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Importations alimentaires : L’Algérie toujours à la merci de l’Europe

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Faut-il se réjouir de l’amélioration de la couverture des besoins alimentaires de la population par la production locale ? Assurément, oui. Mais en analysant les raisons pour lesquelles l’Algérie a importé moins de produits alimentaires, l’on se rend compte qu’il n’y a pas de quoi pavoiser. Les importations algériennes en produits alimentaires ont atteint 11 milliards de dollars en 2014, dont plus de 3 milliards de dollars pour les céréales (blés, maïs et orge). Ceci a largement contribué à peser sur la balance commerciale du pays qui a commencé à enregistrer des déficits après plusieurs années d’excédent commercial. Si les différents programmes ont permis de couvrir à 72% les besoins alimentaires de la population, les importations de produits alimentaires, notamment les céréales, continuent leur courbe ascendante, confirmant la poursuite de la dépendance du pays de l’étranger en certains produits alimentaires stratégiques. L’autosuffisance en blé dur tributaire de la superficie irriguée L’Algérie, un des plus gros importateurs de céréales au monde, pourrait atteindre l’autosuffisance en blé dur d’ici 2019, mais à condition d’une large extension de la superficie irriguée, consacrée à la céréaliculture. C’est, du moins, l’objectif tracé par le ministère de l’Agriculture et du Développement rural. Néanmoins, le système d’irrigation est largement dépendant de la pluviométrie, et ce, en dépit des efforts colossaux consentis pour la mobilisation des ressources en eau. Sur une superficie totale de 3,4 millions d’hectares, seulement 240 000 ha bénéficient actuellement de l’irrigation, soit 7% de cette superficie. C’est que les prévisions du quinquennat 2015-2019 tablent sur une production céréalière de près de 70 millions de quintaux (q), soit environ le double de la récolte actuelle, et ce, en tablant sur l’extension des surfaces irriguées d’un (1) million d’ha supplémentaire, dont 600 000 ha seront réservés à la céréaliculture. Dans un autre sillage, afin d’augmenter la superficie céréalière irriguée, l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) conduit et vulgarise un programme soutenu par les pouvoirs publics, destiné à l’équipement des parcelles céréalières en systèmes d’irrigation (pivots, asperseurs…) notamment au Sud du pays. Grâce à un crédit bancaire, la superficie équipée a atteint, jusqu’à maintenant, 30 000 ha, contre 24 000 ha en 2014. Tout pour pallier le manque de main-d’œuvre Sur un autre volet, la sous-mécanisation du secteur contraint les pouvoirs publics à étendre leur aide à de nouvelles gammes d’équipements agricoles pour répondre aux exigences d’une agriculture moderne, et pallier au manque de main-d’œuvre. Il s’agira, dans cette optique, de développer et de soutenir la mécanisation spécialisée tels que les tracteurs, le matériel d’accompagnement, les planteuses, les arracheuses, les pulvérisateurs et les moissonneuses-batteuses. À la faveur de la crise alimentaire mondiale, qui a sévi en 2007 et en 2008, les pouvoirs publics ont mis en place la “Politique” du renouveau agricole et rural avec une enveloppe annuelle de 200 milliards DA. Ce montant, qui passe à 300 milliards DA/an, durant le quinquennat 2015-2019, concerne aussi bien le soutien de la production que les subventions des produits de base, comme le lait et les céréales, explique-t-on. La “Politique” du renouveau agricole et rural a pris le relais du Programme national de développement agricole et rural (PNDAR), mis en place en 2002 et élaboré dans l’objectif de réussir la mise à niveau et la modernisation des exploitations agricoles, en parallèle au développement économique et social de l’espace rural dans le cadre des Projets de proximité de développement rural intégré (PPDRI). De même, la disponibilité alimentaire s’élève actuellement à 3 500 kg/calories en Algérie, soit largement au-dessus du niveau préconisé par les Institutions internationales spécialisées. L’application de cette nouvelle politique a valu à l’Algérie sa distinction, en 2013, par la FAO, pour avoir atteint, avant terme, le premier des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), lié à l’élimination de l’extrême pauvreté. Le pessimisme des observateurs Il convient de signaler que l’Algérie renouvelle ses stocks constamment, afin de ne pas se retrouver dans une situation de pénurie. Et dans la conjoncture actuelle, elle ne peut pas se permettre de diminuer les quantités importées de céréales, car la production dépend entièrement des conditions climatiques. Certains observateurs pensent que l’Algérie pays aride et semi-aride, parmi les plus exposés aux changements climatiques, avec une avancée menaçante du désert, sera toujours structurellement déficitaire pour les produits agricoles. D’autres encore, plus pessimistes, lui prédisent un sombre avenir alimentaire. De nombreux spécialistes préconisent la diversification de l’économie, plus précisément le développement de l’industrie. Ceci pour permettre à l’Algérie d’avoir une balance commerciale équilibrée -même en cas- de baisse de la production pétrolière et afin d’avoir un pouvoir d’achat qui lui permettra d’être toujours solvable auprès de ses fournisseurs.
Lamia Boufassa

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