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Hadj Tahar Boulenour et mustafa Zebdi au « Forum du Courrier d’Algérie » : «Comment faire baisser les prix par une culture de l’achat et de la consommation !»

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Ramadhan 2018 frappe déjà aux portes ; c’est le mois de la spiritualité et la rahma, mais aussi, pour les Algériens, celui des dépenses et des achats à tout-va. Des approvisionnements de guerre, une frénésie à faire les marchés et stocker les fruits et légumes chez soi.

Certains légumes atteignent déjà des pics, comme la tomate (700% d’augmentation en une semaine), d’autres touchent le fond, comme l’ail (600 dinars contre 2000 dinars le Ramadhan 2017).
Comment fonctionne le marché des fruits et légumes ? Quels en sont ses ressorts ? La fièvre de l’approvisionnement fait-elle monter les prix ? Le comportement des consommateurs influe-t-il sur cette montée des prix ? Comment réguler le marché et inculquer au citoyen algérien une culture saine et modérée ?
Hadj Tahar Boulanouar, président de l’Association nationale des commerçants et artisans algériens, et Mustafa Zebdi, président de l’Association nationale de la protection du consommateur et de l’Environnement, étaient les noms les mieux indiqués pour répondre à ce genre de questions, et, hier, ils étaient, exceptionnellement, les deux invités, en même temps, du «Forum du Courrier d’Algérie», pour apporter des éléments nouveaux dans ce regard posé sur le marché et sur le consommateur durant le mois sacré de Ramadhan et répondre aux questions des journalistes invités. D’autant qu’ils sont très liés au ministère du Commerce, comme à celui de l’Agriculture, et ont des attaches avec les divers gouvernements, ne serait-ce que sur le plan des consultations et réglages nécessaires en pareille saison.
Contradictoire, le débat l’était à plus d’un titre, d’autant que chacun des deux invités défendait une cause définie, celle des commerçants, pour Boulenour, et celle du consommateur, pour Zebdi. Mais on trouvait des points de convergences comme la volatibilité du marché, le manque de contrôle rigoureux du ministère, la nécessité d’éduquer le consommateur et d’impliquer, hormis le côté répression du ministère du Commerce, celui de l’Éducation nationale et des Affaires religieuses : «Il y a une grosse dépense d’argent et un gaspillage coupable de la part des gens ; il faut y remédier en régulant le marché et en impliquant les ministère compétents, car au final ce sont autant les achats à tout-va que le grand gaspillage quotidien qui vident les étals et font monter les prix des produits alimentaires».
Pour Zebdi, au contraire, «le consommateur ressent cette batterie de lois répressives déterrées avant Ramadhan par le ministère du Commerce comme une situation anormale et réagit de manière anormale en s’approvisionnant à outrance, d’où la hausse de la demande dans un marché saturé, et cela se répercute par une flambée des prix. Mais soyons juste, cette année, nous assistons à la hausse de certains produits, et non pas à une flambée de tous les prix ». La culture de la consommation est un droit pour tout citoyen et nous avons failli à cette mission d’éduquer le consommateur algérien», surenchérit-il.
Zebdi pointe un doigt accusateur sur les commerçants, «qui usent de subterfuges pour faire monter les prix des produits alimentaires, des fruits et des légumes, durant le Ramadhan», et au contraire de Boulenouar, encense le marché informel : «Heureusement que le marché informel est là pour réguler les prix, sinon le consommateur est littéralement étouffé». Comment cela ? «Parce que justement, les prix de l’informel sont plus bas, accessibles, et on voit que le consommateur s’alimente au marché informel, en fruits et légumes, pour échapper à la flambée des prix constatée sur le marché légal». Et de mettre en avant cet aveu d’un ministre algérien, qui reconnaissait il y a peu, qu’il s’était approvisionné chez un marchand ambulant qui vendait la pomme de terre à seulement 40 dinars». Ce raccourci n’échappe pas à Boulenouar, qui estime que le marché parallèle est une des causes de la hausse des prix et de s’expliquer : «Des barons de l’informel s’approvisionnent directement chez les paysans, sans passer par le marché de gros, puis vont revendre des tonnes à moindre coût, c’est vrai, mais en appauvrissant le marché légal, et en y incrustant de nouvelles doses pour la spéculation. Au final, ce sont les quantités insuffisantes sur les étals du marché formel qui font que certains produits connaissent des hausses en ce mois sacré ». De plus, il pointe un doigt accusateur sur le marché de l’informel en ce sens où, sans contrôle, ni visibilité des sources d’approvisionnement, il peut constituer une menace pour la santé publique !»
Mais, au final, que fait-on pour pallier à des manquements sans nom qui s’étalent à l’infini ? Pour Zebdi, ce qu’il faut, en premier, c’est «réguler le marché». Il faut aussi avoir « des réponses aux questions que le consommateur pose». Et de renchérir : «ne suis pas un facteur ! Je reçois des informations sur des dérives qui touchent à la santé publique et je fais vite d’alerter les autorités. Or, je reçois rarement des réponses aux questions que je soulève». Pour Boulenouar, «il y a lieu d’augmenter les marchés de proximité, seuls capables de résorber la spéculation et de fournir des produits de qualité et en bonne quantité, ce qui sera bénéfique sur les prix pour les consommateurs ; or le déficit en est à quelque 600 marchés à travers tout le pays». «Plus de 1000 renchérit Zebdi, qui, dans un calcul simple, démontre que si on joue la carte des marchés de proximité, on doit instaurer un marché dans chaque commune, or plus de la moitié des communes algériennes ne sont pas pourvues de marché ».
Ceux qui sont rentrés au Forum avec une pointe d’animosité l’un vers l’autre en sont ressortis avec une poignée de main fraternelle : «On défend chacun un parti, mais au final, on doit œuvrer pour le bien des Algériens, commerçants, consommateurs ».
Optimiste, non ? Attendons les premiers jours du mois de Ramadhan pour en avoir le cœur net.
F. O.

