La rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des droits de l’Homme dans les territoires palestiniens occupés, Francesca Albanese, a lancé hier, une alerte contre la stratégie israélienne à Ghaza. Elle accuse l’occupant sioniste d’instrumentaliser l’aide humanitaire pour masquer des crimes de guerre, tout en appelant la communauté internationale à agir fermement.
«La communauté internationale doit mettre fin à l’usage délibéré et continu, par Israël, des mécanismes humanitaires pour dissimuler et faciliter la perpétration de crimes atroces à Ghaza », a-t-elle déclaré. Selon elle, « nous assistons toujours à une dissimulation humanitaire brutale qui a conduit à des atrocités graves ». Elle dénonce la manière dont Israël simule des initiatives humanitaires, tout en maintenant une emprise totale sur Ghaza et en privant méthodiquement la population assiégée d’une aide vitale. Albanese a mis en garde contre une stratégie « délibérée » visant à dissimuler les atrocités, en multipliant les déplacements forcés, les bombardements de civils déjà déplacés, les brûlures infligées à des Palestiniens encore vivants, et la mutilation des survivants. « Tout cela est camouflé sous un langage humanitaire afin de détourner l’attention internationale de toute responsabilité juridique », a-t-elle ajouté, dénonçant une tentative d’Israël de déconstruire les fondements même du droit humanitaire. Elle a également exprimé les vives inquiétudes de l’ONU et d’autres acteurs humanitaires concernant le dispositif d’aide mis en place par Israël, notamment la création de « l’Institution humanitaire de Ghaza », soutenue par Tel-Aviv et Washington. Selon Albanese, cette structure, qui opère sous contrôle militaire intégral, viole les principes fondamentaux du droit international humanitaire : humanité, impartialité, indépendance et neutralité. Elle a souligné que des images et vidéos effroyables circulant sur les réseaux montrent comment cette prétendue aide est administrée : des civils palestiniens non armés sont pris pour cibles par l’armée israélienne. « Il semble qu’il n’existe aucune limite aux agissements d’Israël », a-t-elle déclaré. En tant que puissance occupante, rappelle-t-elle, Israël a l’obligation de faciliter l’entrée de l’aide humanitaire sans condition politique ou militaire. Or, après onze semaines de blocus total, l’aide qui a réussi à atteindre Ghaza n’est, selon elle « qu’une goutte dans l’océan ». « Affamer un peuple pendant des mois puis lui tirer dessus lorsqu’il mendie de la nourriture, c’est une cruauté méthodique », a-t-elle dénoncé. Face à cette situation dramatique, Francesca Albanese a estimé que le temps des sanctions est venu. Elle a condamné les déclarations de responsables israéliens appelant à l’extermination des enfants palestiniens, tout en évoquant des sondages dans les médias israéliens selon lesquels plus de 80 % de la population soutiendrait le transfert forcé des Palestiniens de Ghaza. Elle a réitéré son appel à un embargo total sur les armes et à la suspension de toute forme de commerce avec Israël, précisant que l’opinion publique mondiale reconnaît de plus en plus les actes commis à Ghaza comme un génocide. « Le bombardement incessant, le blocus alimentaire, et le soutien massif de la population israélienne rendent la situation insoutenable, une insulte aux principes et valeurs de l’ONU », a-t-elle ajouté. « Les États ne peuvent plus rester les bras croisés». Francesca Albanese a rappelé les décisions historiques de la Cour internationale de justice, notamment son avis consultatif du 19 juillet 2024 et ses ordonnances du 26 janvier et du 24 mai 2024, dans l’affaire opposant l’Afrique du Sud à Israël. Ces décisions, selon elle, doivent inciter les États à passer à l’action. « Chaque jour sans action concrète est un jour de plus où le sang des innocents est versé », a-t-elle martelé. En conclusion, la rapporteuse spéciale a dénoncé la complicité des États et des entreprises qui continuent de fournir un soutien matériel et politique à Israël. « La gravité de la conduite d’Israël n’a d’égale que le silence et la complicité des gouvernements et des sociétés qui en tirent profit. Le moment de la reddition des comptes ne peut plus être différé». Elle appelle l’ONU et les États à mettre en place, en urgence, un mécanisme de protection indépendant, sur lequel Israël n’aurait aucune autorité. « Israël ne détient aucune souveraineté sur les territoires occupés. Il est temps d’agir. Les peuples du monde observent. Et l’Histoire s’en souviendra».
M. Seghilani