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La question qui coule de source : Qui finance quoi et combien ?

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Au moment ou la justice continue de s’interroger sur le rôle des actionnaires de Lafarge, dont sept des cadres du cimentier français ont été mis en examen, depuis l’ouverture de l’enquête sur des soupçons de financement des groupes terroristes, dont ceux de Daech, en Syrie, les 25 et 26 avril derniers, Paris a accueilli une conférence internationale, en vue de dégager, selon ses organisateurs, l’approche de lutte contre le financement du terrorisme.
Annoncée par le président français Emmanuel Macron, 29 août 2017, lors du traditionnel discours prononcé devant l’ensemble des ambassadeurs après son élection à la tête de la présidence française, près d’une année après la conférence internationale sur le financement du terrorisme s’est tenue mercredi et jeudi dernier à Paris. Les 72 pays ayant pris part au rendez-vous parisien, sur le financement du terrorisme, ont décidé, au terme de deux jours de leurs travaux, durant lesquels ils ont souligné l’urgence «d’assécher les sources de financement du terrorisme» de se rencontrer une seconde fois, en 2019, en Australie. Au deuxième et dernier jour de la rencontre en question, d’un autre côté, le procureur de Paris François Molins indiquait dans la matinée que «416 donateurs» ayant participé au financement du groupe terroriste Daech, avaient été identifiés en France. Pour le président du Centre d’analyse du terrorisme, Jean-charles Brisard, s’exprimant sur les sources de financement des groupes terroristes, il avait indiqué à la presse récemment que ces «les organisations terroristes se servent à la fois de l’économie légitime et des revenus du crime organisé.» Pour cet ancien enquêteur en chef pour les familles des victimes des attentats du 11 septembre 2011, restreindre affirme-t-il «le financement est très important, car il existe une corrélation entre leurs capacités financières et leurs capacités opérationnelles» avant de souligner que les organisations terroristes «ont besoin d’argent pour continuer à menacer » outre à commettre leurs crimes et attentats à travers le monde. Il est à rappeler que des institutions internationales et régionales, notamment les Nations unies (ONU) et l’Union africaine (UA), pour ne citer qu’elles, ont inscrit dans la ligne de mire, la question du financement des groupes terroristes, dont Daech, depuis plus de quatre ans. La résolution de l’ONU adoptée décembre 2017, a marqué la reconnaissance de la menace Daech en tant qu’organisation terroriste et donner les moyens légaux pour lutter contre le financement du terrorisme partout dans le monde et l’objectif ciblé, les sources de revenus de Daech, dont le trafic de drogue et des armes, la vente du pétrole au marché noir et le trafic d’œuvres d’art, pour ne citer qu’eux. Mais bien avant et aussi après cette date, les groupes terroristes ont continué à se financer par le paiement des rançons pour la libération des otages, principalement des occidentaux, ou des sommes d’argent importantes de la part d’entreprises, pour que celles-ci poursuivent leurs activités, à l’exemple de l’affaire en justice sur le rôle des actionnaires de Lafarge, dont sept des cadres du cimentier français sont mis en examen depuis l’ouverture de l’enquête sur des soupçons de financement des groupes terroristes, dont ceux de Daech en Syrie. La lutte contre le trafic d’armes, de drogue, d’œuvres d’art et autres activités illégales, en cours sur les plans local, régional et international, contribuant fortement à assécher les sources de financement du terrorisme, nécessitant toutefois plus d’engagement et de coopération entre les pays, notamment en matière d’échange d’information, alors que la lutte contre d’autres sources de financement du terrorisme, son rythme semble être au ralenti. C’est en tout cas ce qu’avancent des experts, d’ organismes régionaux et internationaux et également des ONG, notamment en ce qui concerne le phénomène de paiement des rançons contre la libération d’otages, soit un versement de liasses de billets directement dans le portefeuille des groupes terroristes, de l’argent qui leur permet de maintenir leur nuisance, notamment par le financement de ses activités. Au ralenti de la dynamique de la lutte contre le paiement des rançons à celui de s’attaquer aux sources engendrées par des activités économiques légales, à l’exemple du scandale de Lafarge en Syrie, ou la vente du pétrole syrien ou irakien sur le marché noir, des acteurs notamment occidentaux, peinent à ce niveau de prendre le taureau par les cornes, pour de multiples raisons, dont celle relative à l’impacte du scandale sur l’activité de l’entreprise impliquée, directement ou indirectement, outre sur son image et donc des conséquences sur la baisse, faut-il le rappeler, de ses gains et de son capital, au moment où le pouvoir de l’argent pèse beaucoup plus qu’avant sur le pouvoir politique et la décision politique à travers le monde. Et pour revenir sur les propos du président du Centre d’analyse du terrorisme, Jean-Paul Brisar affirme qu’ «il faut des sanctions plus ciblées » dans le cadre de la lutte contre les sources de financement du terrorisme, un défi majeur à relever par les participants à la rencontre de Paris, appelée «Coalition de Paris» notamment par des pays qui sont cités, dans des comptes rendu de medias, d’ONG et d’organismes à travers le monde, dans les scandales ayant trait au financement du terrorisme, là ou ce phénomène transnational s’est implanté. Si sur la scène internationale, un cycle de rencontres et de concertations dans le cadre de l’ONU se tient régulièrement sur la lutte contre le terrorisme, l’inscription de mener un combat sans merci contre les sources de financement du terrorisme, le traçage des capitaux, l’identification des donneurs, l’échange d’informations autant ce sont des leviers d’action de la lutte contre le terrorisme, autant leur prise en compte dans le cadre du travail de l’ONU est de mise, notamment par l’adoption d’une démarche onusienne contraignante pour ses membres, pour assécher le terrorisme à la racine.
Karima Bennour

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