Bien que la situation sécuritaire et politique en Libye était loin d’être stable, en plus d’être fragilisée par les ingérences étrangères récurrentes, le pays voisin de l’Algérie a basculé, en l’espace d’une nuit, dans la violence armée.
Les Libyens ont assisté, lundi, vers 21H00, à Abou Salim dans le sud de Tripoli, à des affrontements très violents, mettant aux prises des groupes armés rivaux qui ont employé l’arme lourde (mitrailleuses et lance-roquettes). Au cours de cette nuit qui marque une reprise des hostilités après plusieurs mois de paix fragile, le chef de l’Autorité de soutien à la stabilité, Abdelghani Gheniwa el-Kikli, à la tête de cet influent groupe armé basé dans le sud de Tripoli, a été tué, sur un total de six morts. Hier, le Centre de médecine d’urgence et de soutien a annoncé la récupération des 6 corps des personnes tuées sur les lieux d’affrontements, après la stabilisation de la situation dans la zone. Par ailleurs, la Compagnie nationale d’électricité a annoncé le rétablissement de l’électricité dans toutes les zones alimentées par la station Bab Al-Azizia, suite à une amélioration de la situation sécuritaire dans la zone entourant la station.
« Situation sous contrôle du GUN »
Réagissant pour faire le point à ce sujet, le Gouvernement d’union nationale (GUN) (autorité reconnue par la communauté internationale), dirigé par Abdel Hamid Dbeibah, a annoncé avoir repris le contrôle de la situation dans la zone où les affrontements ont éclaté. Cité par l’agence de presse libyenne (LANA), le ministère de la Défense du GUN a indiqué, dans un communiqué, que l’opération militaire s’était terminée « avec succès » et qu’il a donné des instructions pour achever son plan dans la région afin d’assurer « une sécurité et une stabilité durables ». Pour sa part, Debeibah a souligné dans un message sur les réseaux sociaux, relayé par LANA, que « ce qui a été réalisé dans la capitale, Tripoli, confirme que les institutions légitimes sont capables de protéger la patrie et de préserver la dignité des citoyens (et) renforce également le principe selon lequel il n’y a pas de place en Libye en dehors des institutions de l’Etat, et pas d’autorité en dehors de la loi ».
De son côté, la Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul) a, dans un communiqué publié à la nuit de lundi, et qui avait déjà diffusé quelques temps auparavant un appel à la « désescalade », s’est dite « alarmée par l’évolution de la situation marquée par d’intenses combats à l’arme lourde dans des zones civiles densément peuplées ». « La Mission appelle toutes les parties à cesser immédiatement les combats et à rétablir le calme, et rappelle à toutes les parties leur obligation de protéger les civils en toutes circonstances », a-t-elle dit.
« Les intérêts du peuple libyen doivent primer »
L’Algérie, un pays qui n’a jamais lésiné sur les moyens et les efforts diplomatiques pour œuvrer au rétablissement de la paix chez le voisin, est préoccupée par la reprise des hostilités. « L’Algérie suit avec une vive inquiétude et une profonde préoccupation la reprise des affrontements armés entre frères libyens dans la ville de Tripoli, ayant entrainé des pertes en vies humaines et la déperdition des ressources de ce pays frère », indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères. « A la lumière de ces développements graves, l’Algérie réitère son appel sincère et pressant à l’ensemble des frères libyens pour qu’ils s’engagent dans la voie du dialogue en tant que seule issue pour surmonter les différends, à faire preuve d’un sens élevé de responsabilité nationale et placer l’intérêt suprême du peuple libyen au-dessus de toute considération conjoncturelle ou calcul étroit », ajoute la même source. L’Algérie tient à affirmer que « la Libye, pays frère, a besoin, aujourd’hui plus que jamais, de l’unité de tous ses enfants et de leur réconciliation, loin de la division et de la discorde, afin de faire avancer le processus politique conduit sous l’égide des Nations Unies vers une solution tant attendue », conclut la même source.
F. Guellil