Évincé de la présidence de l’Assemblée populaire nationale (APN) de force jusqu’à à l’empêcher d’accéder à son bureau à l’hémicycle, en «cadenassant » les portes de l’Institution parlementaire, décidé par l’actuel occupant du poste de la présidence de l’APN, Mouad Bouchareb, Saïd Bouhadja, compte y revenir, pour reprendre son poste. Samedi dernier en annonçant qu’il compte saisir le Conseil d’État et le Conseil constitutionnel pour obtenir qu’il soit réhabilité dans son poste de président de la chambre basse du Parlement, le jour même de la sortie médiatique du nouveau SG installé fraichement à la tête du FLN, Mohamed Djemaï. Malgré le fait qu’une pétition de destitution a été adoptée par la « majorité absolue » des députés (FLN, RND, TAJ, MPA et Indépendants) qui se sont dit refuser de travailler avec Saïd Bouhadja, ce dernier n’a jamais présenté sa démission, se considérant toujours comme le président légitime de l’APN, accusant Mouad Bouchareb d’avoir usurpé sa fonction avec le soutien des députés, et fait usage frauduleusement de son cachet. Il semble que le départ de Bouchareb risque d’être une question de temps, après avoir été écarté de la tête du Parti FLN. Il pourrait également perdre, dans les jours à venir, son poste de président de l’APN. Au sein du FLN, les cadres et les députés semblent même en avoir la conviction ferme. Le processus visant à remplacer le président de l’APN est déjà lancé et le plan pour cette destitution n’est qu’une question de temps. On ne serait pas étonné si l’on voit, dans quelques jours, les mêmes députés qui ont applaudi la montée de Bouchareb à la présidence de l’APN opérer le retrait de confiance à ce dernier, posture au sens du vent qui doit souffler dans l’enceinte de l’APN, sur fond de l’impact du mouvement populaire pacifique, sur la scène nationale. Pour rappel, samedi dernier, le nouvel homme fort du FLN, Mohamed Djemaï, lui qui a lu le communiqué de destitution de Bouhadja et de plébiscite de Bouchareb, a laissé entendre cette option. Il a déclaré, en effet, qu’au «parti FLN, le temps des désignations par des coups de téléphone est révolu et le temps des cooptations et d’accaparement des institutions de l’État est révolu » a-t-il martelé. Reste à savoir combien de temps faudra-t-il à Bouhadja pour retrouver son poste qui lui a été «volé» ? avec le soutien de la majorité, qui lui a signifié clairement qu’elle ne voulait pas travailler avec lui. Même son parti avait adhéré à cette démarche de «cadenas» qui a fortement porté atteinte à une APN, déjà affaiblie par l’illégitimité de ses députés, alors que peu de députés de l’opposition l’avaient soutenu, lors de l’opération de sa destitution. Rappelons, par ailleurs, que Bouhadja s’est toujours défendu que l’ex-président Bouteflika, le soutenait, allant jusqu’à lancer à ses détracteurs que « c’est le président de la République qui m’a placé,, au poste de président de l’APN ». Il y a lieu de rappeler que Saïd Bouhadja a pris tout le monde de cours, lors de l’annonce du dépôt de son dossier de candidat, à la candidature de la présidentielle, du 18 avril dernier, annulée par l’ex-président de la République, après avoir renoncé à son 5e mandat, sous la pression du mouvement populaire pacifique du 22 février dernier. Saïd Bouhadja avait fait volteface; le lendemain devant la presse, annonçant son retrait de la course présidentielle, déclarant : «Je ne suis pas candidat » avant de quitter la salle du Conseil constitutionnel, sans donner d’explications ou de raisons à son retrait. Bouhadja récupèrera-t-il son fauteuil et quel rôle réserve-t-on à l’APN en ces jours précis, rythmé par un acteur majeur, celui du peuple, dans sa mobilisation pacifique, pour le changement politique en place ?
Hamid Mecheri