Accueil ACTUALITÉ Le Cnes prévient le gouvernement : Insoutenabilité du modèle économique actuel

Le Cnes prévient le gouvernement : Insoutenabilité du modèle économique actuel

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Dans son rapport de conjoncture économique du 1er trimestre 2015, le Cnes a préconisé un certain nombre de mesures pour faire face à la chute drastique des recettes des hydrocarbures de l’Algérie. Ne voulant pas caché le soleil avec un tamis, le Cnes a clairement préconisé le changement l’actuel modèle économique de l’Algérie qui ne sera plus soutenable à long termes.
Même si le Conseil économique et social (Cnes) a, dans ce rapport de conjoncture économique pour le 1er semestre 2015, omis de faire l’usage du mot «crise» pour qualifier la situation économique que traverse l’Algérie, néanmoins les indices ainsi que les chiffres contenus dans son rapport n’augurent rien de bon. La vérité des chiffres rendus par le Cnes indiquent, en ne peut plus claire, que les voyants son au rouge. La baisse drastique des recettes des hydrocarbures de l’Algérie, moins de 44% de leur valeur comparativement à l’année 2014, a contraint le gouvernement de prendre des mesures dignes des périodes de crises économiques. Mohamed Bakalem, rédacteur et chef de la division économique au Cnes, même si, il a refusé de parler de crise, a toutefois admis que l’Algérie n’est pas à l’abri d’une crise économique à court et moyen terme. Le rapport du Cnes a, dans ses grandes lignes, confirmé ce qui a été dit par des experts concernant la conjoncture économique difficile du pays. Il ressort de ce rapport que les balances commerciales et de paiement de l’Algérie sont déficitaires. Le rapport relève une détérioration de la balance commerciale de l’Algérie : 7,78 milliards de dollars de déficit pour le premier semestre de l’année en cours, en comparaison à un excédent commercial de 3,17 milliards sur la même période de 2014, selon les données des Douanes reprises par le rapport. En cause, un recul des prix des hydrocarbures sur le marché mondial, conjugué à une baisse de 4,6% des quantités exportées. En effet, l’Algérie a exporté pour 18,02 milliards de dollars d’hydrocarbures au premier semestre 2015, contre 32,14 milliards un an plus tôt, soit une baisse de 43,71% en glissement annuel. L’Algérie sera également en déficit budgétaire à la fin de l’année et que le recours au Fond de régulation des recettes (FRR) a été entamé. Selon Mohamed Bakalem, rien qu’au premier semestre de l’année en cours, il a été «grignoté» près du tiers du FRR (moins de 33%), alors l’Algérie a mis tant d’année pour sa constitution. Tous ces chiffres et ces éléments apparaissent dans le rapport de conjoncture économique du Cnes. Cependant, il a été clairement précisé que la position extérieure d’Algérie est largement soutenable, avec une dette extérieure très faible. À cela s’ajoute également le reliquat du FRR qui permet à l’Algérie de couvrir ses importations durant quelques années a-t-il ajouté. Selon le rédacteur et chef de la division économique au Cnes, l’Algérie à également l’aptitude de s’adresser aux institutions internationales pour d’éventuels empreints dans des conditions forts avantageuses. Il est également noté avec insistance l’impératif d’une utilisation rationnelle des réserves de changes de l’Algérie, estimé à 160 milliards de dollars pour amorcer un virage vers un modèle de croissance économique plus diversifié et plus durable. Mohamed Bakalem a reconnu que les mesures prises par le gouvernement dans le cadre de la loi de finance 2016 n’auront pas un grand effet sur la situation économique du pays. Ces mesures ne peuvent être qu’atténuantes, a-t-il ajouté, estimant qu’on ne peut pas changer le modèle économique du jour au lendemain. Pour faire face à une telle situation, le rapport du Cnes a préconisé de chercher de nouvelles niches fiscales, réduire le gaspillage au niveau des institutions publics, mais aussi au niveau de la maitrise des projets. Le Cnes n’a pas fait dans la litote dans son rapport de conjoncture remis au gouvernement. Il a préconisé l’entame d’un processus d’un nouveau modèle de croissance plus diversifié et plus résiliant et surtout plus durable. En termes plus claire, le Cnes attire d’attention du gouvernement sur l‘insoutenabilité de l’actuel modèle économique de l’Algérie. Plus explicite, Mohamed Bakalem a expliqué que le système des subventions, ainsi que le modèle énergétique ne sont plus soutenables à termes. Le Cnes a relevé dans son rapport que les subventions de l’Algérie sur le PIB est l’une des plus élevées au monde. Il les a estimés à près 30% entre subventions directes et indirectes.
Hacène Nait Amara

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