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L’ambassade US dément « Le New York Times » sur la prétendue base militaire au Sahara : La fabrication des «fake news»

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La fausse information publiée par «Le New York Times» et «Le Washington Post», au sujet de la présence de troupes US en Algérie, a été officiellement démentie par le porte-parole de l’ambassade américaine à Alger. En quarante-huit heures, l’information a fait le tour des rédactions internationales et alimenté et soulevé des vagues de controverses.

Déjà confronté par le passé à ce type de fausses informations, concernant précisément la présence d’une base secrète américaine au Sahara, le ministère des Affaires étrangères algérien prenait son temps pour réagir ; c’est l’ambassade américaine à Alger qui a apporté le démenti par la voix de LaSean Knox-Brown, porte-parole de l’ambassadeur qui a parlé, tantôt, de « mauvaise interprétation », tantôt de son « étonnement ». Mais pour le moins il a apporté les précisions qu’il fallait. Il s’agissait non pas de troupes militaires, ni de base militaires, qui n’existent pas en Algérie, mais « de militaires affectés à la sécurité des diplomates », ce qui est pratiquement une autre information totalement différente de la première.
Lue de manière brute sur les deux quotidiens américains à grand tirage, l’information avait de quoi surprendre, et les soldats américains «sur le territoire algérien» qui reçoivent une indemnité de «danger imminent» jetaient le trouble dans les esprits les mieux éclairés. « Le Washington Post » rapportait dans un article publié sur son site électronique, le 8 mars dernier, la décision du Pentagone qui a ajouté le Niger, le Mali et certaines parties du Cameroun à des zones où les troupes américaines reçoivent une indemnité d’un danger imminent, suite à l’embuscade, au cours de laquelle une force d’environ 50 terroristes armés ont attaqué une unité de 11 soldats américains et environ 30 soldats nigériens.
Le média américain de grand tirage révélait par ailleurs que «les troupes américaines déployées en Algérie, le Burundi, le Tchad, le Congo, Djibouti, l’Égypte, l’Érythrée, l’Éthiopie, le Kenya, la Libye, la Somalie, le Soudan, le Soudan du Sud, la Tunisie et l’Ouganda » recevaient déjà l’indemnité de danger imminent. Il laissait entendre que des soldats américains se trouvaient d’ores et déjà sur le territoire algérien.
Par le passé, l’Algérie avait démenti officiellement et à plusieurs reprises des informations sur la présence sédentaire de soldats d’un pays étranger sur son territoire. L’État algérien affirme, à chaque occasion, son attachement à sa politique non-interventionniste de son armée en dehors de ses frontières ainsi que son refus catégorique d’une présence militaire étrangère sur son territoire, même dans le cadre de collaborations sécuritaires.
« Le Canard enchaîné » était déjà tombé, en septembre 2010, dans le même travers de la fausse interprétation sur une prétendue base militaire secrète des États Unis au Sahara algérien. Le quotidien français donnait la présence invraisemblable d’un contingent militaire de 400 soldats américains à Tamanrasset. Le chiffre était un peu gros d’autant que personne n’a jamais vu la tête d’un seul yankee dans cette grouillante ville de sud algérien.
Bien que le démenti apporté, avant-hier, par le porte-parole US mettait un point final à la polémique, il n’y avait qu’à s’en référer aux propres déclarations américaines de ces dernières années pour se convaincre qu’il s’agissait d’un faux. Nous en citons quelques uns : Le premier est venu après l’attaque terroriste spectaculaire d’In Amenas. On s’en souvient, au lendemain du dénouement de l’affaire, les États Unis déploraient de ne pas avoir pressenti le coup à partir de leur base au Niger, d’autant que des drones de l’US Africa Command patrouillaient le ciel azur de la vaste bande sahélienne. La seconde ne date que de quelques jours, et concernait la mort de quatre soldats américains au Niger, à la lisière des frontières avec le Mali, suite à une embuscade tendue par une escouade terroriste affiliée à l’État islamique Daesh. Suite à quoi, Washington ordonnait à Africom de ne plus permettre des patrouilles terrestres sans son autorisation. Donald Yamamoto, en charge des dossiers Afrique au département d’État, affirmait que les États-Unis étaient là pour soutenir les pays africains mais que les pays africains devaient supporter le coût de leur sécurité. Une enquête avait été exigée et approuvée sur les causes et les motifs de l’accident et de la patrouille terrestre.
Un dernier argument, de taille, demeure l’incapacité de préciser où se trouve cette prétendue base dont on parle depuis une bonne quinzaine d’années ; les séquences « balayages » satellitaires opérées par des pays voisins ou situés loin n’ont jamais décelé de trace de base secrète ou autre ; évidence confrontée par le propos de l’Aménokal de Tamanrasset qui affirmait en 2013 que «celui qui peut nous montrer cette base ou la présence d’Américains patrouillant au Sahara qu’il nous indique l’endroit !» En définitive, on peut s’appeler «The New York Times» et «The Washington Post», ou encore «Le Canard enchaîné», et mal interpréter et tomber dans des travers. Ceci dans le meilleur des cas ; dans le pire, il s’agit de «fake news», fausses informations destinées ou participant à la désinformation, une opération qui prend sa source par l’intermédiaire de la presse papier traditionnelle pour être diffusé à échelle plus large par le biais des réseaux sociaux. À objectif militaire ou politique, les « fake news » utilisent des titres accrocheurs, des détails convaincants pour enrober une info non avérée ou invraisemblable, les objectifs demeurant souvent imprécis ou habilement maintenus dans le flou.
F.O.

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