Le procès de l’affaire Sonatrach1 se poursuit pour la seconde semaine consécutive au tribunal criminel d’Alger. La séance d’hier a été consacrée à l’audition de l’un des 15 inculpés dans cette affaire. Il s’agit de Yazid Meghaoui, fils du P-DG du Crédit populaire d’Algérie et actionnaire dans la société d’El-Smaïl et conseiller de Funkwerk. Yazid Maghaoui est le dernier à être auditionné par le juge Mohamed Reggad dans le premier groupe, qui est composé, faut le rappeler, de 8 personnes qui sont Mohamed-Réda Djaaffer El-Ismaïl, Hassaim Mustapha et Cheikh Mustapha, l’ancien vice-président de la Sonatrach, Boumediene Belkacem, les deux fils de l’ex-P-DG de Sonatrach, Bachir-Faouzi Meziane et Mohamed-Réda Meziane et, enfin, l’ancien P-DG du Crédit populaire algérien (CPA), El-Hachemi Meghaoui et son fils Yazid-Lyès. Ainsi, lors de l’audience d’hier, le tribunal a posé une série de questions à Yazid Meghaoui, quant à la régularité des contrats passés avec la société allemande Contel Algérie, spécialisée dans les systèmes de surveillance, notamment des virements en euro dans ses quatre (4) comptes bancaires et les comptes de sa femme, sans oublier l’achat d’un appartement à Paris d’une valeur de 50 000 euros. Néanmoins, l’accusé a nié toutes les accusations retenues contre lui, clamant haut et fort son innocence. Le président du tribunal lui relit quelques passages de ses auditions et devant la police judiciaire et le juge d’instruction dans lesquels il avait reconnu les faits et signé les procès-verbaux. «J’aurais signé n’importe quoi, dit-il, en précisant qu’il a été malmené et menacé. «Il y avait une vingtaine de personnes qui m’interrogeaient. Quand je disais non, cela n’a jamais eu lieu, ils insistaient à me dire non», raconte-t-il, avant de poursuivre, «ils m’ont menacé. Ils m’ont dit, soit tu signe, soit tu descends en bas. Je ne voulais guère savoir, ni voir ce qu’ils veulent dire par en bas», remémore-t-il, tout en insistant qu’une pression morale a été exercée sur lui. Le juge voulait savoir comment Yazid Meghaoui a pu posséder tout ces comptes bancaires, or, son salaire ne dépassait pas les 8 000 euros. En effet, son travail consistait à prendre en charge toute la procédure de dédouanement et de transfert des équipements depuis l’arrivée à la frontière tuniso-algérienne jusqu’à Hassi-Messaoud. Il a alors rappelé à Yazid Meghaoui que les virements effectués sur son compte à Paris ont atteint 300 000 euros. Répondant aux questions du juge, Yazid Meghaoui a nié toutes les accusations retenues contre lui, assurant que ces virements sont des bénéfices annuels, et des retards accumulés de virements de son salaire. De surcroît, s’agissant de la raison sur la source de ces transferts sur le niveau de son compte bancaire en Algérie, qui a atteint près de 27 millions de dinars par entreprise Contel Algérie, bien qu’il ne fût qu’un simple salarié, il dira que ce montant a été versé par la compagnie Holding dans laquelle il détient des actions, en ajoutant que ce montant équivaut à un bénéfice annuel de la société.
D’autre part, le juge Mohamed Reggad a rappelé à l’accusé que la Banque d’Algérie avait envoyé une commission d’inspection en 2010 siège de la banque qui détient le compte de l’accusé et a découvert que les virements ont été effectués de la patri de Contel et non de Holding. Sur ce point, l’accusé est resté sur ces propos, demandant de vérifier l’origine de l’argent. Son avocat, le maître Mokrane Aït Larbi, a rappelé au juge que la législation des grands transferts d’argent doivent s’effectuer avec un document attestant l’opération. En cas où le document n’existe pas, il est évident que c’est l’erreur de la Banque. Le juge a ajouté que l’accusé Yazid Meghaoui possède quatre autres comptes en France d’un montant de 230 milliers d’euros qui ont été bloqués. Sur ce point, le prévenu a assuré que «ce montant a été versé dans le cadre d’un accord avec la société allemande Funkwerk suite à la signature d’un contrat consultation». Ledit contrat s’étalait sur une période de 24 mois à partir d’octobre 2007 à octobre de 2009. Répondant à une question posée par le juge quant aux détails du contrat, il a expliqué que la société allemande avait quelques difficultés dans la question des transports et surtout après avoir gagné le contrat de Hassi-Messaoud de télésurvaillance. «Je me suis déplacé en 2006 en Allemagne, pour voir la Coupe du monde et j’ai profité pour signer le contrat», dira-t-il.
En ce qui concerne le fait s’il existait des liens entre lui et Meziane Mohammad-Rhéda et Meziane Bachir-Fawzi aux opérations conclues par le complexe Funkwerk Contel avec la société Sonatrach, il a dit que «Bachir-Fawzi n’a jamais parlé de ça devant moi, contrairement à Meziane Mohammad-Rédha qui a joué un rôle dans l’organisation d’une réunion entre les gestionnaires de complexes Contel avec le président-directeur général de Sonatrach, que celui-ci est son père». Dans l’après-midi et après avoir interrogé les huit accusés du premier groupe, le juge a ouvert le champ aux questions de la partie civile (Trésor public). Pour rappel, lors de leur audition, les deux fils de l’ancien P-DG de Sonatrach Mohamed Meziane, Mohamed-Rhéda et Bachir-Faouzi, ainsi que l’ancien P-DG du Crédit populaire algérien (CPA) El-Hachemi Meghaoui. avaient nié eux aussi, tout nié en bloc.
Lamia Boufassa