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La lente décomposition du livre papier : «La lecture n’a plus sa place à l’école»

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Pour l’écrivain, Amine Zaoui, la lecture littéraire n’a plus de place à l’école algérienne et encore moins à l’université, comme fut le cas auparavant. L’indifférence de l’élève et de l’étudiant face au livre, est, selon lui, le fruit d’une force humaine extrémiste et conservatrice ayant poussé des racines au sein même de l’école.
C’est sur cette même force que le travail doit être fait, estime Zaoui pour qui le problème du manque d’intérêt de la lecture chez les élèves n’est pas d’ordre matériel. Ne cachant pas son soutien à la ministre de l’éducation nationale, Nouria Benghebrit, qui est confrontée, dira-t-il, à une masse humaine extrémiste au sein du secteur, l’invité du «forum du Courrier d’Algérie» mesure la pénibilité de la tâche qui ne consiste pas seulement à doter les écoles de livres littéraires et d’espace de lecture mais surtout de lutter contre cette force. Pour mieux expliquer son point de vue, l’écrivain a évoqué une expérience qui l’a marqué et qui consiste en un projet ayant échoué avant même d’être entamé. Ayant fait une proposition à Benghebrit dès son installation à la tête du ministère pour la création d’un espace débat entre les écrivains et les élèves dans les différents établissements scolaires autour de romans, de recueils, de poésie ou de nouvelles leur appartenant, il a fait savoir qu’après plus de deux ans, cette proposition n’a jamais vu le jour. « Au début, j’ai été contacté par la direction des services culturels auprès du ministère pour fixer un rendez-vous dans un des lycées d’Alger, mais après plusieurs reports pour des raisons qui restent inconnues, on n’a jamais réussi à caler une date pour rencontrer les élèves et ce projet n’a pas été concrétisé », a-t-il regretté.
Mais pas que, Amine Zaoui, à l’époque où il était à la tête de la Bibliothèque nationale, a indiqué avoir tenté l’expérience de créer dans la zone de Blida, au niveau des différents établissements scolaires, des coins de lecture. Après avoir visité quelques écoles, il a été constaté que des bibliothèques existaient. Seulement voilà, le contenu de ces coins était intrigant, pour l’écrivain. «L’espace du livre que j’ai visité contenait des livres à caractère extrémiste qui poussaient à la haine. Il y avait même des livres illustrés par des images atroces », se rappelle-t-il. Tout cet état de fait pousse, donc, l’intellectuel à qualifier l’école algérienne de « machine grippée » qui ne fonctionnerait pas vis-à-vis du livre et de la lecture, tout en soulignant le grand écart qu’il y a entre l’école d’avant qui accordait un grand intérêt à la lecture et celle d’aujourd’hui qui l’a carrément mise à la touche. L’université qui n’est pas également épargnée par ce mal, est aujourd’hui carrément absente, poursuit, d’autre part le conférencier. Selon lui, les enseignants ne poussent pas et n’accompagnent pas les étudiants à lire les beaux textes de la littérature comme on faisait autrefois. Pire encore, il soupçonne même l’existence d’une force de conservatisme en faveur de noms qui ne sont pas à l’heure de la littérature mondiale dans les universités qui pousse les étudiants à s’éloigner de la littérature progressiste, de lumière.
Ania Nait Chalal

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