Accueil À LA UNE INTOXICATION ET HYGIÈNE ALIMENTAIRES : Une affaire de santé publique

INTOXICATION ET HYGIÈNE ALIMENTAIRES : Une affaire de santé publique

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Les intoxications alimentaires se multiplient en cette période d’été et posent un sérieux problème de santé publique. Derrière ces incidents, souvent passés sous silence, se cachent des pratiques commerciales qui ne respectent pas les règles les plus élémentaires d’hygiène et de sécurité.

Dans certains établissements, les conditions d’accueil et de préparation laissent à désirer, des locaux insalubres, matériel vétuste, tabliers de cuisine sales, (perte de couleur et d’éclat révélant un manque flagrant de propreté). À cela s’ajoute l’absence de respect de la chaîne du froid, pourtant indispensable pour préserver la qualité des aliments.

Face à ces dérives, les autorités compétentes, ont déjà mené plusieurs opérations de contrôle. Certaines ont conduit à la fermeture immédiate de commerces qui ne répondaient pas aux normes sanitaires. Des mesures fermes mais nécessaires, qui, selon les experts, doivent être intensifiées pour freiner la prolifération des pratiques dangereuses.

Cependant, la responsabilité ne repose pas uniquement sur les commerçants et les services de contrôle. Le consommateur lui aussi joue un rôle crucial. En refusant de fréquenter les établissements douteux, il exerce une pression citoyenne qui peut dissuader les pratiques illégales. « Boycotter le commerce véreux, c’est protéger sa santé », rappellent les associations de consommateurs.  Du coup, la délivrance des permis d’activité, les inspections régulières, l’application des sanctions et l’engagement du citoyen doivent s’articuler dans une même dynamique. Car c’est seulement par une vigilance collective que l’on pourra garantir une alimentation saine et protéger durablement la santé publique.

Vers la formation obligatoire des commerçants

Dans ce cadre, l’Organisation nationale de protection et d’orientation du consommateur a proposé la mise en place d’une formation obligatoire pour toute personne souhaitant ouvrir un commerce lié à la restauration ou à la vente de produits alimentaires. L’objectif est de garantir une maîtrise des bases de la sécurité alimentaire, depuis les méthodes de conservation et le respect de la chaîne du froid jusqu’aux règles d’hygiène générale, afin de limiter les dérives et de protéger le consommateur contre des plats susceptibles de mettre sa vie en danger. À ce fait, le président de l’Organisation de protection des consommateurs, Mustapha Zebdi, a rappelé que cette idée avait déjà été soumise à l’ancienne ministre de la Formation et de l’Enseignement professionnels. «Plusieurs ateliers avaient été organisés au niveau des directions concernées et l’initiative avait reçu un accueil favorable. Mais son application avait été reportée en raison de la pandémie de Covid-19, avant d’être complètement abandonnée » a-t-il précisé. Selon lui, le projet vient d’être relancé à la suite de deux réunions officielles au ministère de la Formation professionnelle. Il prévoit un cycle court de 5 à 7 jours, axé sur les bases de la conservation des aliments, la sécurité sanitaire des produits, l’identification des produits alimentaires les plus exposés au risque de toxi-infection, ainsi que les principes essentiels d’hygiène corporelle et environnementale.

Zebdi a souligné dans ce sillage, que le nombre de travailleurs de la restauration rapide, des boulangeries, pâtisseries et autres commerces alimentaires n’ont pas un niveau d’instruction élevé. C’est pourquoi les formations longues et académiques ont été écartées, au profit d’un apprentissage pratique et accessible, centré sur les fondamentaux qui garantissent la santé du consommateur. « Les sanctions, lorsqu’elles s’appliqueront, seront ainsi fondées sur des bases claires : les commerçants auront été préalablement informés des risques liés à leur activité » a-t-il fait savoir.

50 % des cas d’intoxications pourraient être réduits 

D’après une étude menée par l’organisation, la généralisation de cette formation pourrait réduire de près de 50 % les cas d’intoxications alimentaires collectives. Dans un premier temps, elle concernera les nouveaux demandeurs d’un registre de commerce dans le domaine alimentaire, avant d’être élargie progressivement aux commerçants déjà en activité.

La délivrance du registre sera conditionnée par l’obtention d’un certificat de formation reconnu. « Beaucoup d’opérateurs ignorent encore les règles élémentaires de conservation, de chaîne du froid et de présentation des aliments », déplore Zebdi, qui estime qu’il est urgent de remédier à cette lacune pour protéger durablement la santé publique.

S. Oubraham

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