Le paiement des subventions accordées par l’État à la production de lait cru ne relève plus, désormais, de l’Office national interprofessionnel du lait (Onil) et sera, en outre, assujetti à un agrément sanitaire, selon des informations recueillies auprès d’un responsable au ministère de l’Agriculture.
Le directeur de la régulation et du développement de la production agricole au ministère de l’Agriculture, Chérif Omari, a déclaré que dès le mois de mai prochain, l’octroi des subventions sera décentralisé pour être assuré par les Directions des services agricoles des wilayas (DSA) chargées de les verser aux éleveurs, aux collecteurs et aux transformateurs. Par ailleurs, ce responsable a affirmé que cette mission relevait exclusivement de l’Onil qui va ainsi se consacrer uniquement au développement de la filière sur le plan technique, la vulgarisation et l’incitation à l’investissement. La décentralisation du système de paiement des subventions fait partie d’une batterie de mesures prises par le gouvernement, en octobre dernier, pour remédier aux lenteurs administratives et relancer la filière lait en misant sur la production nationale avec l’objectif de réduire les importations de la poudre de lait de 50% à l’horizon 2019. L’Algérie importe en moyenne 350.000 tonnes de poudre de lait annuellement dont 50% sont importées par l’Onil qui les redistribue aux laiteries sous forme de quotas subventionnés, pour produire du lait pasteurisé conditionné en sachet vendu au prix administré de 25 DA/litre. Pour préparer ce basculement d’un système centralisé à un dispositif de proximité, le ministère de l’Agriculture a organisé des regroupements régionaux de formation au profit des responsables locaux en vue de s’imprégner du mode de fonctionnement du paiement des subventions. Suite à de nombreuses réunions de concertation avec les professionnels pour augmenter le prix de référence du lait cru, principal facteur de la crise qui avait secoué la filière en 2015, le gouvernement avait accepté une augmentation de la subvention, accordée aux éleveurs, de deux (2) DA supplémentaires.
Cette prime est ainsi passée de 12 DA/litre à 14 DA/litre depuis novembre dernier, auxquels s’ajoutent les 36 DA qui est le prix de cession du lait cru aux laiteries au lieu de 34 DA auparavant. Ainsi, le prix du litre de lait cru vendu par l’éleveur est passé à 50 DA au lieu de 46 DA. Omari a estimé que c’est un soutien important pour booster la production nationale en lait cru. Néanmoins, les pouvoirs publics ont assujetti l’octroi des deux (2) DA supplémentaires à l’éleveur à un agrément sanitaire délivré par les services vétérinaires. En conséquence, l’administration a fixé aux éleveurs un délai d’une année, allant du 2 novembre 2015 au 2 novembre 2016, pour se mettre à niveau, c’est-à-dire recenser leur cheptel et effectuer un suivi vétérinaire en vue d’obtenir cet agrément. Le même responsable a avancé que celui qui n’a pas ce document sanitaire, il ne bénéficiera pas des deux (2) DA.
C’est une incitation à la production d’un lait de qualité et à la sécurisation des élevages contre d’éventuelles maladies. La filière compte plus de 40.000 éleveurs avec un (1) million de vaches laitières dont 3.000 sont des Bovins laitiers modernes (BLM) qui sont des races de vaches, importées, dotées d’un haut potentiel de rendement laitier.
Il est relevé que les mesures prises par le gouvernement pour relancer la filière, dont notamment l’élargissement du soutien de l’État aux cultures fourragères, ont suscité un engouement auprès des industriels et de grands éleveurs qui se sont lancé dans l’investissement laitier. Une quarantaine de projets intégrés ont été déposés auprès de la Cellule de facilitation des investissements, installée en janvier dernier, en vue d’aider les opérateurs à concrétiser leurs projets. Omari a assuré que ce sont des laiteries leaders et de grands éleveurs qui veulent mettre en place des fermes d’élevage intensives et intégrées.
D‘autre part, il a signalé que des industriels se sont engagé à investir dans l’amont de la filière pour sécuriser leur production en fourrage, et à faire baisser les importations de la poudre de lait.
Par ailleurs, il a cité les cas d’un transformateur qui a déposé un dossier d’investissement d’une exploitation de 3.000 têtes, la première du genre en Algérie en terme de nombre de vaches, et d’un autre industriel privé qui a déjà entamé son projet de production de fourrages avec des unités d’ensilage et d’enrubannage (conditionnement).
En outre, il est à rappeler que la facture des importations de lait en poudre, crèmes de lait et matières grasses laitières utilisés comme intrants dans le secteur laitier, a chuté de 1,04 milliard $ en 2015 contre 1,91 milliard $ en 2014, selon des informations recueillies auprès des Douanes. En ce qui concerne les quantités importées, elles ont légèrement diminué à 372 252,44 tonnes (t) contre 395 898,2 t, selon le Centre national de traitement des données et des statistiques des Douanes (CNIS). Ainsi, la facture a chuté de 45,48% en 2015 par rapport à l’année précédente, alors que les quantités importées ont diminué à un moindre rythme de l’ordre de 5,97%.
Lazreg Aounallah/Aps