En sus du front d’opposition au plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental émanant de la rue désormais, le président du Gouvernement espagnol qui a retourné sa veste à l’égard de la question sahraouie, doit faire face aux voix discordantes à l’intérieur même de son propre Exécutif. Et ce ne sont pas des moindres !
En effet, la deuxième vice-première ministre espagnole, Yolanda Diaz, a pris ses distances sur la décision de Pedro Sanchez qui s’est aligné sur le « complot » d’autonomie balancé de façon abrupte contre la communauté et la légalité internationales et les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU adoptées en faveur du référendum d’autodétermination du peuple sahraoui. Ainsi, Yolanda Diaz ne mâche pas ses mots et lâche crument en face du chef de l’Exécutif qu’elle accuse d’avoir violé la Constitution espagnole par sa décision d’adopter le plan d’autonomie, comme revirement qui tranche avec une traditionnelle position espagnole qui remonte à 1975 à l’égard de la question sahraouie. La décision de Pedro Sanchez, concernant le Sahara occidental, est « inconstitutionnelle », a-t-elle relevé, notant que celui-ci « a violé la constitution espagnole ainsi que le droit international afin de satisfaire le régime d’occupation marocain ».
Invitée jeudi à l’émission « Hoy por Hoy » diffusée par le réseau de radio « Cadena Ser », Yolanda Diaz explique que « la position récente de Pedro Sanchez sur le Sahara occidental est contraire à la constitution et à la légitimité internationale », insistant, encore une fois, que Sanchez « violait la constitution de l’Espagne et du droit international pour satisfaire le régime d’occupation marocain ». Plus grave encore, lorsqu’elle révèle, ou plutôt confirme que le PM espagnol n’a pas consulté le Gouvernement au préalable de sa lettre adressée au roi du Maroc. « Le Premier ministre n’a pas présenté la position exprimée dans une lettre au monarque marocain pour des consultations ou un vote au Conseil des ministres », met-elle à nu ; ce qui accule davantage Pedro Sanchez sur cette crise qui risque de l’emporter. « C’est inconstitutionnel et illégal à tous égards », a-t-elle dénoncé sans ambages.
Yolanda Diaz n’a pas non plus ménagé son collègue à la diplomatie qui tente de « justifier » la décision de changement de position par rapport au Sahara occidental.
En termes de la légalité internationale, la vice-première ministre espagnole a rappelé, à cette occasion, « la dernière résolution des Nations unies sur le conflit du Sahara occidental pour réfuter les arguments avancés par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, devant le Parlement mercredi dernier pour justifier la position illégale du gouvernement ». Yolanda Diaz a précisé que les résolutions des Nations unies « ne parlaient pas de la proposition présentée par le Royaume du Maroc sur le soi-disant plan d’autonomie au Sahara occidental, mais mettaient plutôt l’accent sur l’autodétermination du peuple du Sahara occidental » à travers l’organisation d’un référendum d’autodétermination.
Chef de file du parti « Podemos » au sein de la coalition gouvernementale, Yolanda Diaz avait confirmé, vendredi, son rejet de la décision de Sanchez. « Je réitère mon engagement à défendre le peuple sahraoui et les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies », a-t-elle tweeté, précisant que toute solution au conflit « doit passer par le dialogue et le respect de la volonté des Sahraouis, et je continuerai à y travailler ».
Farid Guellil