À l’occasion de la Journée internationale des travailleurs, célébrée le 1er mai, des manifestations, d’une ampleur inédite ont eu lieu dans plusieurs pays à travers le monde, mêlant revendications sociales et soutien affiché au peuple palestinien.
De Rabat à New York, en passant par Paris, Berlin, Stockholm ou encore Bruxelles, les cortèges ont exprimé une même solidarité envers Ghaza et une opposition ferme à ce que de nombreux manifestants qualifient de « génocide » en cours. En France, les manifestations ont été marquées par une forte répression policière. Plusieurs drapeaux palestiniens ont été confisqués, suscitant des débats houleux sur les limites de la liberté d’expression. Outre-Atlantique, à New York, ainsi qu’en Suède et en Belgique, des manifestations ont eu lieu dans le même esprit, liant les luttes syndicales à la dénonciation de l’occupation israélienne. À Berlin, plus de 5 500 personnes, selon la police, ont participé à une manifestation organisée par le syndicat allemand pour réclamer de meilleures conditions de travail et une hausse des salaires. De nombreuses banderoles appelaient aussi à la fin des conflits en Ukraine et à Ghaza, dénonçant l’impasse militaire de l’Europe. Quelque 6 000 policiers ont été mobilisés pour encadrer les manifestations dans la capitale allemande, qui a vu pas moins de 30 rassemblements distincts. Dans le domaine culturel, la campagne BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) a salué l’annulation d’un concert prévu à Bristol, réunissant les musiciens Jonny Greenwood et Dudu Tassa. Le collectif accuse les artistes de complicité dans la banalisation de l’apartheid israélien, notamment en raison de la participation de Tassa à des événements soutenus par les ministères israéliens de la Défense et de la Culture, destinés aux soldats engagés dans la guerre contre Ghaza. BDS demande également l’annulation d’un autre concert prévu le 25 juin à la Hackney Church. À Washington, l’organisation Médecins contre le génocide a organisé une veillée devant le Capitole. Des dizaines de médecins ont appelé à la levée immédiate du blocus de Ghaza et à un cessez-le-feu permanent. Les slogans « Du pain, pas des bombes » et « Laissez les enfants manger » ont résonné devant les institutions américaines. Des actions plus radicales ont aussi été menées au Royaume-Uni, où le groupe « Palestine Action » a revendiqué des attaques nocturnes contre trois sites de la compagnie d’assurance Allianz, accusée de fournir une couverture à des fabricants d’armes israéliens, dont Elbit Systems. En parallèle, une protestation s’est tenue devant l’usine UAV Engines Ltd, filiale d’Elbit. Sur le front universitaire, des étudiants du Swarthmore College aux États-Unis ont installé un campement sur leur campus pour dénoncer les investissements de l’établissement dans des entreprises soutenant l’occupation israélienne. Le camp, dédié à la mémoire du journaliste palestinien Hossam Shabat, tué en mars dernier, sera maintenu jusqu’à satisfaction de leurs revendications. Un 1er mai 2025 placé sous le signe de la convergence des luttes : travail, justice sociale, paix et solidarité internationale. Les mobilisations, bien que diverses dans leurs revendications locales, ont témoigné d’une conscience politique globale de plus en plus interconnectée.
M. Seghilani