Sous le Haut Patronage des ministres de la Poste et des Télécommunications, de l’Industrie et de l’Industrie pharmaceutique, et en partenariat avec le Barreau d’Alger, la startup Legal Doctrine a organisé hier la seconde édition du Legal Business Forum & Awards, un rendez-vous international qui se prolongera jusqu’à aujourd’hui.
Un événement organisé au Centre International de Conférences d’Alger (CIC), lequel a rassemblé pouvoirs publics, ambassadeurs, dirigeants d’entreprises, directeurs financiers, directeurs juridiques, magistrats, avocats, notaires et étudiants, afin de mettre en lumière les enjeux, problématiques ainsi que l’actualité juridique de l’entreprise. Plusieurs délégations d’experts juridiques, anciens ministres de la justice et bâtonniers venus de plusieurs pays africains, des directeurs juridiques de grands groupes et d’avocats internationaux ont fait partie des invités de marque de la cérémonie d’ouverture d’hier. Parmi les présents, des représentants de la Banque africaine de développement et du African Legal Support Facility, ainsi que de nombreuses parties prenantes du secteur privé algérien. Plusieurs personnalités nationales et internationales ont figuré parmi les speakers et invités d’honneur, à l’instar de Filali Osman, Professeur agrégé des facultés de droit & Expert International, Youcef Khanfar, Directeur central ressources nouvelles chez Sonatrach, Ferdjioui Mehdi, general manager Francophone Africa chez GE HealthCare, Cherif Bennadji, Professeur de l’enseignement supérieur Chercheur associé à l’IREMAM-CNRS(Aix en Provence), Oumarou Sanda KADRI, Bâtonnier du Niger, Mamadou Souaré DIOP, Bâtonnier de l’ordre national des avocats de Guinée, Isabelle Bébéar, Directrice des affaires internationales & européennes chez Bpifrance, et Barrister Maleeka Bokhari, Former Parliamentary Secretary of the Ministry of Law and Justice of Pakistan’s.
Une rencontre-débat de l’entreprise et du droit, plaçant la fonction juridique au cœur du business en Afrique, avec comme objectif de présenter les grandes tendances et l’évolution du secteur juridique, tout en apportant des réponses concrètes aux préoccupations de chacun dans le domaine de l’investissement. Un terrain d’émulation entre ministres, dirigeants d’entreprises, professionnels du droit et représentants des milieux d’affaires africains.
Un évènement qui a réuni plus de 600 dirigeants internationaux et décideurs économiques, autour des grands enjeux juridiques et économiques africains, et qui rassemblera plus de 2 000 visiteurs durant deux jours. Une seconde édition qui s’est tenue grâce au concours de ses sponsors, à l’instar de : Sonatrach, SAA, BNP Paribas El Djazair, Air Algérie, Arkas, Red Med Group, Macir Vie, Groupe Iris, Faderco, Alliance Assurance, Laboratoires Venus, Hydrapharm, Emploitic, Cash Assurances, Boublenza, In-tuition.
Hamid Si Ahmed
ILS ONT DIT … ILS ONT DIT … ILS ONT DIT
MOHAMED BEGHDADI (BÂTONNIER D’ALGER)
« La fonction juridique est devenue stratégique »
À l’ouverture du Forum, le bâtonnier d’Alger, en la personne de Mohamed Beghdadi, a pris la parole en mettant en avant « les mérites de la startup organisatrice de l’événement, Légal Doctrine, et les talents qu’elle englobe, notamment ». L’orateur a également mis en exergue « le rôle de la loi face aux priorités du continent africain », tout en expliquant comment « les préoccupations internationales se sont orientées vers le Sud, à travers la notion de développement économique et l’investissement en Afrique ». Mr. Beghdadi a expliqué, entre autres, le concept des énergies renouvelables à travers l’aspect juridique, soulignant que « la fonction juridique est devenue stratégique », notamment en ce qui concerne « le développement du monde des affaires ».
Le premier panel abordé lors de cette première journée du Forum a concerné le « droit et croissance – La fonction juridique au cœur du business – En quoi la fonction juridique est un levier de croissance pérenne pour le business en Afrique ». Pour débattre de ces problématiques, le présentateur a fait appel à cinq intervenants. Il s’agit entre autres de Mamadou Ismaila Konaté, ancien ministre de la justice du Mali, Boubacar Dione, directeur juridique Bpifrance, Kami Haeri, Associé Quinn Emanuel, Jean Pierre Mignard, avocat Barreau de Paris, et Nasserddine Ami Ammar, directeur juridique Sonatrach.
