Une recrudescence des cas de leishmaniose cutanée et une résistance de la brucellose ont été observées en 2018 dans la wilaya de Ghardaïa, par rapport aux années l’ayant précédées, révèle un bilan de la direction locale de la Santé et de la Population (DSP). Les cas de leishmaniose cutanée, zoonose parasitaire transmise par un insecte «le phlébotome», ont enregistré une recrudescence durant l’année 2018 avec 444 contre 323 en 2017 et 383 en 2016. La répartition des cas de leishmaniose cutanée correspond globalement à la situation épidémiologique des cinq dernières années dans la wilaya, en plaçant toujours la région de Guerrara avec 281 des cas, suivi de Ghardaia (55), Métlili (36) et Berriane (32), parmi les localités touchées, précise le document. Cette pathologie de type cutanée connait une hausse dans la wilaya notamment à Guerrara, en dépit de la mise en place d’un dispositif de lutte contre les vecteurs de maladies épidémiologiques et la réalisation des réseaux d’assainissement et autres stations d’épuration dans ces localités, est-il indiqué. La campagne de lutte contre cette pathologie a connu plusieurs difficultés justifiées par notamment des perturbations dans l’aspersion des gites de phlébotome et la désinfection des habitations au niveau de plusieurs communes de la wilaya, le manque d’hygiène de l’environnement, la prolifération des étables et autres écuries dans des quartiers urbains.
De nombreux responsables de structures de santé, qui ont indiqué que cette zoonose constitue «un lourd fardeau financier’’, ont précisé que la leishmaniose risque un accroissement en raison de la dégradation de l’hygiène du milieu, du cadre de vie et l’urbanisation anarchique qui constituent un «facteur à risque’’ dans la wilaya. Pour les cas de brucellose humaine, zoonose contracté au contact d’animaux d’élevage, à la consommation de lait cru ou de produits laitiers à base de lait cru notamment la «kamaria’’ (fromage traditionnel du terroir), elle a atteint durant l’année écoulée 219 cas contre 213 en 2017 et 1.547 cas en 2016, selon le bilan de la DSP.
Cette résistance de la brucellose dans la wilaya est attribuée au non-respect et au mépris des règles d’hygiène et sanitaire, au refus de quelques éleveurs de vacciner leurs cheptels prétextant que les vaccins sont à l’origine des avortements chez les femelles en gestation (sans preuves) et l’utilisation par plusieurs éleveurs d’un géniteur mâle porteur de bactéries, selon une enquête épidémiologique réalisée par les services vétérinaire de Ghardaia.
La vente de lait non pasteurisé de vache, de caprin et camelin à l’état brut dans des bouteilles usitées destinées à l’eau minérale et de la kamaria sur la voie publique, est à l’origine de la résistance de cette pathologie, en dépit de l’interdiction par arrêté de wilaya, constatent de nombreux praticiens contactés par l’APS. De nombreux consommateurs de la région de Ghardaïa, notamment des malades chroniques croyant aux vertus du lait naturel cru, estiment fermement que le lait est un ‘’produit aseptisé naturellement’’ qu’il faut boire sans le faire bouillir, ce qui a engendré cette hausse de cas de brucellose humaine, selon ces praticiens.
La prévention efficace passe par le renforcement des mesures d’hygiène et d’assainissement, notamment à travers l’éradication des insectes transmetteurs de maladies et la régulation du transport de bestiaux et de leur chaine alimentaire, l’élimination des gites de moustiques ainsi que la lutte contre la prolifération d’animaux nuisibles tels que les chiens et chats errants, ont-ils souligné.
La sensibilisation des citoyens sur la nécessité de consommer les produits contrôlés, de bouillir le lait dans tous les cas et de lutter contre la dégradation du milieu, constituent les seuls moyens pour éradiquer ces zoonoses en absence de vaccin, a-t-on prévenu à la direction locale du secteur de la santé.