Qui aurait pu imaginer que le FFS et le RCD, dont les «idées» sont diamétralement opposées, pourraient se réunir, un jour, autour de la même table ? Et, cerise sur le gâteau, ces «frères ennemis» vont être entourés par des dirigeants islamistes qui étaient, faut-il le rappeler encore, considérés dans un passé pas si lointain comme étant la source de la crise que vit le pays.
C’est en effet une première dans les annales de la politique algérienne. Car, ces deux partis qui ont été, à un moment donné, des acteurs incontournables sur la scène politique nationale ne se sont jamais réunis même aux temps forts de la crise qu’a vécue l’Algérie. Il est donc légitime de se poser des questions sur les raisons, les vraies, qui ont motivé le vieux parti de l’opposition à prendre part à la Conférence nationale sur la transition démocratique qu’organisera la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD) demain (10 juin, ndlr) au niveau de l’hôtel Mazafran de Zéralda. Dans un communiqué rendu public, avant-hier, le parti de Hocine Aït-Ahmed explique qu’il a accepté de répondre favorablement à l’invitation pour exposer son point de vue sur cette conférence «dans un esprit de consensus et pour des raisons de principes». Le FFS ne s’étale pas trop sur sa participation et laisse, du coup, une marge de manœuvre qui lui permettra, peut-être, de rectifier le tir au «moment opportun».
La preuve en est que celui-ci a bien pris le soin de laisser planer des doutes quant à sa participation ou non aux consultations sur le projet de la révision constitutionnelle. Une omission ? Pas du tout, car il ne faut pas être un diplômé d’une grande école de sciences po ou un politique chevronné pour déduire que le Front des forces socialistes veut tâter le terrain du côté de la CNLTD. Cela d’une part. D’autre part, le vieux parti de l’opposition avait déjà souligné auparavant, via un membre de son présidium, Ali Laskri en l’occurrence, que le consensus national devait être l’œuvre de toutes les parties, y compris le pouvoir. En d’autres termes, la participation du vieux parti de l’opposition aux consultations en question est tributaire des décisions qui seront prises lors de la rencontre de demain par rapport à cette idée et, aussi, de la disposition du pouvoir quant à la concrétisation d’une telle «feuille de route». En tout cas, les organisateurs de la conférence nationale sur la transition démocratique se félicitent du fait que les partis de l’opposition vont, pour la première fois, discuter ensemble. Mais, il faut admettre que la prise de décisions communes susceptibles de satisfaire tout le monde serait une tâche difficile, pour ne pas dire qu’elle relève d’une mission impossible, et ce, compte tenu des divergences dans les lignes politiques des participants. La particularité de cette rencontre réside aussi dans le fait que Kamel Guemazi et Ali Djeddi qui ne sont autres que des anciens dirigeants du parti dissous, le FIS, y sont associés. La CNLTD qui regroupe le RCD, le MSP, le FJD, Ennahda et l’ancien chef de gouvernement, Ahmed Benbitour, a également invité plusieurs personnalités, à l’instar de Mouloud Hamrouche, Sid Ahmed Ghozali et Ali Yahia Abdennour.
Les revendications de cette dernière se résument, surtout, dans l’installation d’un gouvernement de transition démocratique consensuel et la mise en place d’une commission permanente qui aura pour mission la surveillance du processus électoral de bout en bout. Pour rappel, la tenue de la conférence nationale sur la transition démocratique était prévue initialement au niveau de l’hôtel Hilton, avant que celui-ci annule la réservation, en avançant le motif de l’«indisponibilité de place». Une réponse qui n’avait pas, rappelons-le, «convaincu» les acteurs de la CNLTD qui parlaient plutôt d’une «décision politique».
Soufiane Dadi