Robert De Niro allongé sur une photo géante de son père glissant sur le fleuve Hudson: des premières images d’un documentaire intimiste que l’artiste français JR prépare sur la légende du cinéma américain ont été projetées à Cannes. « Je fais ça pour des raisons que j’ignore », a confié lors d’une masterclass l’acteur de 81 ans, qui a reçu une Palme d’or d’honneur en ouverture du 78e Festival de Cannes. « Nul ne sait ce que ça va donner », a-t-il ajouté devant une salle pleine à craquer qui l’a accueilli par une longue ovation debout. Depuis plusieurs années, le photographe JR, connu pour ses tirages noir et blanc XXL, filme De Niro dans l’atelier new-yorkais de son père décédé en 1993, peintre méconnu qui portait le même nom que lui. La star de « Taxi Driver » a même confié à JR le soin de lire les journaux intimes de son géniteur, que lui-même n’a jamais lus.
Ce documentaire « sera peut-être fini dans un an, dans trois ans », a dit De Niro. « Je ne sais même pas si on le montrera un jour ». Les premières images montrent également une photo géante de la mère de De Niro affleurant à la surface de l’Hudson. De son propre aveu, l’acteur américain rechigne souvent à être filmé dans son intimité. « C’est parfois ennuyeux et je ne veux pas le faire mais je sais que je le dois », a-t-il indiqué, assurant se prêter à l’exercice pour ses parents, ses enfants et « la postérité ». La mort, « j’en ai peur mais je sais que je n’ai pas le choix », a-t-il confié. « Et quand vous savez que vous n’avez pas le choix, vous pouvez commencer à réfléchir à la façon de gérer ça (…) en embrassant la vie ».
Pour Pedro Pascal, le cinéma ne doit pas se laisser intimider par Trump
Il ne faut pas avoir peur de critiquer Donald Trump, a déclaré l’acteur chilo-américain Pedro Pascal samedi à Cannes, appelant ceux qui tentent d’intimider le monde du cinéma à « aller se faire voir ailleurs ». La star des séries « The Last of Us » et « Narcos » y présentait « Eddington », un néo-western au coeur d’une Amérique au bord de la rupture, signé Ari Aster, où il incarne le maire d’une bourgade du Nouveau-Mexique. Le film, qui dresse un portrait satirique d’une Amérique déchirée par les théories du complot, la violence et le racisme, a été imaginé avant le retour de Donald Trump au pouvoir. « Que ceux qui essaient de vous faire peur aillent se faire voir ailleurs ! », a lancé l’acteur de 50 ans. « Continuez à raconter des histoires, continuez à vous exprimer et continuez à vous battre pour être qui vous êtes ! » a-t-il poursuivi. Pedro Pascal a appelé à « combattre », notamment en « racontant des histoires ». « Ne les laissez pas gagner ! ». Interrogé sur les politiques migratoires de Donald Trump, le comédien a aussi fait part de l’expérience de sa famille, réfugiée du Chili. « Je veux que les gens soient en sécurité et protégés. Je veux aussi vivre du bon côté de l’Histoire. Je suis un immigré, mes parents sont des réfugiés chiliens, je suis aussi réfugié », a-t-il déclaré. « Nous avons fui une dictature et j’ai eu le privilège de grandir aux Etats-Unis, après avoir trouvé l’asile au Danemark. Et si ça n’avait pas été le cas, je ne sais pas ce que nous serions devenus. Donc je serai toujours favorable à ces protections » des demandeurs d’asile, a-t-il poursuivi. A l’ouverture du Festival de Cannes, l’acteur Robert de Niro avait livré une charge contre le président américain, qualifié « d’inculte ». Aux États-Unis, « nous luttons d’arrache-pied pour défendre la démocratie que nous considérions toujours comme acquise », avait lancé l’acteur de 81 ans, avant d’ajouter que les artistes sont « une menace pour les autocrates et les fascistes de ce monde ».