie), dont il assumera très vite le commandement en choisissant le nom de guerre de « Brahim ». Les événements du film s’enchaînent à grande vitesse donnant une part importante aux scènes de bataille, au détriment de l’ascension du jeune combattant dans la hiérarchie de l’ALN. La seconde partie de cette œuvre tente de dresser un portrait de l’intellectuel et militant qu’était Benali, après s’être vu confier le commandement de la Wilaya V historique avec le grade de Colonel en 1958. Le Colonel Lotfi apparaît sous un autre jour à Oujda aux côtés de grands noms de la révolution, comme Larbi Ben M’hidi, Abdelhafid Boussouf et Houari Boumediène. Membre du Conseil national de la révolution, le jeune colonel brille par ses positions, refusant que « le militaire prenne le pas sur la politique dans la composante même du GPRA (Gouvernement Provisoire de République Algérienne) », tout comme il regrettera « l’absence de femmes combattantes au sein du commandement ». Une fois ses préoccupations exprimées devant les colonels de la révolution, Lotfi reprend le chemin de Béchar en contournant la ligne Maurice et Challe pour tomber au champ d’honneur le 27 mars 1960 à Djebel Béchar. Même s’il représente un support documentaire supplémentaire, le film donne une vision sur le parcours du combattant dans son volet militaire, accordant, des premiers spectateurs, une « trop grande » importance aux scènes de bataille, dont les effets visuels et sonores restent encore peu maîtrisés.
Outre, le côté technique, les auteurs du scénario ont adopté un discours direct, jugé explicite, au point de paraître surfait et surjoué par les acteurs, ne laissant aucune place à la lecture personnelle du spectateur. « Lotfi » qui est le troisième film du réalisateur, après « Mustapha Ben Boulaid » (2009) et « Krim » (2015) traités dans le même veine, reconduit également le même casting (Hassan Kechach, Mustapha Laaribi..), dans un même contexte, ce qui donne au spectateur l’impression de suivre une série enfermée dans un même imaginaire créatif. Entamé en janvier 2014 la fiction « Lotfi » devrait être prochainement projeté en salle.