Dans un revirement inattendu, les États-Unis et la Chine ont décidé d’abaisser fortement leurs droits de douane respectifs à compter du 14 mai, instaurant une trêve de 90 jours dans leur guerre commerciale.
Ce geste vise à relancer le dialogue économique tout en apaisant des marchés financiers fortement secoués ces dernières semaines. Sans finaliser de « grand accord », les États-Unis et la Chine ont annoncé ce 12 mai une réduction mutuelle de leurs tarifs douaniers pour une durée initiale de 90 jours, selon un communiqué commun publié à l’issue de deux jours de négociations à Genève. D’après CNN, la décision prendra effet le 14 mai et s’inscrit dans une volonté partagée d’apaisement. Les États-Unis réduisent ainsi leurs droits sur les produits chinois de 145 % à 30 %, tandis que Pékin ramène les siens de 125 % à 10 %, selon les précisions de Bloomberg. Cette réduction correspond à une baisse réciproque de 115 points de pourcentage, tout en maintenant un tarif résiduel de 10 % de base sur les importations.
Des déclarations « conciliantes » de part et d’autre
Le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, a affirmé lors d’une conférence de presse dimanche, que « ni Washington ni Pékin ne veulent une rupture totale », confirmant l’orientation plus coopérative des deux délégations. Toujours selon CNN, il a ajouté que l’accord ne concerne pas les tarifs sectoriels, notamment les 25 % sur l’acier, l’aluminium ou les voitures, ni la taxe spécifique de 20 % imposée aux produits chinois en lien avec la crise du fentanyl. Du côté chinois, selon le média CGTN, les autorités suspendront ou annuleront également certaines contre-mesures non tarifaires adoptées depuis le 2 avril, dont des restrictions à l’exportation sur des terres rares essentielles à l’industrie américaine. Le ministère chinois du Commerce a salué cette avancée comme un « pas important vers une résolution équitable des différends commerciaux ».
Vers une reprise des discussions commerciales
Cette trêve tarifaire temporaire doit durer jusqu’au 10 août. Elle offre un délai pour tenter de conclure un accord plus large. Les deux parties ont convenu d’instaurer un mécanisme de négociation continue, alternant entre les deux pays, avec à leur tête le vice-Premier ministre chinois He Lifeng, le secrétaire au Trésor américain Scott Bessent, et le représentant au commerce Jamieson Greer.
L’impact immédiat a été visible sur les marchés. Selon Bloomberg, les bourses asiatiques et européennes ont bondi, le Hang Seng de Hong Kong progressant de 3 %, tandis que les contrats à terme du Nasdaq et du S&P 500 grimpaient respectivement de 3,5 % et 2,5 %.
Les médias occidentaux, dont The Guardian et CNN, ont qualifié cette décision de percée inattendue, après plusieurs semaines de blocage. Le président Trump avait imposé une série de hausses tarifaires massives depuis le 2 avril, prétendant vouloir corriger le déficit commercial et punir le laxisme chinois sur la question du fentanyl. Pourtant, selon Politico, la pression économique intérieure et l’effondrement des chaînes d’approvisionnement ont contraint Washington à revenir partiellement sur sa stratégie.
Des progrès « substantiels » dans les négociations commerciales entre Washington et Pékin »
Les responsables américains ont fait état de « progrès substantiels » à l’issue de deux jours de négociations avec la Chine à Genève, afin de faire baisser les tensions commerciales entre les deux premières économies mondiales. Le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, a affirmé dimanche que les discussions avaient permis de faire « des progrès substantiels », dans une brève déclaration à la presse à l’issue de la rencontre de deux jours avec le vice-Premier ministre chinois He Lifeng.
Les divergences commerciales entre les deux pays, survenues après la révision à la hausse par la partie américaine des droits de douane, « ne sont pas aussi grandes que l’on pouvait l’imaginer », a ajouté Jamieson Greer, le représentant américain au Commerce, devant les journalistes en Suisse.
Les deux responsables américains n’ont répondu à aucune question et M. Bessent a précisé que les détails du plan en discussion seraient présentés lundi. Samedi soir, commentant les discussions à Genève, le président américain Donald Trump avait semblé vouloir repartir à zéro, après avoir imposé des droits de douanes élevés aux produits chinois importés aux Etats-Unis. Pékin a répondu en instaurant de son côté des hausses sur les droits de douane appliqués aux produits américains importés par la Chine. « Une remise à zéro a été négociée de manière amicale mais constructive », avait écrit M. Trump sur les réseaux sociaux.
Du côté chinois, la presse locale avait qualifié les discussions d' »étape importante dans la promotion de la résolution du contentieux ». L’importance de l’enjeu de ces discussions se reflétaient dans le haut niveau de représentation. La rencontre, tenue à huis-clos à Genève, est la première en face à face de hauts responsables des deux plus grandes économies mondiales depuis que M. Trump a imposé le mois dernier une surtaxe de 145% sur les marchandises venant de Chine, en plus des droits de douane préexistants. Pékin avait riposté avec 125% de droits de douane sur les produits américains.
R. I.
