Décidément, il ne se passe pas un jour sans que les Algériens ne se réveillent sur une nouvelle augmentation successive des prix de produits alimentaires de large consommation. Depuis près d’un mois, la hausse des prix de la volaille fait l’actualité et agace les consommateurs qui jugent ces augmentations injustifiées, alors que de l’autre côté, les éleveurs et détaillants mettent en avant la cherté de l’aliment sur les marchés internationaux. Par exemple, le prix du poulet a augmenté de plus de 50 % sur les marchés de gros et de détail, alors que les prix étaient en baisse, il n’y a pas longtemps. C’est sans compter la dinde. Pour l’Office national des aliments du bétail et de l’élevage avicole (ONABEA), les causes de cette flambée des prix de la volaille sont l’augmentation des prix des aliments pour animaux sur les marchés internationaux, conséquences de la pandémie de Covid-19. « Les prix des aliments pour animaux, y compris le soja et le maïs, qui représentant 80 % de la composition des aliments pour volaille, ont augmenté de manière significative en moins de six mois », a expliqué, hier, sur les ondes de la chaîne 1 de la Radio nationale, Mohamed Betraoui, président de l’ONABEA. « Le prix du maïs sur le marché mondial en juin 2020 était d’environ 265 dollars/tonne, mais il a dépassé 270 dollars/tonne ce mois-ci, alors que le prix des extraits de soja en juin dernier était de 350 dollars, et actuellement son prix dépasse 590 dollars. Cette augmentation est soumise à des facteurs internationaux qui impactent les bourses mondiales, mais j’annonce aux éleveurs la disponibilité prochaine de ce produit à nouveau au niveau international et le retour de la stabilité des prix dans les semaines à venir », a-t-il rassuré.
5 millions de tonnes d’importations de maïs et soja
L’Algérie importe plus de 5 millions de tonnes d’extraits de maïs et de soja ; et dans le but de réduire la facture d’importation estimée à plus de 1,2 milliard de dollars, un certain nombre de mesures ont été prises pour assurer l’indépendance dans la production d’aliments pour volailles. Après le succès de l’expérience de production de maïs jaune sur 79 hectares à Adrar en 2019,
8 900 hectares ont été programmés pour cultiver du maïs à Adrar, Menéa, Ghardaïa, El-Oued, Biskra, Naâma et Djelfa, ce qui permettra la production de 30 ou 35 000 tonnes au maximum. « Nous prévoyons que la moitié de nos besoins alimentaires seront satisfaits à l’horizons 2030 », a estimé Mohamed Betraoui. Révélant que la consommation moyenne par les Algériens des viandes blanches est d’environ 50 000 tonnes/mois, le président de l’ONABEA a affirmé que la production de viandes blanches en Algérie dépasse les besoins du marché intérieur, ajoutant que le prix moyen du kilogramme ne dépasse pas 260 DA. Betraoui a fait savoir que les niveaux de consommation de viandes blanches en Algérie sont en ligne avec les moyens de consommation mondiaux qui sont à 18 kg par personne, expliquant que la consommation moyenne de volaille en Algérie est à15 kg par personne. Concernant les mesures prises pour assurer la commercialisation des produits de large consommation pendant le mois de Ramadhan, le même responsable a déclaré que les préparatifs en ce qui concerne les poussins et même les chambres froides sont en cours, ajoutant que de la viande fraîche et surgelée sera fournie pour couvrir toutes les demandes. Pour rappel, en début de ce mois de janvier, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Abdelhamid Hemdani, avait présidé une réunion consacrée à la situation de la filière avicole au cours de laquelle il a annoncé des mesures urgentes pour permettre à la filière de dépasser la crise actuelle.
La question interpelle le ministre Hamdani
Lors de cette réunion d’examen de la situation à laquelle fait face la filière avicole, suite aux conséquences de la crise sanitaire et la hausse des prix des matières premières composant l’aliment, Hamdani a affirmé que des mesures urgentes vont être prises pour permettre à la filière de dépasser la crise actuelle, notamment via la relance du système de régulation des produits agricoles (Syrpalac) pour absorber le surplus de production et éviter des pertes supplémentaires aux producteurs. Au cours de cette réunion, tenue en présence des membres du Conseil national interprofessionnel de la filière avicole (CNIFA), des directeurs des groupes économiques et instituts techniques concernés ainsi que des cadres du secteur, le ministre de l’Agriculture a également demandé l’examen d’une éventuelle exonération temporaire de la TVA sur les tourteaux de soja importés, dont les prix ont flambé sur le marché international.
De plus, Hamdani a donné instruction pour suivre la mise en œuvre des dispositions prévues dans la convention cadre signée entre le ministère et la BADR, notamment celles relatives au rééchelonnement des dettes des producteurs et l’octroi des crédits de campagne et celui de l’investissement à toutes les filières agricoles y compris l’aviculture. Pour la mise en œuvre de ces mesures d’urgence et le suivi de l’évolution de la situation de la filière, Hamdani a installé un groupe de travail composé des représentants de l’administration et des membres du CNIFA.
Hamid Mecheri