Manuel Valls a mis en garde samedi les frondeurs du Parti socialiste contre le risque de voir Marine Le Pen se qualifier pour le second tour de l’élection présidentielle de 2017 et la gauche disparaître. Le Premier ministre a estimé devant le Conseil national du PS, à Paris, qu’un tel scénario ouvrirait une nouvelle ère, dans laquelle la gauche «qui n’a jamais été aussi faible dans l’histoire de la Ve République peut mourir». «Nous pourrions basculer dans une nouvelle ère. Une ère dans laquelle un des grands partis républicains, et sans que cela soit une surprise, peut être absent de grand rendez-vous électoral», a-t-il dit. «Et si rien n’est fait, ça peut être la droite, a peut être nous, par conséquent une ère dans laquelle la gauche peut aussi disparaître», a-t-il ajouté. «Notre pays peut se défaire et se donner à Marine Le Pen». En 2002, Jean-Marie Le Pen, aujourd’hui président d’honneur du Front national, s’était qualifié pour le second tour de la présidentielle au détriment du socialiste Lionel Jospin, provoquant un séisme politique. Depuis, le parti dirigé par sa fille, Marine Le Pen, est arrivé en tête eux élections européennes du 25 mai, devant l’UMP et le PS, relégué en troisième position. Selon Manuel Valls, il «n’existe pas d’alternative à gauche» comme l’ont montré les récents scrutins. «Nous sentons bien que nous sommes arrivés au bout de quelque chose, au bout peut-être même d’un cycle historique pour notre parti».
En conséquence, le Premier ministre estime que les socialistes doivent «se réinventer». «Et nous réinventer dans un contexte particulier: l’exercice du pouvoir, faute de ne l’avoir pas fait dans l’opposition», a-t-il souligné. Jean-Christophe Cambadélis, le Premier secrétaire du parti, a convenu que le PS devait «ouvrir un nouveau cycle» et a souhaité un «programme minimum» entre les forces de gauche. «Le PS a décidé d’ouvrir un travail de fond, car il n’est plus identifié dans le champ politique», a-t-il déclaré devant les militants. Manuel Valls fait face à une contestation grandissante de la gauche du parti et du collectif de «l’appel des cent», qui réclament une réorientation immédiate de la politique économique et sociale de l’exécutif.
Le Premier ministre a insisté sur la nécessité, pour les socialistes, de voter les textes traduisant le Pacte de responsabilité et de solidarité, soulignant que «prendre un autre chemin conduirait à l’échec».