KAMI HAERI (ASSOCIÉ QUINN EMANUEL – CABINET D’AVOCATS MONDIAL SPÉCIALISÉ – LOS ANGELES, CALIFORNIE)
« Le droit, une filière attractive »
Parmi les différents témoignages qui ont tenté d’expliquer la fonction juridique dans le contexte entrepreneurial, l’avocat Kami Haeri a fait part dans son discours de l’omniprésence du droit dans tous les secteurs de vie. « Le droit est présent partout effectivement, au cœur de tous les tumultes et les espérances de la société. Nous avons des problèmes sociétaux, on demande aux juristes. Une pandémie frappe la planète, ça nous oblige à repenser notre manière de travailler, la continuité des services publics, les chaînes d’approvisionnement des entreprises, on demande aux juristes de trouver des solutions immédiatement, et les juristes le font. Les guerres éclatent, ça nous oblige à repenser la notion de sanction internationale, à repenser le commerce international. Nous devons en six mois repenser les vingt dernières années du commerce international. Chacune des entreprises concernées par les bouleversements géopolitiques ont dû repenser leurs politiques internationales. Cela veut dire qu’on est utiles. Et puis, c’est une filière attractive, je regarde les chiffres de l’enseignement supérieur en Algérie. Vous avez 1 million et demi d’étudiants dans l’enseignement supérieur, toutes catégories confondues. 62 % sur les Sciences humaines et sociales, au cœur desquelles le droit est fortement représenté », a souligné l’avocat international, Kami Haeri.
NASSERDDINE AMI AMMAR (DIRECTEUR JURIDIQUE SONATRACH)
« Notre existence est dictée par les lois »
Autre approche concernant l’importance du cadre juridique dans les différents secteurs, notamment celui de l’entreprise, le représentant de Sonatrach a quant à lui expliqué le rôle des magistrats dans la régulation des conflits. « La fonction juridique, c’est d’abord la fabrication du droit, des lois qui régissent et organisent notre existence à tous, d’une façon ou d’une autre, et le fonctionnement des entreprises. L’application du droit fait appel à des acteurs, à des praticiens du droit, aux avocats, aux magistrats, aux juristes des entreprises, aux professeurs qui sont là pour nous apprendre le droit. C’est également une fonction de régulation, il y a des lois qui sont édictées pour réguler le marché, pour organiser et encadrer le fonctionnement des entreprises, et pour veiller à un comportement le plus sain possible de ces entreprises. C’est aussi la fonction du règlement des différends, nous faisons donc appel soit aux magistrats, soit aux arbitres, pour trancher sur ces différents. Il y a enfin la sanction, ce que prévoit la loi lorsqu’il y a transgression. Parce que la loi nous donne des droits, elle trace ce qu’on doit faire, ce qui est permis, ce qui ne l’est pas », a expliqué le représentant de Sonatrach, Nasserddine Ami Ammar.
VICTOR GRANDGUILLAUME (ASSOCIÉ GIDE LOYRETTE NOUEL)
« 430 milliards de dollars investis dans les énergies renouvelables dans le monde, mais l’Afrique n’a bénéficié que de deux milliards »
Au menu du deuxième panel, le Forum s’est attaqué aux « énergies renouvelables – Transition énergétiques et enjeux climatiques en Afrique ». Les intervenants sollicités pour discuter de cette problématique, ont été Mohamed Hamra-Krouha, avocat au Barreau d’Alger, Youcef Khanfar, en qualité de Directeur central Ressources nouvelles à Sonatrach, Smail Mougari, Managing Director SHAEMS, ainsi que Victor Grandguillaume, Associé Gide Loyrette Nouel. Ce dernier, dans son allocution, a mis en avant les moyens déployés dans les énergies renouvelables, tout en admettant que les investissements alloués à l’Afrique sont encore faibles. « C’est paradoxal, certes, mais on peut citer une abondance de financement disponible.
C’est-à-dire qu’il se passe rarement une semaine sans qu’on entende parler d’une nouvelle initiative et de nouveaux fonds qui se structurent pour investir dans les énergies renouvelables en Afrique. Face à cela, nous avons des besoins, des ressources et des financements disponibles. Mais nous avons une part d’investissements en Afrique subsaharienne, qui reste extrêmement faible dans les énergies renouvelables. En 2021, on a eu dans le monde 430 milliards de dollars qui ont été investis dans des nouveaux projets de production solaire et autres. L’Afrique en a eu moins d’1 %, c’est-à-dire environ deux milliards », a révélé l’expert français. Enfin, dans l’après-midi, après la pause, deux autres panels ont été présenté aux présents, à savoir le « commerce et investissement en Afrique – La diplomatie économique est une notion chère pour l’Algérie », et « Les défis et grands projets d’infrastructure en Afrique – le rôle important dans le développement de la croissance du continent ». Nous y reviendrons dans notre prochaine édition.
H. S. A.