La Première ministre danoise Mette Frederiksen a annoncé son intention de profiter de la présidence tournante de l’Union européenne pour accentuer la pression sur l’occupant sioniste, évoquant explicitement la possibilité de sanctions ciblées en raison de la catastrophe humanitaire à Ghaza et de la poursuite de la colonisation en Cisjordanie occupée. Dans une interview accordée au quotidien Jyllands-Posten, la cheffe du gouvernement danois a déclaré que l’exécutif dirigé par Benjamin Netanyahou représentait « un problème en soi » et que sa politique allait « trop loin ». Elle a dénoncé avec fermeté la multiplication des victimes civiles à Ghaza, ainsi que les annonces de nouvelles implantations en Cisjordanie, estimant que l’Union européenne ne pouvait plus rester spectatrice. « La situation à Ghaza est catastrophique, l’ampleur des pertes humaines est insoutenable », a-t-elle affirmé, appelant ses partenaires européens à adopter une position ferme face aux violations du droit international. Selon Frederiksen, l’arsenal de mesures envisagées pourrait inclure des restrictions commerciales, des limitations dans les coopérations scientifiques et technologiques, mais aussi des sanctions individuelles à l’encontre de colons et de responsables israéliens. « Nous n’excluons rien », a-t-elle insisté, ajoutant que le mécanisme déjà appliqué à la Russie après l’invasion de l’Ukraine pourrait servir de précédent. Cette orientation politique marque un tournant dans le discours européen. Jusqu’à présent, l’UE s’était surtout limitée à des condamnations verbales et à des appels au cessez-le-feu. Le Danemark, en assumant la présidence tournante, veut désormais pousser les États membres à franchir une étape supplémentaire en recourant à des mesures de rétorsion concrètes. Depuis l’attaque du 7 octobre 2023, attribuée à la résistance palestinienne, qui a fait 1 219 morts en Israël selon les autorités, l’offensive militaire israélienne a plongé Ghaza dans une tragédie humanitaire sans précédent. Plus de 61 000 Palestiniens ont perdu la vie, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé local, des chiffres jugés crédibles par les Nations unies. Au-delà des bombardements, le blocus persistant, la destruction des infrastructures et l’entrave à l’aide humanitaire aggravent chaque jour la situation des deux millions d’habitants de l’enclave. Si certains États européens, à l’instar de l’Irlande, de l’Espagne ou de la Belgique, ont déjà exprimé leur soutien à des mesures plus fermes contre Israël, d’autres restent réticents à franchir le pas des sanctions, invoquant la crainte d’un durcissement des tensions diplomatiques. La Première ministre danoise entend néanmoins faire de ce dossier une priorité de son mandat à la tête du Conseil de l’UE. « Il en va de la crédibilité de l’Europe et de son attachement au droit international », a-t-elle martelé. L’initiative de Copenhague pourrait ainsi ouvrir une nouvelle étape dans la relation entre l’Union européenne et Israël, sur fond de crise humanitaire majeure et d’impasse politique persistante au Proche-Orient.
M. S.