Dans un climat de polarisation internationale qui s’accentue, l’Afrique est devenue le théâtre de la concurrence entre les grandes puissances et de luttes d’influence, en vue de s’accaparer les richesses du continent, qui détient environ un tiers des réserves minérales mondiales, et 65% des terres arables de la planète.
De quoi susciter la convoitise de nombreux pays développés, qui ambitionnent plus que jamais de pactiser avec un continent vierge regorgeant d’énormes richesses humaines et matérielles, et d’obtenir ainsi des gains économiques, géostratégiques, voire sécuritaires, considérables. Dans ce contexte, l’on assiste à une expansion sans précédent de la Chine et de la Russie en Afrique. Une véritable politique de la main tendue vers l’Afrique, avec comme objectif de contrecarrer l’historique présence occidentale, par un pouvoir d’investissement de plus en plus grandissant. Washington avait d’ailleurs averti, lors de l’accueil du Sommet Etats-Unis-Afrique fin décembre 2022, contre l’influence de ces deux pays « ennemis », la qualifiant de « déstabilisatrice ». Une crainte loin d’être fortuite, eu égard à cette opposition et lutte communes déclarées contre le monopole occidental sur le continent, et le rejet de l’ingérence politique dans les affaires intérieures au nom de la démocratie et des droits de l’Homme.
282 milliards USD d’échanges entre la Chine et l’Afrique
Premier créancier mondial des pays en développement, la Chine a investi d’énormes sommes en Afrique. Sa politique africaine est basée depuis trois décennies sur l’investissement et l’économie, notamment dans le domaine de l’octroi de prêts sans conditions politiques. La valeur de cette aide s’élevait à plus d’un demi-milliard de dollars. Le volume des accords potentiels en cours de discussion en prévision de la troisième exposition économique et commerciale Chine-Afrique, qui se tiendra du 29 juin au 2 juillet à Changsha, dans le centre de la Chine, a atteint 10,7 milliards de dollars. À ce jour, 53 pays africains, 8 organisations internationales et plus de 1 500 entreprises publiques administrées par le gouvernement central, associations commerciales et institutions financières se sont inscrits pour participer à cet événement, est-il souligné. Dans le cadre du programme de la promotion commerciale entre la Chine et l’Afrique, 21 pays africains sont exemptés de droits de douane pour 98% de leurs exportations vers la Chine. Selon des données officielles, le commerce bilatéral entre la Chine et l’Afrique a atteint 282 milliards de dollars en 2022, avec des exportations à destination du continent en hausse de 11,2% sur un an à 164,5 milliards de dollars et des importations de produits africains en Chine en progression de 11% à 117,5 milliards de dollars. Au cours des quatre premiers mois, les nouveaux investissements directs de la Chine en Afrique ont atteint 1,38 milliard de dollars, en hausse de 24% sur un an.
Le domaine militaire, l’épine dorsale du partenariat algéro-russe
Même cas de figure pour la Russie, qui s’apprête à abriter du 26 au 29 juillet prochains à Saint-Pétersbourg, le 2e Sommet économique et humanitaire Russie-Afrique pour la paix, la sécurité et le développement. Si la Chine veut une influence économique qui lui permette d’obtenir des affaires profitables avec les pays africains, la Russie quant à elle, est en quête d’influence sécuritaire. Une présence militaire renforcée sur le continent, outre ses relations économiques et diplomatiques étroites avec plusieurs capitales africaines. Dans ce contexte, il est utile de rappeler que l’Algérie occupe une position avancée en termes de puissance militaire et de dépenses de défense, dans le sillage d’une volonté ferme et explicite de l’Algérie et de la Russie, de renforcer davantage le partenariat stratégique et historique qui caractérise leurs relations bilatérales, notamment dans le domaine de la coopération militaire, Moscou étant l’un des plus importants fournisseurs d’armes de l’Algérie. En effet, l’Algérie est l’alliée traditionnelle de la Russie en Afrique du Nord, et le domaine militaire constitue l’épine dorsale des relations historiques entre les deux pays. Alger et Moscou entretiennent des relations étroites depuis longtemps, en 2021, la valeur des échanges commerciaux entre les deux pays a atteint trois milliards de dollars, malgré la pandémie de Covid. D’où la visite du président Tebboune en Russie, afin de renforcer les opportunités de partenariat, de coopération et d’investissement, et donner ainsi une forte impulsion aux relations économiques entre Alger et Moscou.
L’Algérie prête pour intégrer les BRICS
Le 15e Sommet des BRICS se tiendra du 22 au 24 août prochains à Durban, en Afrique du Sud. Alors que le PIB de ses États membres équivaut actuellement à 25 % de la production mondiale, exportant 24 % des exportations mondiales et 40 % de l’énergie, l’Algérie a tout à gagner en intégrant ce bloc économique stratégique. La demande officielle de l’Algérie d’adhésion au groupe BRICS, a ainsi été saluée à la fois par la Chine et la Russie en sus de l’Afrique du Sud et du Brésil qui y sont favorables. L’objectif de l’Algérie étant d’établir des mécanismes monétaires bilatéraux entre les cinq pays, en établissant une base commune d’investissement et de coopération commerciale et en établissant un système de coopération monétaire à plusieurs niveaux entre les pays du groupe. La situation stratégique de l’Algérie lui permet d’être l’un des pays BRICS les plus importants, avec la Russie au nord, la Chine et l’Inde à l’est, le Brésil à l’ouest, l’Afrique du Sud au sud et l’Algérie au centre, formant un pôle commercial et stratégique qui contribue grandement à faciliter le commerce, la navigation, l’investissement, l’amarrage des navires et des avions, et leur approvisionnement en carburant dans toutes les directions des cinq continents.
Hamid Si Ahmed
