Chaque année, qu’il s’agisse de ce qui relève des droits de l’Homme, ou d’un autre concept, la liberté fondamentale de s’exprimer réapparaît, soulevant bon nombre de problématiques, en rapport avec l’actualité nationale et internationale.
Considérée comme le pilier du droit humain fondamental, la liberté de la presse est restée durant des décennies, un terrain qui soulève à ce jour moult préoccupations, même dans les pays les plus développés. En Algérie, le Conseil national des droits de l’homme (CNDH), fidèle à son intérêt pour cette cause extrême, a réuni hier au niveau de l’auditorium de l’hôtel olympique de Dely Brahim, les médias, les universitaires et les représentants civils, à un atelier interactif sur le thème « Médias et droits de l’homme ». Une rencontre expérimentale et d’échange, organisée à la veille de la Journée mondiale de la liberté de la presse, animée notamment par des experts et enseignants universitaires, entre autres les professeurs Rachid Ferrih, Mohamed Yaakoubi, Mohamed Laaqab et Ayad Malika.
« La liberté d’expression, un droit humain fondamental »
Dans son discours d’ouverture des travaux de cet atelier, le président du CNDH, le Pr Abdelmadjid Zaâlani, s’est prononcé sur les concepts élémentaires ayant accompagné la naissance des droits de l’homme, et l’impact de la liberté de la presse sur l’évolution des droits humains. « Les droits de l’homme ont plus que jamais besoin des médias et de la presse », a expliqué d’emblée l’expert en droit.
Alors que trente années se sont écoulées depuis la proclamation le 3 mai 1993 de la Journée de la liberté de la presse, par l’Assemblée générale des Nations unies, le successeur de Bouzid Lazhari à la tête du CNDH a souligné que selon les principes de l’UNESCO, « la promotion d’une presse libre, indépendante et pluraliste, est essentielle pour le développement et le maintien de la paix et de la sécurité d’une nation, ainsi que pour son développement économique ».
Des valeurs, qui permettront, selon le Conseil, de mettre en œuvre les dispositions et tous les principes relatifs aux droits de l’Homme. Remontant loin dans l’histoire, Zaalani a expliqué que la notion du droit existe depuis l’antiquité. « Du temps de l’Empire romain, les réformes de l’empereur Justinien » et la réorganisation des lois. Une modernisation et une jurisprudence, marquées par la suite par le code civil, à l’ère de Napoléon Bonaparte, avec un caractère juridique pour le courant anglo-saxon, civil et politique pour la partie française », ajoute le responsable.
« La dignité est à l’origine de tous les droits humains »
Poursuivant son discours, le maître conférencier en sciences juridiques attribue en grande partie, le concept de la dignité humaine, à tout ce qui a trait aux droits de l’homme. « Des valeurs déjà ancrées dans les fondements de l’Islam », souligne entre autres Zaâlani. Plus loin, il dira : « La Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée le 8 décembre 1948, continue d’être pour chacun d’entre nous, une source d’inspiration afin de promouvoir l’exercice universel des droits de l’homme ». Selon l’intervenant, la liberté de s’exprimer relève, certes du droit, mais est également soumise à une certaine responsabilité. Et d’ajouter : « La définition du droit humain n’a cessé d’évoluer à travers le temps, et s’est élargie à d’autres nations. La Constitution algérienne l’a adoptée en 1966 ».
Abordant un des piliers indissociable des droits de l’homme, les droits de la femme en l’occurrence, le responsable a mis en lumière « le Traité de Pékin, étant la plus grande convention en faveur de la femme, définissant les droits de la femme, comme étant des droits humains fondamentaux », comme explication au principe de l’égalité des sexes.
« Positiver les approches et émettre des critiques objectives »
Après un plaidoyer sur la liberté d’expression, étant ainsi une interconnexion entre les droits de l’homme et la liberté de la presse, Zaâlani a ajouté, en outre : « Nous devons établir une critique objective des avancées institutionnelles des droits de l’homme, positiver nos approches en tant que journalistes. « Il est du droit du journaliste d’être protégé, mais il se doit lui aussi de protéger son institution. Parvenir à atteindre chaque jour un équilibre entre la sécurité et la liberté, et entre la liberté et la responsabilité », estime-t-il. Et de conclure : « Les délits d’opinion ? Le droit est presque obligatoire pour tout le monde. L’essentiel, c’est de ne pas porter atteinte aux intérêts de l’État. Les droits de l’homme existent bel et bien en Algérie. La liberté de la presse, c’est la clé de voûte des droits de l’homme »
Comme mentionné en début d’article, ont pris part à ces colloques divers experts et chercheurs. Sur la thématique : l’information et l’équation : liberté et responsabilité (protection de l’intérêt général et des droits individuels), le Professeur Rachid Ferrih a indiqué que « les intérêts nationaux et sociaux ont contraint les États à limiter l’expansion des médias ». Pour sa part, Mohamed Yaakoubi, sous le thème : une transition numérique sûre et plateformes numériques : facteur décisif au service des droits de l’homme, soulève plusieurs problématiques : De quel genre de journaliste aurons-nous besoin ? Quel est l’avenir de la presse papier ? Où en est la déontologie ?
De son côté, Mohamed Laaqab, pour ce qui est du droit du journaliste à la protection et à l’accès à une information fiable (le problème des informations trompeuses), il explique que « le journaliste est lui-même une victime de l’information, il doit donc s’assurer de la véracité des informations qui circulent, et ne pas trop se fier au flux et aux sites web ». Enfin, l’intervenante, madame Ayad Malika, a abordé dans ses témoignages, Le rôle des médias dans la protection et la promotion des droits de l’homme (le journalisme d’investigation comme exemple).
Hamid Si Ahmed