À deux jours de l’entame du mois sacré, les marchés et les grandes surfaces ne se désemplissent pas des consommateurs qui se précipitent à s’approvisionner en différents produits de base pour la cuisine du Ramadhan. Une frénésie « justifiée » chez la plupart par une crainte de pénuries.
Ce phénomène qui refait surface chaque année à l’approche d’une occasion religieuse ou de fêtes, notamment le mois de Ramadhan, peut causer la pénurie des produits alimentaires. En effet, les citoyens précipitent à acheter la semoule, l’huile de table, la farine… à des quantités importantes et les stocker chez eux, comme si une crise alimentaire était là. En dépit du fait que les autorités et les responsables ne cessent de rassurer de la disponibilité de tous les produits avant et pendant les Ramadhan, prenant dans ce cadre plusieurs mesures à l’instar de l’ouverture des points de vente directs et des marchés de proximité dépassant les 500 espaces. Salah, un père de famille, retraité, qu’on a rencontré hier lors d’une virée matinale à Alger, nous a confirmé cette tendance chez l’Algérien à la veille du Ramadhan. « Pour être franc j’ai pris l’habitude comme chaque année de faire mes courses pour le Ramadhan, une semaine à l’avance », confie-t-il. « J’ai déjà quelques bouteilles de l’huile de table et de la farine chez moi, de crainte de pénuries », ajouta-t-il. Également, Amina, jeune femme et mère de quatre enfants, n’a pas caché son inquiétude. « Je ne crois pas aux promesses, je ne veux pas me retrouver sans huile à la mi du mois, je préfère faire le stock et prendre mes précautions au moins je serais à l’aise », expliqua-t-elle.
Un comportement pointé du doigt
Notant que ce comportement devenu généralisé dans notre société est attesté derrière la pénurie, et ce malgré l’abondance de la production. Selon les sociologues, ce phénomène a été hérité au fil des années par les Algériens, et a pris de l’ampleur par la suite à cause des rumeurs diffusées sur les réseaux sociaux, et aussi la spéculation pratiquée par certains commerçants.
Pour le président de l’association El Aman pour la protection des consommateurs, Hacène Menouar, le consommateur est « le premier responsable » de la pénurie, à cause de son comportement. C’est pour cela qu’ il est appelé à rationaliser ses achats pendant ce mois sacré. De son côté, l’Union générale des commerçants et artisans, a indiqué que les usines et les moulins ont doublé la production mais malheureusement, « l’empressement » des citoyens peut causer un déséquilibre du marché. Aussi les commerçants de gâteaux traditionnels spécial Ramadhan, à l’instar du commerce de Zelabia et Kalbalouz achètent des quantités « irrationnelles » d’huile et de semoule subventionnés, et les stockent pour les utiliser tout au long du mois sacré.
Déstockage des fruits et légumes pour réduire les prix
Rappelant dans ce cadre, que les ministères de l’Agriculture et celui du Commerce ont pris plusieurs mesures pour assurer la disponibilité des produits de large consommation pendant le Ramadhan. D’ailleurs, au lendemain de son installation, à la tête du ministère du Commerce, Tayeb Zitoun a, en effet, présidé, une réunion de coordination avec les cadres et directeurs du secteur, ainsi que les responsables des entreprises et organismes sous tutelle.
L’ordre du jour a porté sur les préparatifs en cours à la veille du mois sacré du Ramadhan, et sur plusieurs questions liées au secteur, indique un communiqué de son département. À l’issue de la réunion, plusieurs directives ont été adressées concernant les préparatifs du mois sacré de Ramadhan. Le ministre a ordonné de redoubler d’efforts pour approvisionner les marchés en produits de large consommation, notamment l’huile de table et la semoule. Aussi, est-il prôné d’associer tous les acteurs et partenaires, notamment les organisations et associations professionnelles. Par ailleurs, il a exigé le déstockage des fruits et légumes, surtout l’oignon afin de réduire leurs prix sur le marché et faire face à toute spéculation.
Dans le même ordre d’idées, le ministre a exigé le contrôle continu de l’approvisionnement des 551 marchés de proximité. Au cours de la rencontre, Tayeb Zitouni a souligné la nécessité de présenter des statistiques précises à l’opinion publique nationale.
Sarah Oubraham