La ministre de l’Environnement et de la Qualité de la vie, Mme Nadjiba Djilali, a affirmé, jeudi, que la revendication de l’Algérie exigeant de la France d’assumer sa responsabilité dans l’élimination des déchets des explosions nucléaires réalisées dans le sud du pays pendant la période coloniale sera inscrite de manière claire et explicite dans la législation environnementale nationale afin de garantir les droits des générations actuelles et futures à un environnement sain et durable. Cette annonce intervient alors que la France continue de ruser pour fuir ses responsabilités dans les effets dévastateurs causés par ses essais nucléaires dans le sud du pays, des effets qui continuent, des décennies après, de faire des victimes. Il faut préciser dans ce cadre que ce pays a toujours fui ses responsabilités. À ce jour, des habitants de la Polynésie française continuent d’appeler Paris à assumer ses responsabilités dans les graves conséquences de ses essais nucléaires au plateau de Mururoa. L’adoption d’une telle loi par le parlement dotera l’Algérie d’un instrument juridique qu’elle pourra faire valoir dans ses futures négociations avec la France. Mieux encore, ce sera une base légale qui pourrait guider l’action diplomatique du pays quand il s’agira de parler environnement dans un monde qui vient de voir les États-Unis se retirer de la convention de Paris sur le climat. Après l’adoption par le Conseil de la nation du texte de loi relatif à la gestion, au contrôle et à l’élimination des déchets, lors d’une séance plénière présidée par le président du Conseil, Salah Goudjil, la ministre a précisé que cette nouvelle loi « revêt des dimensions qui dépassent les défis environnementaux actuels et porte des messages forts liés à la justice historique et environnementale », évoquant « les effets gravissimes des explosions nucléaires réalisées par l’ancienne puissance coloniale dans le sud du pays ». Mme Nadjiba Djilali, a souligné que l’auteur de cette catastrophe environnementale provoquée par les explosions nucléaires, qui constituent « une autre violation à l’encontre de notre pays et de notre peuple », doit « assumer pleinement ses responsabilités historiques, morales et juridiques dans l’élimination de ces déchets radioactifs et reconnaître l’énorme préjudice qu’il a causé à notre pays et aux populations d’Adrar, de Reggane, d’In Ekker et d’autres régions ». Elle a insisté sur l’impératif d' »inclure ces revendications de manière claire et explicite dans la législation environnementale nationale afin de garantir les droits des générations actuelles et futures à un environnement sain et durable », appelant à poursuivre le travail sur ce dossier avec tous les moyens disponibles pour « arracher le droit de notre peuple et protéger notre environnement de ces effets délétères ». Il faut rappeler dans ce cadre que si la France a reconnu sa responsabilité dans les effets causés par ses effets nucléaires au plateau du Moruroa et Fungataufa, elle continue de nier les droits des populations du sud de l’Algérie affectés par ses essais. En 2006, Marcel Jurien de la Gravière, ancien délégué à la sûreté nucléaire de la Défense, a reconnu que six de ces essais avaient « affecté plus significativement quelques îles et atolls », entraînant des retombées sur des zones habitées, et ce jusqu’à Tahiti. La France a reconnu sa responsabilité dans certains cas et décidé de verser des réparations aux familles de victimes ce qui n’est pas le cas pour les conséquences de ses méfaits dans le sud algérien. Lors de la présentation du rapport complémentaire de la commission de l’équipement et du développement local du Conseil de la nation, le président de la commission, Mohamed Ben Taba, a affirmé que cette dernière appuie les orientations données, lundi dernier, par le président du Conseil de la nation lors de la présentation du texte de loi, concernant l’inclusion dans le rapport de « la position algérienne exigeant de la France d’assumer pleinement sa responsabilité dans l’élimination des déchets des explosions nucléaires réalisées par le colonisateur français dans le désert algérien pendant la période coloniale ». Dans son rapport, la commission a salué l’appel de M. Goudjil à « associer le présent au passé dans le cadre de la consécration de la Mémoire collective pour une Algérie victorieuse sous la direction du président de la République », invitant tout un chacun à adhérer à cette démarche.
C’est un outil juridique qui viendra appuyer la position de l’Algérie dans les négociations futures avec la France qui sera sommée de tenir compte du droit des victimes de ses essais à une réparation et à engager des travaux de décontamination des sites qui regorgent encore des déchets de ses essais.
Slimane B.