Les grèves contre la réforme des retraites ont fait reculer l’économie française en fin d’année, qui affiche un ralentissement plus fort que prévu sur l’ensemble de 2019, même si la France résiste au contexte international défavorable.
La croissance économique a ralenti à 1,2% en 2019, selon une première estimation publiée vendredi, pour s’établir en deçà des 1,3% qu’anticipaient à la fois l’Insee, la Banque de France et le gouvernement. Ce décalage s’explique par la contre-performance de l’économie française au dernier trimestre, marqué par le mouvement de grève contre la réforme des retraites en décembre. L’économie française a carrément reculé de 0,1% au quatrième trimestre, quand l’Insee prévoyait une progression de 0,3%. Il s’agit du premier recul de l’activité sur un trimestre depuis le deuxième trimestre de 2016. La production de biens et services a particulièrement souffert sur la période (-0,2% par rapport au trimestre précédent), illustrant par exemple les blocages des raffineries ou la grève dans les transports. Les entreprises ont ainsi préféré écouler leurs stocks. L’investissement a lui fortement ralenti à +0,3%, et c’est le cas aussi, dans une moindre mesure, de la consommation des ménages (+0,2% après +0,4%).
« Ce ralentissement passager ne remet (…) pas en cause les fondamentaux de la croissance française, qui sont solides », a réagi le ministre de l’Economie Bruno Le Maire. Il note que si la production a fortement baissé en décembre, « la consommation des ménages et les investissements des entreprises résistent ».
Sur l’ensemble de l’année, l’économie française marque en effet une certaine résistance dans un contexte international défavorable, marqué par les tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis ou encore les inquiétudes liées au Brexit. La croissance française s’affiche ainsi légèrement supérieure à celle de la zone euro, anticipée à 1,1%, et largement meilleure que celle de notre voisin allemand, tombée à 0,6%.
Avec une économie moins ouverte à l’international, la France a pu compter sur une demande intérieure relativement forte. Si la production a souffert du dernier trimestre, avec une progression annuelle de 1,6%, après 2% l’année précédente, l’investissement a été dynamique, en hausse de 3,6%, après 2,8% en 2018, tandis que le commerce extérieur a pénalisé la croissance, avec une forte augmentation des importations et un ralentissement des exportations.
Manque d’élan pour 2020
L’élément le plus positif vient de la consommation des ménages, qui a accéléré à 1,2% après 0,9% en 2018. Cette accélération reste toutefois encore modeste par rapport à la hausse de plus de 2% du pouvoir d’achat des ménages anciticipée par l’Insee – dans la foulée des mesures prises par le gouvernement pour calmer le mouvement des « gilets jaunes » – mais surtout par rapport au recul du chômage l’an dernier qui a augmenté le revenu des ménages.
Les économistes s’attendent à ce que la consommation accélère encore davantage cette année pour soutenir plus nettement la croissance française et prendre le relai de l’investissement des entreprises qui devrait refluer. En 2020, le gouvernement table sur une croissance de 1,3%, tandis que la Banque de France prévoit 1,1%, soit son taux le plus bas depuis 2016.
Mais, la contre-performance de la fin d’année 2019 pourrait contrecarrer ces prévisions, l’économie française démarrant 2020 sans grand élan. Pour atteindre 1,3% sur l’année, « la croissance par trimestre devrait être de 0,45%. Cela paraît excessif.
Ce serait plus du double de la croissance constatée en 2019 (0,21% en moyenne par trimestre), prévient dans une note Philippe Waechter, chef économiste chez Ostrum Asset Management.