Alors que l’incertitude imprègne fortement l’issue du second tour des élections présidentielles françaises qui mettra aux prises le 24 avril, Emmanuel Macron et Marine Le Pen, le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, était mercredi à Alger.
Le but de sa visite : poursuivre le travail engagé sur la relance, en cours, des relations bilatérales entre l’Algérie et la France qu’il a qualifiées d’«essentielles pour chacun de nos deux pays», selon sa déclaration à l’issue de l’audience- un «long entretien», a-t-il dit- que lui a accordé le président Abdelmadjid Tebboune, en présence du ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra. En perspective : «une réunion prochaine du Comité de Haut niveau entre les gouvernements français et algérien», estime Jean-Yves Le Drian, sans donner de date précise.
En fait, la date de la réunion du Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN) dépend, pour l’heure, du résultat des élections en France. Sera-t-elle renvoyée aux calendes grecques, si Marine Le Pen devient présidente de la République en France ? D’autre part, rien n’indique que le CIHN se tiendrait dans l’immédiat si c’est Emmanuel Macron qui est reconduit pour un deuxième mandat. En outre, la crise ukrainienne a commencé à produire son effet sur l’Union européenne, directement, et sur les relations internationales plus largement. Dans tous les cas, pour le chef de la diplomatie française, les deux pays souhaitent inscrire leurs relations bilatérales « dans la durée ».
Lui-même souligne qu’il accorde « beaucoup d’importance » à se retrouver à nouveau à Alger, quatre mois après sa précédente visite. Il a rappelé les liens « historiques profonds, des liens humains multiples entre nos deux peuples de part et d’autre de la Méditerranée». Il appelle à les «inscrire dans une perspective historique d’avenir». Jean-Yves Le Drian a cité les dossiers abordés lors de sa visite: les défis régionaux auxquels font face les deux pays, dont celui du terrorisme; la coopération entre l’Algérie et la France dans le domaine de la sécurité pour la stabilisation de l’environnement régional, « indispensable en Méditerranée comme en Afrique »; l’évolution de la situation au Sahel ; la relance du processus de transition en Libye, il estime que l’Algérie et la France ont des « défis stratégiques partagés »; la crise en Ukraine et ses répercussions sur « la sécurité de l’Europe et la stabilité internationale ».
Ces dossiers sensibles ont été abordés «dans un esprit de confiance, un esprit de solidarité, cet esprit qui préside à d’autres partenariats », a-t-il ajouté. La venue à Alger du ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères à Alger a été décrite par des observateurs comme une visite éclair, plutôt discrète, annoncée quelques heures avant de façon sommaire, et qui ressemble, un peu, à celle qu’il a effectuée en décembre dernier.
Salah Goudjil reçoit un appel téléphonique de Gérard Larcher
Le même jour, mercredi, le président du Conseil de la nation, Salah Goudjil, a reçu un appel téléphonique du président du Sénat français, Gérard Larcher, au cours duquel ils ont examiné les moyens de « redynamiser » les relations parlementaires entre les deux pays, selon un communiqué du Conseil.
Il s’agit, précise le communiqué, du rétablissement des relations interparlementaires en entamant les préparatifs pour l’organisation, en Algérie, de la deuxième édition du forum parlementaire bilatéral de haut niveau entre le Conseil de la nation et le Sénat Français ». Les deux parties ont également échangé les vues sur « les développements des questions d’intérêts communs. Salah Goudjil a fait observer que « la crise en Ukraine a fait ressortir une guerre médiatique violente », rappelant le rôle joué par l’Algérie au niveau bilatéral mais aussi dans le cadre du groupe de contact arabe chargé de la crise ukrainienne qui œuvre à parvenir à l’apaisement et au règlement pacifique du conflit ».
M’hamed Rebah