La communauté estudiantine a organisé, hier à Alger, sa 12e manifestation de mardi. Les étudiants ont affirmé leur détermination à poursuivre le mouvement pacifique sans relâche, même durant le Ramadhan, jusqu’à l’obtention des revendications du mouvement populaire.
Les imposantes marches de la communauté estudiantine qui se sont déroulées simultanément, hier, à travers le pays, apporteront sans nul doute « du souffle » à la mobilisation populaire pacifique qui marquera vendredi prochain sa 13eme semaine de protestation, pour réaffirmer le départ des figures du système en place et l’édification d’un État de droit. La raison ? il faut d’abord retenir qu’elles ont pris, hier, une nouvelle dimension du fait que le rendez-vous estudiantin se déroulait à quelques jours de la date limite de dépôt des candidatures au Conseil constitutionnel qui va expirer dans un peut plus d’une semaine. D’ailleurs, les étudiants ont exprimé simultanément à travers le pays leur « rejet de la présidentielle du 4 juillet prochain», exigeant «une transition démocratique », et le « départ des symboles du système politique en place.» Il est à souligner qu’à Alger, la marche de la communauté estudiantine a pris, hier, neuvième jours du mois de Ramadhan une nouvelle direction, puisque, la manifestation était encore beaucoup plus mobilisatrice, déterminante et tranchante. Les étudiants et enseignants venus des différentes universités, écoles supérieures et instituts d’Alger ainsi que ceux d’autres établissements universitaires tels ceux de Boumerdès, Tizi-Ouzou ou de Blida et même de Tipasa, étaient là en grand nombre tout au long des boulevards menant, pour cette fois-ci, vers un lieu emblématique symbolisant les premières marches populaires pacifiques du 22 février historique, l’Assemblé populaire nationale, cet édifice qu’aucune des différentes catégories socio-professionnelles de la société algérienne, qui sortent tous les vendredis, n’ont réussi à atteindre depuis le déclenchement du Hirak.
En marche vers le siège de l’APN
Tout a commencé, à 10 h, au niveau de l’esplanade de la Grande Poste, le lieu de rencontre des étudiants, annoncé auparavant sur les réseaux sociaux. La marche s’est ébranlée par la suite vers le nouvel itinéraire, jusqu’au siège de la Wilaya. La modification de l’itinéraire de la marche estudiantine dans la capitale a été décidée, comme nous l’a expliqué l’un des étudiants sur place, « après que les étudiants furent, à maintes reprises, empêchés par les forces de l’ordre de suivre leur ancien circuit habituel: le parcours entre la Grande-Poste et la Place Maurice Audin. » Au moment de nos échanges, les premiers groupes de manifestants de la communauté estudiantine étaient déterminés à aller au bout de leur action pacifique, malgré le jeûne, la soif, et la chaleur. Ils ont réussi à se frayer le chemin pour emprunter l’itinéraire, par une marche pacifique, après que les forces de l’ordre fortement mobilisées à leur tour, eurent fini par céder devant la pression du fameux slogan «Silmiya-simliya, (pacifique pacifique, ndlr) ou bien «Chorta wa Chaâb Khawa Khawa, (police et peuple des frères :ndlr).»
« Le peuple veut une justice indépendante »
Et les autres étudiants n’ayant pas réussi durant leur première tentative, à détourner l’attention des forces de l’ordre, réussiront un peu plus tard, seuls ou en groupes, en usant des coudes, parfois en courant et en se faufilant parmi les voitures, jusqu’au niveau du siège de la wilaya.
Là encore un barrage de police a été installé pour les empêcher de progresser, mais après de petites échauffourées ils ont réussi à franchir tous les obstacles, et sont arrivés, vers 11H, devant le siège de l’APN. Pour éviter toute confrontation, les étudiants se sont assis à même le sol, en portant sur leur tête les couleurs nationales pour se protéger du soleil, tout enscandant des slogans pour «exiger le départ de Mouad Bouchareb», et à l’adresse des députés : «Djazayer Amana Khentouha ya khawana,» (Vous avez trahi la confiance du peuple : NDLR).
Mohamed Amrouni