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L’ALGÉRIE A IMPORTÉ POUR 250 MILLIARDS DE DOLLARS CONTRE 14 MILLIARDS D’EXPORTATIONS HORS HYDROCARBURES EN 11 ANS : La nécessaire révision de l’accord avec l’UE

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Le président de l’Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), Ali Bey Naceri, a abordé, hier, sur les ondes de la chaine 3 de la Radio nationale, l’Accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne, en vigueur depuis 2005. D’emblée, il plaide une révision des certaines clauses de cet accord qui profite beaucoup plus à la partie européenne qu’il ne soit bénéfique pour l’Algérie. Naceri relève ainsi un « manque d’équilibre », ce qui nécessite une révision de quelques articles « qui sont pénalisants » pour le partenaire algérien. La preuve de cet écart de taille se voit par les chiffres : 250 milliards d’euros d’importations algériennes contre seulement 14 milliards d’euros vers l’exportation de la France, l’Allemagne, Espagne et l’Italie.
Le directeur de l’Anexal précise que cette révision permettra de réaliser « un rééquilibrage » dans les relations algéro-européennes,  citant l’exemple de l’article 34 relatif à la clause de l’accord stipulant que « si on protège un produit, on est dans l’obligation de le compenser », « ce qui n’a jamais été fait ». Observant qu’en 2010, des suites d’une baisse importante de ses exportations l’Algérie avait demandé un « deal » de trois ans, pour rendre son industrie plus compétitive, on constate que « rien n’a été fait ». Le partenaire européen n’a pas donné à l’outil algérien l’occasion de se mettre à niveau.
Apres avoir affirmé que l’Europe gagnerait à avoir une vision stratégique concernant l’approche de ses relations avec l’Algérie dans tous les domaines, et à ne pas s’en tenir aux seuls aspects commerciaux, l’invité de la rédaction a fait savoir que sur onze années, les exportations de quatre pays de l’UE vers l’Algérie (Allemagne, France, Espagne et Italie), qui représentent 60% de nos échanges, se sont chiffrées à environ 250 milliards de dollars, contre à peine 14 milliards de dollars pour cette première. L’intervenant a jugé comme « pas normal » que le pays importe des produits dérivés de la pétrochimie, relevant au passage son abandon d’un « gros projet », lancé en 2007, produisant pour 10 milliards de dollars et « abandonné peu après ». Ali Bey Nasri juge, également, « pas normal » que l’Algérie n’exporte pas des services alors que, constate-t-il, « notre voisin de l’Ouest exporte pour 8 milliards de dollars et celui de l’Est pour 5 milliards de dollars », alors que tout récemment encore, ajoute-t-il, « nous importions pour 15 milliards de dollars », entièrement à la charge de l’État.
Citant, par ailleurs, « un seul produit », celui de la filière sucre, ce dernier rappelle que le pays dispose d’un contingent de 150.000 tonnes/an exonérées en principe des droits de douane. Or, observe-t-il, l’absence d’exonération de ce droit par l’UE s’est soldée par la perte pour le Trésor algérien de quelque 202 milliards de dollars.
À partir de ce constat, l’intervenant appelle à renégocier l’accord d’association avec l’UE relatif aux produits alimentaires dont l’Algérie, déclare-t-il, peut prétendre recevoir des investissements et qui, « pour le moment ne représentent qu’un pour cent de notre production agricole ». Pour l’invité, « il est temps de faire un diagnostic stratégique » avec l’UE et les experts algériens pour déterminer les secteurs à même de permettre de nous intégrer dans la chaîne des valeurs économiques régionales.
Rappelant que l’accord global d’association avec l’Union européenne comporte des volets économiques, mais également politiques, sécuritaires et culturels, celui-ci souligne que l’Europe a « tout intérêt » à avoir un partenaire « fort », le partenariat n’étant pas une simple question d’intérêts étroits « de certains pays et de certaines filières », appelant en outre à impliquer désormais le secteur économique productif national dans toutes les négociations qu’il entreprend avec des partenaires étrangers.
Enfin, le président de l’Anexal a appelé les pouvoirs publics à libérer l’investissement national vers les pays du Sahel, «en arrêtant de les traiter comme des pays de commence uniquement ».  « L’Afrique attend de nous ce que nous attendons d’elle », affirme-t-il. Tout en insistant sur la révision du dispositif pour permettre l’internationalisation des entreprises algériennes sur l’espace africain, notamment l’Afrique subsaharienne.
Sarah Oubraham 

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