L’hécatombe se poursuit dans la bande de Ghaza, où le blocus sioniste, les bombardements incessants, la famine organisée et l’effondrement total du système de santé ont transformé l’enclave palestinienne en un cimetière à ciel ouvert.
Depuis le début de la guerre génocidaire menée par Israël le 7 octobre 2023, plus de 60 939 Palestiniens ont été tués, dont près d’un tiers d’enfants, selon les dernières données publiées par le ministère de la Santé à Ghaza.
À ces morts s’ajoutent plus de 150 000 blessés et des milliers de disparus encore coincés sous les décombres. Au cœur de cette tragédie humaine : une politique israélienne de famine délibérée, dénoncée par les Nations unies et de nombreuses organisations humanitaires internationales. Le ministère de la Santé de Ghaza a annoncé lundi que le nombre de Palestiniens morts de malnutrition et de famine depuis le 7 octobre a atteint 180 personnes, dont 93 enfants. Rien que ces dernières 24 heures, cinq décès dus à la famine ont été enregistrés, tous des adultes, dans les hôpitaux du territoire. Cette famine n’est pas le fruit d’un hasard ou d’une pénurie naturelle. Elle résulte d’une stratégie militaire : le 2 mars 2024, Israël a fermé tous les points d’entrée de l’aide humanitaire, médicale et alimentaire, aggravant encore les souffrances de plus de deux millions de Palestiniens enfermés dans l’enclave. Bien qu’Israël ait prétendu autoriser l’entrée de quelques dizaines de camions humanitaires fin août, les autorités locales dénoncent une orchestration du pillage de ces convois, insuffisants de toute façon : Ghaza a besoin d’au moins 600 camions par jour pour assurer la survie minimale de sa population.
Toute la population à soif ou presque !
Dans un rapport accablant publié récemment, l’ONU a averti que 96 % des familles à Ghaza sont confrontées à une insécurité hydrique totale, et que 90 % de la population est privée d’eau potable sûre à la consommation. Une situation jugée alarmante par les agences humanitaires, alors que le spectre de la famine plane toujours sur l’enclave palestinienne, soumise depuis des mois à un siège et à des bombardements israéliens constants. Le rapport souligne également que 75 % des habitants ont un accès très limité aux toilettes, ce qui aggrave une crise sanitaire déjà dramatique. L’ONU a qualifié la situation d’« urgence humanitaire majeure » et a de nouveau exhorté à une levée immédiate du blocus pour permettre l’acheminement d’eau, de nourriture et de médicaments. Le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme de l’ONU a pour sa part recensé la mort de 1 373 Palestiniens depuis le 27 mai, tués alors qu’ils tentaient d’accéder à de la nourriture à travers les initiatives de l’organisation caritative « Ghaza Humanitarian Foundation ». Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies, a condamné la stratégie de la faim utilisée par Israël comme un outil de guerre génocidaire, qualifiant la situation à Ghaza de « catastrophe humanitaire effroyable ».
Les enfants, premières victimes
Le drame humanitaire frappe de plein fouet les enfants. La malnutrition aiguë touche plus de 100 000 enfants et femmes, selon le Programme alimentaire mondial. À cela s’ajoute l’apparition de maladies neurologiques graves, comme le syndrome de Guillain-Barré, provoqué par des infections virales en environnement insalubre, affaibli par la guerre et la sous-alimentation. Le ministère de la Santé a confirmé la mort récente de trois enfants atteints de cette pathologie, faute de traitement disponible à cause du blocus. « Ce ne sont pas seulement des enfants morts, ce sont des alertes d’une épidémie majeure imminente », a mis en garde le ministère, appelant à une intervention internationale urgente pour acheminer médicaments et traitements vitaux, et lever le siège meurtrier imposé à Ghaza.
