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La fièvre aphteuse sème la peur : recul de consommation de viande rouge

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Depuis la découverte des premiers foyers de cheptel touchés par l’épidémie de fièvre aphteuse et devant la propagation incessante de cette maladie, plusieurs bouchers de la Capitale appréhendent un boycott des viandes rouges par les consommateurs en dépit de la stabilité des prix. En effet, au marché Ali-Mellah (1er-Mai), plusieurs bouchers étaient unanimes à dire que la demande a relativement régressé, imputant ce recul à la crainte des consommateurs. Djamel, a indiqué ne pas avoir alimenté sa boucherie depuis deux jours, en raison de la baisse de la demande, accentuée, a-t-il estimé, par l’alarmisme des médias. «J’exerce cette activité depuis des années, et je n’ai jamais vécu une telle situation. Mes clients, qui optent désormais pour les viandes blanches, ont vraiment peur de la transmission de cette maladie à partir des viandes rouges», a-t-il déploré. Djamel a indiqué par ailleurs avoir perdu deux clients qu’il fournissait en viande hachée, destinée à la restauration rapide. Ces deux restaurateurs, qui n’ont plus acheté de viande chez lui depuis deux semaines, ont déploré, quant à eux, un net recul de la demande des plats à base de viande rouge, a-t-il expliqué. Un autre boucher a estimé que la consommation de viande rouge connaît chaque été un recul où le consommateur évite généralement les plats gras. Mais, cette année, ce recul est accentué par la crainte suscitée par la fièvre aphteuse. Les prix restent stables après deux semaines de la fin du mois de Ramadhan autour de 1 000 DA pour le bœuf et 1 500 DA pour l’agneau, de l’avis d’un autre boucher du marché Ali-Mellah. Pour lui, si le citoyen boude, c’est que cette viande est douteuse, car la viande contrôlée par le vétérinaire est toujours demandée et son prix varie avec une différence de 300 à 400 DA, entre une boucherie et une autre.

Même crainte exprimée, à un degré moindre, par les bouchers de Bab-el-Oued qui craignent voir l’activité affectée par cette maladie. «Il y a un esprit de confiance entre moi et mes clients et nous misons sur la qualité d’autant qu’il y a une rude concurrence entre les boucheries du quartier le plus peuplé de la Capitale», a-t-il soutenu.

Fermeture de plusieurs marchés à bestiaux
Afin de stopper la propagation de l’épidémie de la fièvre aphteuse, le ministère de l’Agriculture a procédé à la fermeture de plusieurs marchés à bestiaux dans différentes wilayas. C’est le cas à Tissemsilt, où tous les marchés hebdomadaires ont été fermés, dans le but de prévenir l’apparition de nouveaux cas. Selon l’inspecteur vétérinaire de la wilaya, Hocine Ould-Amara, cette décision a été prise par le wali, le week-end dernier, suite à l’apparition de foyers de contamination de la fièvre aphteuse dans des wilayas limitrophes à Aïn-Defla, Médéa, Djelfa et Chlef. En vue de protéger les bêtes de la wilaya de cette zoonose, 3 000 têtes bovines ont été vaccinées, notamment dans les communes limitrophes des wilayas, où sont apparus des foyers de fièvre aphteuse. Une commission de suivi de cette maladie sera mise en place dans différentes régions de la wilaya. Elle veillera au suivi minutieux de la situation sanitaire des têtes bovines et fera attention au respect du contrôle par les propriétaires d’exploitations agricoles des mesures préventives. Cette commission, a ajouté Ould-Amara, mènera des actions de sensibilisation des éleveurs quant aux mesures à prendre pour éviter la contamination de leurs cheptels.
Même procédure dans la wilaya de Khenchla, où les marchés à bestiaux viennent d’être fermés temporairement par arrêté du wali pour une durée non précisée, par mesure de sécurité, pour éviter toute apparition de cas de fièvre aphteuse. Le transport et le déplacement du cheptel se fera selon la décision des services vétérinaires en application de cet arrêté, depuis le début de la semaine dernière. Plus de 150 000 têtes bovines ont jusqu’à présent bénéficié d’une campagne de vaccination qui se poursuivra les jours prochains afin de toucher l’ensemble des zones spécialisées dans l’élevage de vaches dans cette wilaya. Cette décision a été prise suite à l’apparition en début de la semaine dernière de 16 cas de fièvre aphteuse dans une ferme implantée à la commune de Baghai (Est de Khenchela), alors que ces têtes bovines sont originaires de la commune d’Amizour, wilaya de Béjaïa. À noter qu’aucun autre foyer n’a encore été signalé dans la wilaya où le cheptel est sous surveillance vétérinaire, ont affirmé les responsables de la DSA qui ont signalé une série de mesures préventives déjà mises en application, ainsi qu’une campagne de sensibilisation visant à expliquer aux éleveurs les risques que représente cette maladie, les méthodes et moyens nécessaires pour éluder sa propagation.
Cependant, il faut dire que la fermeture des marchés n’est pas du goût des éleveurs. Cette démarche risque en effet de leur faire couler leur marché à quelques jours seulement de l’Aïd El-Adha. La fièvre aphteuse qui est très dangereuse pour les ruminants, peut occasionner d’un autre côté des pertes importantes sur le cheptel et partant sur l’économie nationale. Ainsi, les autorités font face à un réel défi et doivent par tous les moyens stopper la propagation de la maladie en vue de sauver le reste du cheptel non contaminé. Elles doivent notamment prendre en considération cette expérience amère, en renforçant les préventions contre les épidémies qui pourraient toucher la race animale et d’éviter la répétition de ce scenario.
Ania Naït Chalal

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