Le siège israélien contre la bande de Ghaza entre aujourd’hui dans son 84e jour, marquant une nouvelle étape dans une politique d’asphyxie totale du territoire.
Selon le Bureau des médias gouvernemental à Ghaza, les forces d’occupation poursuivent l’imposition d’un blocus hermétique en fermant tous les points de passage, empêchant ainsi l’acheminement d’aide humanitaire, de nourriture, de médicaments et de carburant. Ce siège s’accompagne, selon les autorités locales, d’une politique de famine collective délibérée, d’une campagne de tueries quotidiennes et de destructions massives qui s’apparentent à des crimes de guerre et à des crimes contre l’humanité au regard du droit international. Dans un communiqué diffusé ce dimanche, le Bureau a dénoncé les affirmations israéliennes prétendant autoriser l’entrée d’aide humanitaire, qualifiant cette communication de mensongère et de manipulatrice. La réalité sur le terrain est toute autre : seules une centaine de camions d’aide ont pu pénétrer dans l’enclave depuis le début du siège, soit moins de 1 % des besoins minimaux estimés. Pour répondre aux nécessités de base de la population de Ghaza, il aurait fallu faire entrer plus de 46 000 camions chargés de nourriture, de médicaments et de carburant. Le blocus a déjà provoqué une catastrophe humanitaire aux conséquences dévastatrices. Le Bureau des médias gouvernemental fait état d’au moins 58 décès directement liés à la malnutrition, dont une majorité d’enfants. De plus, 242 personnes, pour la plupart âgées, sont mortes faute de traitements médicaux et d’accès aux médicaments. Vingt-six patients souffrant d’insuffisance rénale ont également perdu la vie, en l’absence de soins adaptés. L’un des chiffres les plus alarmants concerne les femmes enceintes : plus de 300 fausses couches ont été recensées, causées par une carence en nutriments essentiels à la poursuite de la grossesse. La situation est aggravée par le fait que les rares convois autorisés à entrer sont soumis à des restrictions sévères. Le communiqué mentionne que ces camions sont souvent interceptés ou attaqués par des groupes armés opérant dans la bande de Ghaza, parfois avec la complicité manifeste de l’occupation. Les équipes chargées de sécuriser l’aide humanitaire sont elles-mêmes directement prises pour cible. De plus, les organisations internationales opérant dans le secteur humanitaire font l’objet de pressions pour ne pas distribuer l’aide directement aux civils, comme elles l’ont elles-mêmes dénoncé. Cette entrave systématique accentue la souffrance des populations les plus vulnérables, en particulier les enfants, les femmes enceintes, les malades et les personnes âgées. Le système de santé à Ghaza, déjà à genoux, subit des attaques répétées et ciblées. Le ministère de la Santé local rapporte que l’hôpital européen de Ghaza a été visé à plusieurs reprises par des tirs intenses, empêchant l’évacuation du personnel médical et l’accueil des blessés. Ces attaques contre les infrastructures sanitaires, protégées par le droit international humanitaire, illustrent le mépris d’Israël pour les normes les plus fondamentales des Conventions de Genève. Face à cette situation tragique, la rue européenne se mobilise. Une manifestation s’est tenue ce samedi à Milan, dans le nord de l’Italie, réunissant des syndicats italiens, des associations arabes et des organisations de défense des droits humains. Sous le slogan « Arrêtez le génocide », les manifestants ont dénoncé l’inaction des gouvernements occidentaux et appelé à un cessez-le-feu immédiat, à la levée du blocus et à l’introduction massive d’aide humanitaire. Les slogans brandis dans les rues de Milan étaient sans équivoque : « Sauvez Ghaza », « Introduisez les aides », « Stop à la famine », « Ne tuez plus d’enfants », « Poursuivez Israël pour ses crimes ». Par ailleurs, le mouvement de la résistance palestinienne, Hamas, a publié un communiqué à la suite de révélations documentées concernant l’usage par Israël de civils palestiniens comme boucliers humains à Ghaza et en Cisjordanie. Ces pratiques, confirmées par des témoignages de soldats israéliens recueillis par l’ONG israélienne « Breaking the Silence », constituent une violation grave du droit international humanitaire. Le communiqué du mouvement insiste sur le fait que ces méthodes relèvent de crimes de guerre avérés, interdits par les conventions internationales, et notamment par la quatrième Convention de Genève. Il appelle la communauté internationale, l’Organisation des Nations unies et la Cour pénale internationale à agir sans délai, à poursuivre les auteurs de ces crimes et à mettre fin à l’impunité dont jouit l’armée israélienne.
M. Seghilani