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Italie : à Palerme, on aide les survivants de naufrages à porter le «fardeau» du deuil

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Au lendemain de l’arrivée en Sicile des migrants survivants du naufrage ayant fait plus de 200 morts au large de la Libye, l’aide psychologique s’organisait vendredi à Palerme pour ceux qui ont perdu des enfants dans la traversée.
Au centre « Sainte Rosalie» de la Caritas, au coeur de la capitale sicilienne, on s’affaire depuis l’arrivée des 367 survivants du naufrage de mercredi. C’est ici que sont accueillies les familles des 26 personnes dont la mort est avérée et des enfants disparus, auxquelles bénévoles de la Caritas, membres de Médecins sans Frontières (MSF), psychologues et médiateurs culturels essaient d’apporter un peu de réconfort. Dans le patio, la psychologue de la structure, Anna Cullotta, serre deux femmes voilées dans ses bras. Non loin, trois enfants, avec aux pieds les chaussures en plastique distribuées à la descente du bateau, improvisent une partie de baby-foot avec un bénévole. «Pour nous, le naufrage de mercredi a été le plus tragique et le plus poignant de tous, car parmi les victimes et les disparus figurent de nombreux enfants», confie Mme Cullotta à l’AFP. Et de raconter l’histoire de cette jeune Syrienne qui cherchait à rejoindre son mari en Suède avec leur fils et qui a vu l’enfant se noyer. «Elle est partie avec l’idée d’un avenir, pleine d’espoir, puis le drame. Elle a appelé son mari pour lui annoncer la nouvelle et depuis elle est dévastée, elle ne parle plus», confie la psychologue.
Face à un «fardeau psychologique et émotionnel» supplémentaire, ces survivants ont besoin d’aide, ajoute-t-elle. «Il faut qu’ils parlent, qu’ils se défoulent», explique à l’AFP Chiara Montaldo, coordinatrice de MSF pour la Sicile, en regardant l’un de ses collègues faire rire un bébé africain.

«Attachées à la vie et à l’avenir»
Pour ce faire, MSF a mis en place une équipe de médiateurs culturels «qui parlent la même langue, qui appartiennent à la même culture qu’eux». «Le plus important est que les personnes se sentent écoutées car elles sont complétement déphasées. Elles ont perdu leurs références en arrivant dans un pays qu’elles ne connaissent pas, donc avoir quelque chose qui leur rappelle leur culture, quelque chose de familier, est fondamental», ajoute-elle. «C’est la phase de la douleur», explique Mme Cullotta. «Au naufrage s’ajoute la perte des enfants, c’est là que nous devons être présents, près d’eux, pour les aider à partager cette souffrance». Dans le cas des enfants qui ont vu mourir un frère, une soeur ou un parent, l’approche est différente. «Ca passe par le jeu, on doit les distraire. Ils jouent et ainsi se protègent de quelque chose de plus grand qu’eux», précise-t-elle. Si c’est possible, des proches leur parlent au téléphone, ou une voix féminine au bout du fil se fait passer pour leur mère afin de les rassurer. Quand les enfants sont très jeunes, on n’évoque pas la mort. «On leur dit que maman est partie travailler, qu’elle est à l’étranger», explique Mme Culotta, afin d’amener la vérité peu à peu. «Le temps pour eux est indéfini. Tout est indéfini en fait, il faut tout reconstruire. Comme ils disent : ils ont besoin d’appuyer sur +reset+, de comprendre ce qui s’est passé», ajoute-t-elle. Et peu importe le temps que cela prendra. D’ici là, «je dis à ces mères qu’elles sont des +wonderwomen+. Elles ont une force et un courage admirables. Etre ainsi attachées à la vie et à l’avenir, avec la certitude que leur vie peut s’améliorer : c’est une découverte et un enseignement pour nous tous», dit Mme Cullotta. Un avenir symbolisé par cette femme qui a perdu ses trois enfants mercredi mais à qui les médecins de MSF ont annoncé jeudi qu’elle était enceinte.

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