La poétesse d’expression française Keltoum Deffous a régalé, lundi à Constantine, l’assistance en déclamant dans la bibliothèque publique de lecture Mustapha Nettour, des vers de son recueil « Voix des femmes » à l’occasion de la Journée mondiale de la poésie (21 mars) en coordination avec le bureau local de « Beit chi’r ».
Maniant élégamment la langue de Molière, Ketoum Deffous a récité des extraits de « Voix des femmes », édité chez Anep-Editions et co-écrit avec Nadia Belkacemi, exprimant les peines et les joies des femmes et tissant un lien particulier avec l’assistance.
Pour la poétesse, ce recueil est « un dialogue entre deux poétesses algériennes qui invitent à la découverte de leur univers secret, un chant venu de très loin, une berceuse qui susurre à l’éternité l’air d’une culture ancestrale ». Elle affirme à l’APS que pour une poétesse, fêter les vers à l’international est une occasion pour « faire connaître la sensibilité féminine sous ses multiples créations artistiques », soulignant que ses poèmes ont été primés lors de manifestations internationales alors qu’ils sont méconnus en Algérie, car « l’édition de recueils n’est pas rentable ». Elle ajoute que dans tous ses recueils, elle déclame la femme, poète dans l’âme, « tellement riche de par ses rêves et ses espoirs qu’il est par moment difficile de cerner tous ses souhaits et aspirations ».
Pour Keltoum Deffous, écrire des poèmes, c’est également honorer sa mère qu’elle a présentée comme une paysanne et veuve de Chahid qui a tout fait pour que sa fille aille à l’école.
« Ma mère m’a inculqué des valeurs humaines dont je suis fière de parler, fière de les transmettre là où je vais dans les diverses manifestations, en tant que poétesse qui représente la femme algérienne, sa sensibilité, ses soucis et ses espoirs », souligne-t-elle. Elle assure également que « la femme algérienne est en train de se battre comme toutes les femmes du monde pour les mêmes problèmes, contre l’oppression et la violence notamment, et continue à lutter et inculquer aux filles de ne pas se soumettre ».
Keltoum Deffous qui affirme que les réseaux sociaux et le confinement imposé par la situation sanitaire exceptionnelle ont « démocratisé » la poésie et l’ont rendue accessible au large public, compte plusieurs recueils dont « La colline des rois berbères » en hommage à ses grands-parents fusillés par l’armée française en 1956, « Pauvre petit frère », un hymne au citoyen du monde, « La femme au front tatoué » et également « La Femme à la ceinture de laine ». Sa dernière production, « Le foulard rouge de la colère » édité par Média Plus, sera présentée au Sila qui débutera le 24 mars courant. Au cours de la même rencontre, le poète d’expression arabe, Abdelghani Madi a déclamé un poème reflétant « les douleurs du monde arabe », depuis Damas à Baghdad, en passant par le Yémen et le Soudan, tandis que Mohamed Nakib est revenu dans un melhoun sur la lutte du peuple algérien depuis les résistances populaires jusqu’aux massacres du 8 mai 1945, et dans les Aurès, synonymes de bravoure et d’héroïsme.
à l’occasion, les poètes Noureddine et Saïda Derouiche, Leila Laouir et Nacer Louhichi ont été honorés ainsi que les élèves de l’école régionale des beaux-arts qui exposent leurs œuvres dans le hall de la bibliothèque.