Dans une contribution opportunément intitulée « Attention à la marche », publiée sur son compte Facebook, le Dr Mourad Preure, expert pétrolier international, signale la « forte augmentation attendue de l’offre mondiale de pétrole pour 2025». Il estime qu’« elle atteindrait potentiellement son plus haut niveau depuis dix ans » et ajoute que « le retour en force des schistes américains sur fond de recompositions géopolitiques est déjà intégré par les marchés».
Il cite d’autres facteurs d’incertitude sur lesquels, il faut se concentrer : l’augmentation de la production de l’OPEC+ risque d’entrainer les prix dans un sentier baissier robuste et imprévisible ; l’économie américaine donne des signes d’essoufflement, aggravés par la guerre commerciale engagée par le président Trump dont l’imprévisibilité affecte de plus en plus sérieusement l’économie mondiale ; l’Europe communautaire en pleine crise systémique qui menace de la faire voler en éclats est un facteur d’incertitude majeur ; la Chine qui peine à faire du marché intérieur le moteur de sa croissance. Pour le Dr Mourad Preure, ce sont « autant d’incertitudes qui ne manqueront pas d’affecter les prix pétroliers et gaziers ». Dans cette situation, il estime important pour l’Algérie d’observer une politique prudentielle stricte associée à une impulsion de l’offre nationale hors hydrocarbures dans une logique d’import-substitution ». Il souligne que « la crise qui affecte les économies occidentales est structurelle, affectant en premier lieu l’Europe communautaire ». Il appelle à identifier et réduire nos vulnérabilités et à profiter des opportunités qu’ouvre toute crise de ce calibre. Il propose l’implémentation de deux fonds souverains : un fonds souverain national pour soutenir l’investissement privé dans l’import-substitution, voire l’exportation ; un fonds souverain international pour acquérir des actifs en international, en Europe particulièrement. Le Dr. Mourad Preure développe l’idée de ce fonds à l’international, en partant du fait que les entreprises européennes sont très affectées par la crise. Il cite les deux plus importants pays européens : l’Allemagne et la France qui sont, selon lui, « quasiment en récession, avec pour la France une situation excessivement précaire (endettement de 3 200 milliards d’euros, déficits publics de 6%, déficit commercial important, risque de voir sa note souveraine dégradée par les agences de rating à simple A, ce qui précipitera sa crise) au moment où le président Trump décide de leur mener une guerre économique ».
Il appelle à « saisir cette chance, profiter de cette fenêtre d’opportunités pour prendre des participations dans des entreprises européennes stratégiques en mesure de générer des synergies avec nos entreprises et nos universités ». C’est faisable : « Nous avons des ressources pour mener une offensive et générer des moteurs de croissance hors hydrocarbures ». Il insiste pour « agir vite et avec détermination avec un fonds souverain dirigé par des compétences nationales, dont celles exerçant à l’étranger. Un fonds souverain qui serait suivi par une cellule dépendant du président de la République ». Il faut agir vite parce que « la seconde moitié de la décennie risque fort d’être périlleuse pour le marché pétrolier, et partant pour nos équilibres macroéconomiques ». Encore une fois, c’est faisable : « Nous avons les moyens financiers et humains d’être proactifs et tirer avantage des transformations en cours ». « Il nous faut agir avec intelligence et détermination », conclut le Dr Mourad Preure.
La prise de conscience du caractère aléatoire des recettes tirées de la vente du pétrole sur un marché souvent imprévisible, a été maintes fois exprimée par le président Abdelmadjid Tebboune qui a eu à déclarer que l’économie nationale ne restera pas dépendante des cours du pétrole, mettant en garde contre la répétition des expériences du passé et des chocs lors de la chute des cours sur les marchés mondiaux. Au lieu de se baser sur les hydrocarbures, avait déjà expliqué le président Tebboune, la stratégie nationale actuelle repose sur le développement des activités créatrices de richesse et l’exploitation des ressources nationales.
M. R.
