Le risque qui pèse sur la sécurité hydrique du pays, menacée par les conséquences du changement climatique mais tributaire également de la politique menée par le gouvernement dans ce domaine, a été abordé par Abdelkrim Chelghoum, spécialiste des risques majeurs, sur les ondes de la chaîne 3 de la Radio algérienne dont il était l’invité de la rédaction hier matin. président du club des risques majeurs et directeur de recherche à l’USTHB, Abdelkrim Chelghoum a décrit le stress hydrique comme une menace réelle qui touche à la sécurité nationale d’un pays. Il insiste sur une gestion très pointue des ressources hydriques. Il appelle notamment à accélérer et parfaire la captation des eaux de ruissellement par des retenues collinaires, l’aménagement technique des bassins et des sous bassins versants, des barrages,… Il estime que c’est très important. Il cite les statistiques de l’année dernière au cours de laquelle 32 wilayas ont été inondées. Il faut capter l’eau qui tombe du ciel. Les pluies n’ont pas manqué en ce mois d’avril. Les Bulletins météorologiques spéciaux (BMS) émis par l’Office national de la météorologie, ont accompagné systématiquement les annonces de pluies dont les quantités ont souvent atteint ou dépassé 50 mm. Dans les grands ensembles de logements récemment créés, qui ont donné lieu pratiquement à de nouvelles petites villes, l’eau de pluie récupérée sur place pourrait être utilisée pour l’arrosage des espaces verts et pour le nettoyage de la voie publique. Mais, auparavant, la démarche –complètement ignorée, à ce jour- d’économie d’eau est indispensable. C’est comme si l’eau était disponible en quantités illimitées. Le gaspillage de l’eau est perceptible à l’œil nu, au moment où, entre coupures pour travaux et coupures pour rationnement, les Algériens sont exposés en permanence à la crainte du manque d’eau au robinet. La notion d’efficience dans l’utilisation de l’eau est également ignorée. Le nettoyage de la voie publique est souvent effectué de façon formelle, routinière, comme s’il s’agissait de seulement vider la citerne d’eau et non pas laver réellement et correctement les trottoirs, la chaussée et les places publiques. Les agents communaux chargés de ce travail, censés être formés à cette tâche et encadrés, donnent l’impression d’être abandonnés à eux-mêmes. Résultat : après leur passage, ce n’est pas plus propre, les traces de saleté n’ont pas disparu, à cause du mélange eau-poussières qui n’est pas évacué. D’autre part, les trottoirs eux-mêmes sont parfois défoncés,… Ainsi, de l’eau, parfois potable, est utilisée en pure perte, en grandes quantités, dans les opérations de lavage de la voie publique. Autant l’économie d’eau est ignorée, autant le «tout équipement» est encouragé par les pouvoirs publics. Les informations sur les réalisations d’infrastructures, les projets en cours et ceux qui sont envisagés, dans le domaine des ressources en eau, sont données quasiment chaque jour par les médias, alors que celles qui ont trait à l’économie d’eau sont rarissimes. Tout récemment, le ministre des Ressources en eau et de la Sécurité hydrique, Karim Hasni, et le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, accompagnés du Wali d’Alger, Ahmed Mabed, ont fait une visite d’inspection à la station de dessalement d’eau de mer de la commune de Bordj El Kiffan, mise en service au début de ce mois, et ont également inspecté le projet de réalisation d’une autre station de dessalement, dans la commune d’El Marsa, à l’est de la wilaya d’Alger. Leur visite s’inscrit dans le cadre du programme de renforcement des capacités de dessalement d’eau de mer, pour lutter contre le stress hydrique dans le grand Alger. De telles informations sont fréquentes. Plus rarement, on apprend qu’un nouveau mode de gouvernance est mis en place afin d’assurer une gestion durable des ressources en eau, comme c’est le cas dans la zone saharienne et présaharienne du pays.
M’hamed Rebah