Troisième ou quatrième plus grande réserve de gaz de schiste au monde, l’Algérie dispose de quoi consommer à l’interne et à exporter en la matière pendant 150 ans. C’est ce qu’a révélé le P-DG de Sonatrach, Toufik Hakkar qui, s’exprimant lundi soir à la Télévision nationale, a qualifié les réserves en gaz non conventionnel de l’Algérie de « considérables ».
Les déclarations du patron du groupe pétrolier national s’apprêtent à plusieurs lectures, mais dont la finalité reste la même. À savoir que, l’Algérie se dirige vers une exploitation de cette ressource qui est en abondance tant cela va de la sécurité énergétique du pays. Ainsi, selon les estimations les réserves algériennes en gaz de schiste s’élèvent à 9 800 milliards de m3, soit quatre fois plus que la ressource conventionnelle. En effet, plusieurs facteurs vont dans le sens de consolider le choix d’aller vers l’exploitation du gaz non conventionnel.
En février 2020, lors de sa toute première entrevue médiatique avec la presse nationale, le président de la République avait estimé que son exploitation était « nécessaire ». « Si nous voulons améliorer le niveau de vie (de l’Algérien), cette richesse (gaz de schiste » doit être exploitée », avait-il répondu alors à une question, ajoutant qu’« une richesse que Dieu vous a donnée, pourquoi vous en priver ? »
Au-delà d’un potentiel énorme que l’Algérie est appelée à exploiter à long terme, les premiers tests d’exploration entamés en 2015 à In Salah n’ont pas été sans provoquer des manifestations des populations du Sud. Et pour cause, à ce moment-là, les choses ont été menées dans la précipitation par l’ancien gouvernement. Ceci, alors que la sagesse voudrait que le projet se soit précédé par un travail de sensibilisation auprès des citoyens du Sud en vue de rassurer au sujet de l’impact sur l’environnement et la population de l’exploitation de cette source d’énergie fossile. « C’était une erreur ! Les citoyens n’étaient pas préparés pour l’exploitation du gaz de schiste. Nous avons un vaste territoire mais nous sommes allés à In Salah», avait, cependant, expliqué le chef de l’Etat. Au volet extérieur, l’Algérie a dû constater la baisse historique des réserves européennes en gaz, quoiqu’il reste un facteur de conjoncture, à l’origine de la hausse des prix en cette source énergétique, histoire de repenser sa stratégie énergétique à long terme. C’est d’autant plus que notre pays est pourvoyeur de quelque 25 à 30 % des besoins européens en gaz, qu’il faudra réfléchir à comment maintenir à flot la production dans le but de garder ses parts de marché. Interrogé, justement, sur le profit de Sonatrach suite à la hausse des prix du gaz sur les marchés extérieurs, Hakkar a indiqué que de « faibles volumes de gaz naturel sont commercialisés sur les marchés spot par Sonatrach qui donne la priorité à la préservation de la relation commerciale à long terme avec ses partenaires historiques. »
Cependant, ajoute—t-il, « nos contrats à long et à moyen terme contiennent des clauses qui nous donnent l’opportunité de réviser les prix tous les trois ou quatre ans, selon la nature du client et du contrat. » Pour le patron de Sonatrach, que les prix « peuvent être révisés dans l’intérêt de l’Algérie et de Sonatrach dans des contextes exceptionnels du marché, comme c’est le cas actuellement. »
Farid Guellil