C’est un cri venu de Ghaza qui ouvre cette année le prestigieux Festival international du film de Venise. Le film « La voix de Hind Rajab », réalisé par la Tunisienne Kaouther Ben Hania, figure parmi les 21 longs-métrages en lice pour le très convoité Lion d’Or.
L’œuvre raconte l’histoire tragique de Hind Rajab, une fillette palestinienne de six ans tuée lors d’un bombardement de l’entité sioniste. au début de l’année 2024 dans la bande de Ghaza, alors qu’elle tentait de fuir, avec sa famille. Visiblement ému lors de la conférence de presse tenue mardi, le directeur artistique de la Mostra, Alberto Barbera, a salué la puissance émotionnelle de ce film, qu’il considère comme l’un des moments les plus marquants de cette 82e édition. Avec une mise en scène épurée et un regard profondément humain, Kaouther Ben Hania donne à voir une guerre à hauteur d’enfant, et rend justice à une victime oubliée de la brutalité. Le festival, qui se tiendra du 27 août au 6 septembre, promet une édition à la fois spectaculaire et engagée, mêlant grandes figures hollywoodiennes et voix puissantes venues du Sud. En tout, 21 films concourent pour le Lion d’Or, représentant une diversité de styles, de pays et de thématiques. Parmi les films les plus attendus, figure l’œuvre d’ouverture « La Grazia », du réalisateur italien Paolo Sorrentino, avec Toni Servillo dans le rôle principal. Conservé dans le plus grand secret, ce film fait déjà figure de favori. La présence de Sorrentino, habitué des grandes distinctions, assure au festival un démarrage sous les meilleurs auspices. Autre moment fort : la projection de « Frankenstein », revisité par le réalisateur mexicain Guillermo del Toro et produit par Netflix. Inspiré du roman de Mary Shelley, ce film à l’esthétique gothique devrait rassembler de nombreuses vedettes sur le tapis rouge, parmi lesquelles Oscar Isaac, Jacob Elordi, Christoph Waltz et Mia Goth. Trois films français participeront également à la compétition. D’abord, « L’Étranger », adaptation en noir et blanc du célèbre roman d’Albert Camus par François Ozon, avec Benjamin Voisin dans le rôle de Meursault. Ensuite, « À pied d’œuvre », de Valérie Donzelli, porté par Bastien Bouillon et Virginie Ledoyen, retrace le parcours d’un photographe qui abandonne tout pour devenir écrivain. Enfin, « Le Magicien du Kremlin », d’Olivier Assayas, adapté du roman de Giuliano da Empoli, met en scène Jude Law dans un rôle glaçant de Vladimir Poutine, salué par Barbera comme « magistral ». Hors compétition, Julia Roberts marquera sa première apparition sur le tapis rouge de la Mostra avec le thriller « After the Hunt », réalisé par Luca Guadagnino, dans lequel elle campe une professeure d’université confrontée à un scandale sexuel. De son côté, Al Pacino fait son grand retour à Venise avec « Dead Man’s Wire », mis en scène par le cinéaste américain Gus Van Sant. Le film de Cédric Jimenez, « Chien 51 », ajoutera une touche dystopique au festival avec un récit de science-fiction sombre, porté par Gilles Lellouche, Romain Duris et Adèle Exarchopoulos. La présidence du jury est assurée par le réalisateur américain Alexander Payne, épaulé par une équipe prestigieuse : le Français Stéphane Brizé, l’Iranien Mohammad Rasoulof, la Chinoise Zhao Tao et la Brésilienne Fernanda Torres. Leur mission : départager une sélection éclectique, ambitieuse, où se côtoient récits intimes, fresques politiques et fictions audacieuses. La Mostra de Venise 2025 s’annonce ainsi comme une édition mémorable. En plaçant dès son ouverture la mémoire d’une enfant palestinienne au cœur du programme, le festival rappelle que le cinéma, au-delà du glamour, reste un outil de vérité, de résistance et de justice. « La voix de Hind Rajab » résonne déjà comme un cri universel contre l’oubli et l’indifférence.
M.Seghilani