Bio Express

ZebdiMUSTAPHA ZEBDI – BIO EXPRESS –
Né le 4 janvier 1970 à Bologhine (Alger), Mustapha Zebdi est président de l’Association de protection et orientation du consommateur et son environnement (APOCE), dont il était le fondateur en 2015. Avant de diriger cette association nationale, il avait créé, quatre années plutôt, l’APOCE représentative de la wilaya d’Alger.
-Carrière professionnelle : Zebdi exerce la profession de médecin dans la santé publique depuis 2001.
-Etudes supérieures: Faculté de médecine de l’université d’Alger.
-Centres d’intérêt : Epris des actions de bénévolat depuis 2010 qui l’on conduit d’ailleurs à présider les destinées d’une association consumériste, parmi les plus écoutées à l’échelle nationale, Zebdi est aussi féru d’activités sportives et de loisirs, telles le football et le jeu d’échecs.
-Autres : militant et acteur dévoué au mouvement consumériste, Zebdi a eu à participer à plusieurs colloques nationaux, universitaires notamment, qui traitent de thématiques axées autour des notions, telles le pouvoir d’achat, la culture de consommation ainsi que le domaine de l’E-commerce.

HADJ TAHAR BOULENOUAR – BIO EXPRESS – HADJ
Né le 17 novembre 1957 à Tipasa, Hadj Tahar Boulenouar, marié, deux enfants,  est président de l’Association nationale des commerçants et artisans (ANCA), depuis 2015, dont il est un membre fondateur. Par le passé, il était porte-parole de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA).
-Carrière professionnelle : entre 1980 et 1996, Boulenouar avait exercé la profession d’enseignant de la littérature arabe au niveau d’un établissement secondaire à Tipasa. Pendant la même période, et en parallèle à son travail, le défenseur des commerçants et des artisans algériens avait exercé comme pigiste et correspondant de presse pour le compte de journaux nationaux et étrangers.
-Centres d’intérêt : le président de l’ANCA est féru de plusieurs disciplines sportives,  comme le tennis de table, la natation ou encore le jeu d’échecs, qui lui a valu un prix régional lorsqu’il était au service militaire.
-Autres : de par son parcours de défenseur invétéré des droits des commerçants et des artisans, Boulenouar a eu l’honneur de participer à plusieurs congrès et séminaires dédiés aux activités économiques, entrepreneuriales, commerçantes et artisanales. Il est également membre actif dans d’autres associations à vocations scientifique, culturelle, sportive et caritative.

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