L’Algérie confirme son ascension sur la carte régionale de l’investissement agricole et affirme son ambition de devenir un pôle de référence à l’échelle africaine et méditerranéenne.
Le ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Walid Yassin El-Mehdi, a déclaré, hier à Alger, que le pays s’est imposé, ces dernières années, comme une destination montante pour l’investissement agricole, ouverte aussi bien aux capitaux nationaux qu’étrangers. Le ministre s’exprimait à l’occasion de l’ouverture d’une conférence internationale sur l’investissement agricole, organisée au Centre international des conférences « Abdelatif-Rahal », en marge de la dernière journée de la 4ᵉ édition de la Conférence africaine des start-up, placée sous le haut patronage du président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Devant un parterre de grands investisseurs, d’hommes d’affaires algériens et étrangers, de représentants d’entreprises de technologies agricoles, de chercheurs, d’experts, de porteurs de start-up et d’institutions financières, Walid Yassin El-Mehdi a souligné que l’Algérie a largement ouvert ses portes aux investissements étrangers dans le secteur agricole, dans le cadre d’une politique volontaire visant à transformer durablement l’économie nationale.
Au cœur de la transformation économique
Dans son allocution, le ministre a dressé une vision globale de l’Algérie agricole à l’horizon 2030, rappelant que le secteur contribue aujourd’hui, à hauteur de 35 milliards de dollars, soit environ 18 % du produit intérieur brut. Cette dynamique est soutenue par un plan d’investissement public estimé à 5,8 milliards de dollars, destiné à moderniser les exploitations, renforcer les infrastructures et améliorer la productivité. Selon le ministre, l’objectif est clair : valoriser des milliers d’hectares, notamment dans le Grand Sud, afin de renforcer la sécurité alimentaire nationale, atteindre l’autosuffisance sur plusieurs filières stratégiques et développer les capacités d’exportation agricoles. Le ministre, Walid Yassin El-Mehdi, a cité plusieurs projets majeurs illustrant la capacité de l’Algérie à accueillir des investissements agricoles d’envergure. Parmi eux figure le projet Baladna à Adrar, un investissement estimé à 3,5 milliards de dollars, couvrant 117 000 hectares et comprenant un pôle intégré de production laitière et d’aliments pour bétail. Ce projet ambitionne une production annuelle de 1,7 milliard de litres de lait, constituant un levier stratégique pour réduire les importations. Autre exemple mis en avant : le projet italien Bonifiche Ferraresi (BF) à Timimoun, dédié à la production de céréales et de légumineuses, pour un montant de 420 millions de dollars. Qualifié de projet intégré à forte valeur ajoutée, il est appelé, selon le ministre, à générer des retombées économiques importantes pour les deux pays et à renforcer les partenariats agricoles euro-méditerranéens.
Atouts structurels et ouverture sur les marchés
Le ministre a insisté également sur les atouts structurels de l’Algérie, soulignant sa position géostratégique entre l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient. Le pays dispose de 8,5 millions d’hectares de terres agricoles, d’un fort soutien gouvernemental, d’incitations attractives à l’investissement, d’un marché intérieur de 45 millions de consommateurs, ainsi que d’un accès privilégié aux marchés africains et sahéliens. La conférence a mis en lumière les opportunités d’investissement sur l’ensemble de la chaîne de valeur agricole, notamment dans les filières des céréales, des produits laitiers, de l’horticulture, de l’agroalimentaire et des industries de transformation.
Innovation, durabilité et partenariats stratégiques
Les travaux ont également porté sur le transfert de technologie et l’innovation agricole, considérés comme des leviers essentiels pour améliorer la compétitivité du secteur. Les thématiques abordées incluent l’agriculture de précision, l’irrigation intelligente, l’agriculture numérique et les pratiques durables adaptées aux changements climatiques. Les discussions ont aussi porté sur l’accès aux marchés, la logistique, l’exportation et les accords régionaux, ainsi que sur les cadres juridiques, financiers et opérationnels des partenariats agricoles.
Destinée aux entrepreneurs agricoles, aux entreprises de technologies agricoles, aux fonds d’investissement, aux institutions financières, aux industriels de l’agroalimentaire et aux organismes de recherche, la rencontre ambitionne d’aboutir à des engagements d’investissement concrets, à la signature de nouveaux accords de partenariat, à des projets conjoints, ainsi qu’au renforcement des réseaux professionnels et du dialogue stratégique. À travers cette dynamique, l’Algérie affirme sa volonté de consolider son positionnement comme pôle régional majeur de l’investissement agricole, en plaçant la sécurité alimentaire, l’innovation et le développement durable au cœur de sa stratégie nationale.
M. Seghilani
