Les travaux du Forum africain d’investissement et du commerce (AFIC 11) tenus à Alger, dans le contexte de l’application de la nouvelle politique tarifaire des États-Unis et dans la perspective de la Foire commerciale intra-africaine (IATF 2025, 4-10 septembre, Alger), ont fait ressortir l’importance de l’Accord de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) dans la promotion des exportations des pays africains. Le président américain Donald Trump a imposé des droits de douane à un grand nombre de pays dans le monde entier, dont de nombreuses économies africaines. Les États-Unis ont décidé d’imposer des droits de douane de 11 % sur les marchandises importées du Cameroun, de 14 % sur les marchandises en provenance du Nigéria, de 32 % sur les marchandises en provenance d’Angola, de 17 % sur la Zambie, de 30 % sur l’Algérie, de 31 % sur la Libye et de 10 % sur plusieurs autres pays, comme l’Égypte, le Sénégal et le Maroc. Les experts rappellent que l’Afrique abrite 33 des 46 pays les moins développés du monde. Ils font remarquer que « la plupart des économies africaines en sont encore à un stade précoce de leur développement, avec une diversification et une résistance limitées aux risques extérieurs, notamment en raison de leur dépendance à l’égard des exportations. Carlos Lopes, ancien secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, cité par l’agence Xinhua French, a donné l’exemple du Lesotho qui exportait plus de 50% de ses produits vestimentaires vers les États-Unis, pour expliquer que les droits de douane infligeraient de graves souffrances à son industrie de transformation des vêtements, un pilier économique essentiel, ce qui entraînerait une baisse des exportations, des fermetures d’usines et des suppressions massives d’emplois.
La même source indique que le secteur automobile sud-africain, qui représente 22% de ses exportations totales vers les États-Unis, fait partie des secteurs les plus durement touchés par les droits de douane distincts appliqués aux voitures fabriquées à l’étranger. Notant que les économies africaines ont travaillé dur pour s’intégrer dans les chaînes de valeur mondiales dans le cadre d’un système commercial international fondé sur des règles, Carlos Lopes a fait remarquer que des pays tels que Madagascar, le Lesotho et le Kenya « se retrouvent pénalisés », car ils ont développé des secteurs orientés vers l’exportation tels que l’habillement, le textile, l’industrie légère et l’agro-industrie, qui sont tous très vulnérables aux chocs tarifaires douaniers. L’agence Xinhua French rapporte l’avis de Balew Demissie, consultant à l’Institut d’études politiques d’Ethiopie, qui a averti que bien que l’Ethiopie mette en œuvre une stratégie de substitution des importations, elle n’a pas encore importé les équipements mécaniques essentiels pour y parvenir. La dépréciation de sa monnaie augmentera sans aucun doute les coûts et entravera ses efforts pour progresser dans la chaîne industrielle. La valeur des échanges commerciaux entre le continent africain et les États-Unis est considérée comme faible, mais les spécialistes font remarquer que du fait de la guerre commerciale des États-Unis, toute crise ou turbulence au niveau européen ou chinois sera directement transmise à l’Afrique et entraînera des pertes économiques pour elle, ce qui fait que l’Afrique importera des crises économiques, des hausses de prix et de l’inflation, car les pays africains représentent le maillon le plus faible de l’économie internationale.
Une coopération Sud-Sud renforcée est essentielle pour permettre à l’Afrique de faire face à cette situation, estiment les experts. Selon l’agence Xinhua French, la Banque mondiale estime que d’ici 2035, l’accord de la ZLECAF devrait permettre de sortir 30 millions d’Africains de la pauvreté extrême, d’augmenter le revenu total de l’Afrique de 450 milliards de dollars et d’accroître les exportations du continent de près de 29%.
M’hamed Rebah
Accueil ACTUALITÉ EXPORTATIONS AFRICAINES ET TARIFS DOUANIERS AMÉRICAINS : La ZLECAF, comme alternative