Il est de bonne guerre que chaque nation défende ses intérêts économiques et stratégiques, et établisse une diplomatie en conséquence. Mais de là à chahuter chaque initiative d’un pays voisin, qu’il elle soit d’ordre historique, culturel, sportif et autres, nous rappelle combien le royaume de Mohamed 6 se plaît tant dans son rôle de majordome et de carte aux mains de l’entité sioniste. Mais il faut de tout pour faire un monde, ne dit-on pas que quand les chiens aboient, la caravane passe ? Spécialiste dans l’art de revendiquer la paternité de presque tout ce que l’Algérie a enfanté, le Makhzen ne connaît vraiment plus ses limites. La rivalité semble l’avoir aveuglé au point de fouiner là où rien ne l’oblige, une ligne rouge que l’État algérien est prêt à soulever une tempête de sable pour la protéger. La détermination de l’Algérie à donner une dimension grandiose à l’exploitation de la mine de Gara Djebilet, a suscité certaines sueurs froides chez le voisin de l’Ouest. Situé près de la frontière marocaine, d’une capacité de production de 2 à 3 millions de tonnes de minerai de fer par an pour la première phase 2022/2025, puis de 40 à 50 millions de tonnes à partir de 2026, permettant une économie de devises pour l’Algérie de plus de 60 millions de dollars par an. Un méga-projet qui a fini par réveiller le « démon maghrébin ». Peu importe, l’Algérie est bel et bien décidée à exploiter cette mine précieuse, et d’accompagner le développement de la dynamique de production de l’acier dans le pays, un levier salutaire en vue de satisfaire ses besoins en sidérurgie et ceux de ses partenaires étrangers, et couvrir ainsi la demande intérieure et à l’exportation.
Tindouf ou l’incontestable souveraineté
Usant d’une carte vieille de plus de 50 ans, à savoir l’accord signé en 1972 entre l’Algérie et le Maroc pour la création d’une société mixte pour la mise en œuvre de la mine de Gara Djebilet, le Makhzen laisse croire que cette entente est toujours en cours de validité. Il oublie néanmoins de préciser que l’Algérie est propriétaire de ce gisement minier, situé de surcroît sur son territoire, et relevant de sa pleine et entière souveraineté. Une suite logique à un long parcours de reniements, de provocations et d’actions hostiles à l’égard de l’Algérie, et concernant Gara Djebilet, le contraire d’une telle jalousie et esprit de rivalité maladive, aurait été étonnant. À titre de simple rappel, le Maroc avait déjà agité la menace d’un véto contre le projet algéro-chinois, l’été dernier, voilà qu’il récidive au lendemain d’un récent accord entre l’Algérie et la Turquie, pour l’exploitation de la mine. Après le Raï, le Zellige, le Caftan, cette tendance symptomatique de vouloir s’emparer des expressions, tendances vestimentaires, culinaires et culturelles, et tout attrait qui relève de la civilisation et des ressources. C’est à se demander si même le « Mhadjeb » n’a pas été insufflé par les ancêtres marocains. S’estimant en droit de partager les bénéfices liés à la production du minerai de Gara Djebilet, le royaume de M6 se morfond dans ce qu’il y a de plus ridicule.
L’émancipation de l’Algérie, une épine dans les babouches
Décidément, il n’y a pas que la corruption, l’espionnage et le trafic de drogue, dans lesquels le Maroc excelle, bien au-delà, le dérisoire ne dérange en aucun cas les contestataires de la souveraineté et de l’émancipation algériennes. Des protocoles de partenariat entrepris entre l’Algérie et les investisseurs étrangers, étant donné que l’exploitation minière engendre le développement des voies ferrées et des infrastructures, favorise le secteur de l’agriculture, ouvrant la voie à des perspectives économiques d’envergure, au niveau régional, continental et international pour l’Algérie. Une énième revendication sordide de Rabat prise dans le tourbillon de l’occupation marocaine illégitime au Sahara occidental, sur un air de normalisation et de soumission aux instances sionistes. Une sortie, encore une fois hasardeuse, du pion marocain, qui nous rappelle bien à quel point l’avancée de l’Algérie dans ses projets commerciaux, énergétiques et géostratégiques en perspective, tels la Transsaharienne et le Gazoduc Nigiria-Algerie. Des enjeux, au profit de l’Algérie, que le Makhzen tente, par tous les moyens, de fausser et de mettre en échec. Une épine dans les babouches des serviteurs.
Hamid Si Ahmed