Massacres contre des civils affamés
À cette famine s’ajoutent des massacres délibérés de civils en quête d’aide humanitaire. Ces dernières 48 heures, au moins 70 Palestiniens, dont 37 personnes faisant la queue pour de la nourriture, ont été tués par les forces d’occupation israéliennes dans plusieurs zones de la bande de Ghaza. Le dimanche 3 août, 14 Palestiniens ont été assassinés alors qu’ils attendaient de l’aide à Zikim (nord-ouest), tandis que 300 blessés ont été recensés dans différents points de distribution de vivres et de médicaments. Le coordinateur humanitaire d’Oxfam a qualifié ces actes de « génocide manifeste », dénonçant le blocage volontaire des aides par Israël, empêchant même les missions de l’ONU d’évaluer la situation sur le terrain.
« Ce n’est pas une crise humanitaire, c’est un crime continu », a-t-il déclaré. Selon les chiffres du ministère de la Santé, le nombre de Palestiniens tués en tentant d’obtenir une aide humanitaire s’élève à 1 516 personnes, avec 10 067 blessés. Ces chiffres glaçants illustrent une volonté systématique de punir la population civile par la faim et la terreur.
Une guerre contre les enfants, femmes et malades
Depuis le début de la guerre, 18 430 enfants ont été tués, représentant 30,8 % du total des victimes. 9 735 femmes ont également péri, soit 16,1 %, et 4 429 personnes âgées, soit 7,3 %. Le ministère a publié la liste complète des 60 199 victimes identifiées à la date du 31 juillet, avec noms, âges, numéros d’identité, et dates de naissance, dans un effort de transparence et de commémoration des martyrs. Le système de santé est en ruine : les hôpitaux ne disposent ni de médicaments, ni de compléments nutritionnels, ni de matériel chirurgical de base. La prévention et le traitement des épidémies sont impossibles, dans un contexte où la malnutrition fragilise tous les patients. Des cas de poliomyélite ont également été détectés, conséquence directe de la guerre et du manque d’hygiène.
Silence complice et résistance internationale
Malgré les appels répétés de l’ONU et les décisions de la Cour internationale de justice ordonnant un cessez-le-feu et la levée du siège, Israël poursuit sa guerre d’extermination, avec l’appui militaire et politique des États-Unis. En réaction, une pression internationale grandissante s’exerce sur le gouvernement de Benjamin Netanyahou. Une lettre signée par plus de 600 anciens responsables sécuritaires israéliens, dont d’anciens chefs du Mossad et de l’armée, a été adressée à l’ancien président américain Donald Trump, lui demandant d’intervenir pour imposer un cessez-le-feu. Même Amos Yadlin, ex-chef du renseignement militaire israélien, a reconnu qu’Israël était « épuisée, isolée, en échec stratégique », soulignant que la résistance palestinienne « s’est réorganisée ».
Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a lui aussi lancé un appel urgent à l’augmentation de l’aide médicale. Selon les autorités de Ghaza, plus de 22 000 camions d’aide humanitaire sont bloqués à l’extérieur de l’enclave, empêchés d’entrer par les forces sionistes. Dans ce contexte, le porte-parole des Brigades Al-Qassam, Abou Obeïda, a déclaré que la résistance palestinienne était prête à permettre l’introduction d’aliments et de médicaments aux prisonniers israéliens, à condition d’un accès humanitaire général, durable et non conditionné pour tous les habitants de Ghaza.
L’urgence humanitaire est totale. La guerre israélienne contre Ghaza n’est plus seulement une guerre conventionnelle : c’est une guerre contre les civils, contre la vie, contre l’enfance. Une guerre où la faim, la maladie, l’isolement et le bombardement ciblent les plus vulnérables, pendant que le monde regarde, souvent silencieux. Le bilan macabre s’alourdit chaque heure. L’histoire retiendra que, dans une société moderne, on a laissé mourir de faim des enfants, volontairement, méthodiquement, sous les yeux d’un monde qui dispose des moyens d’agir, mais tarde encore à intervenir efficacement.
M. Seghilani