Au 88e jour après l’annonce du cessez le feu en mars dernier le génocide d’extermination mené par l’occupant sioniste contre la population palestinienne de Ghaza, les bombardements se sont intensifiés hier, tuant au moins 15 civils, dont plusieurs personnes affamées qui attendaient de l’aide humanitaire.
Les frappes ont visé le centre et le nord de l’enclave assiégée, notamment dans les régions de Deir el-Balah, Gaza-ville, Jabalia et Khan Younès. Parmi les victimes figurent des Palestiniens qui espéraient récupérer de la nourriture distribuée par la soi-disant « Fondation humanitaire de Ghaza », une initiative conjointe israélo-américaine largement dénoncée pour sa gestion humiliante et dangereuse des aides. Dans un contexte où le blocus israélien a plongé l’ensemble du territoire dans une catastrophe humanitaire, la situation empire dramatiquement : les services de secours sont paralysés par la coupure totale des réseaux de télécommunications et d’internet, tandis que les hôpitaux manquent de sang et de matériel médical. Des dizaines de victimes ont été enregistrées tôt ce matin dans plusieurs quartiers, notamment à l’est de Deir el-Balah, dans le camp de Nuseirat, ainsi qu’à Ghaza-ville. L’armée israélienne a notamment frappé le quartier d’Al-Tuffah, le carrefour d’Al-Sanafour et les secteurs de Zaytoun, Shujaiya et Al-Daraj. Les bombardements, menés aussi bien par l’aviation que par l’artillerie au sol, ont visé des habitations, des attroupements de civils, et même les alentours d’hôpitaux comme celui de Nasser à Khan Younès. Selon les sources hospitalières, 10 personnes sont mortes et des dizaines d’autres ont été blessées alors qu’elles attendaient l’arrivée de camions d’aide près de la route côtière Al-Rashid et autour du carrefour de la rue des Martyrs, au sud de Gaza-ville. D’autres civils ont été tués ou blessés à l’arme lourde à Al-Waha et Al-Sudaniya, au nord-ouest de la ville. Près de Rafah, deux Palestiniens ont été tués à proximité d’un centre de distribution géré par une entreprise américaine. À Nuseirat, quatre autres ont été abattus près du pont de Wadi Ghaza.
Une aide « humiliante et inefficace » selon l’ONU
Face à ces scènes insoutenables, le commissaire général de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, a dénoncé avec force la nouvelle méthode de distribution d’aide imposée à Ghaza par les États-Unis et Israël. « Ce modèle, marqué par le chaos et la perte de dignité, ne peut pas être une solution à la faim », a-t-il déclaré sur la plateforme X. Lazzarini a qualifié cette gestion humanitaire de « jeux de la faim », tout en rappelant que les agences de l’ONU, notamment l’UNRWA, disposent de l’expertise, de l’infrastructure et de la confiance communautaire nécessaires pour fournir une aide humanitaire digne et sécurisée. Il a exhorté à cesser d’entraver le travail des acteurs humanitaires sur le terrain.
Une coupure numérique totale de Ghaza
Depuis hier, l’enclave est plongée dans un isolement numérique complet. Israël a coupé les dernières lignes de fibre optique, mettant fin à toute connexion internet et téléphonique dans les zones centrales et méridionales de Ghaza, après l’avoir déjà fait dans le nord. Selon l’ONU, cela paralyse gravement les opérations de secours et rend toute coordination quasiment impossible. L’UNRWA a déclaré avoir totalement perdu le contact avec ses équipes sur le terrain. Cette stratégie, déjà utilisée lors des précédentes offensives, accroît les souffrances des civils et freine la documentation des crimes de guerre.
Une crise sanitaire sans précédent
Les hôpitaux sont débordés et privés de ressources. Le ministère de la Santé a lancé un appel urgent à l’introduction de poches de sang. Les bombardements incessants, le blocus et la malnutrition généralisée empêchent les citoyens de faire des dons, créant une pénurie dramatique. Le système de santé de Ghaza, déjà en ruine, est au bord de l’effondrement. Selon les données des hôpitaux, au moins 58 Palestiniens ont été tués depuis l’aube d’hier, dont 32 personnes qui attendaient de l’aide alimentaire.
Genèse d’un génocide
Depuis le 7 octobre 2023, Israël mène une guerre totale à Ghaza, caractérisée par des massacres, des destructions systématiques, un blocus asphyxiant, et des déplacements forcés. En 20 mois, plus de 182 000 Palestiniens ont été tués ou blessés. 11 000 personnes sont portées disparues, souvent sous les décombres, et des centaines de milliers d’autres sont sans abri, errant dans un territoire réduit en ruines. Les enfants et les femmes représentent la majorité des victimes. La famine, provoquée délibérément par le blocus et les restrictions, a déjà coûté la vie à de nombreux enfants.
Tentatives diplomatiques fragiles
Alors que l’ampleur des crimes commis à Ghaza continue de susciter une indignation mondiale, des discussions informelles se poursuivent entre la résistance palestinienne et les médiateurs. Un haut responsable du mouvement de la résistance palestinienne a confirmé à Al Jazeera l’existence d’échanges autour d’un possible cessez-le-feu. Toutefois, il a rejeté les versions avancées par le gouvernement israélien, les qualifiant de « falsifications de la réalité ». Le massacre en cours à Ghaza dépasse toute limite humaine. Le ciblage direct de civils affamés, l’isolement numérique total et la destruction systématique du tissu sanitaire et social de l’enclave révèlent une stratégie délibérée d’extermination. Face à ce crime de masse, la communauté internationale reste largement impuissante. Plus que jamais, l’urgence est à une action décisive pour mettre fin à cette guerre et protéger les populations civiles, prises en otage d’un conflit qui ne cesse de s’enfoncer dans l’horreur.
M. Seghilani