Alors que les regards à travers le monde s’orientent de plus en plus vers deux rendez-vous majeurs sur le cours et la suite qu’empruntera l’actualité internationale, après le 15 mai, jour de « la grande marche du retour des palestiniens » et deux jours avant l’annonce attendue du président américain, prévue le 12 de ce mois-ci, sur la sortie ou pas de son pays de l’Accord sur le nucléaire iranien, le royaume chérifien choisit de surfer sur deux vagues, satisfaire Israël et ceux en conflit avec l’Iran, dont les Etat Unis, pour gagner le soutien, à sa colonisation au Sahara occidental.
Le timing de l’annonce de Rabat d’interrompre ses relations avec l’Iran mardi dernier intervient, à moins d’une semaine, après le scandale politico-médiatique qui a secoué le Maroc, par l’action menée par l’organisme marocain contre la normalisation avec l’entité sioniste, dévoilant, par l’image et le son, l’entraînement des éléments des services de sécurité marocains, par des professionnels de la sécurité en Israël. Rabat qui s’est toujours appuyé sur l’imaginaire de l’ennemi extérieur, pour cimenter la relation entre le Palais royal et le peuple marocain, a préféré cette fois ci, brandir la carte de l’Iran et du mouvement Libanais Le Hezbollah, pour faire détourner les acteurs et l’opinion marocaine de la proximité du Makhzen avec l’entité sioniste. Par la fracassante sortie médiatique de la diplomatie marocaine, annonçant la rupture des relations maroco-iranniennes, Rabat a plus que fait un clin d’œil à l’administration américaine conduite par Donald Trump, après l’adoption de la résolution 2414 rédigée par les Etats Unis sommant les deux parties en conflit, le Front Polisario et le Maroc à se lancer dans «des négociations sans préconditions» des négociations que Rabat refuse à mener, sur la base de la Légalité internationale, comme souligné par le Conseil de sécurité dans sa résolution 2414, en traduction des textes et des principes de la Charte de l’ONU.
Les clins d’œil de Rabat pour pouvoir continuer à ne pas se conformer au Droit international
C’est par le jeu d’une pierre deux coups, que Rabat s’est lancé depuis mardi dernier dans sa campagne contre l’Iran, accusant celui-ci de « soutenir militairement le Front Polisario » via notamment le Hezbollah. En s’alignant comme d’habitude sur les positions des monarchies du golfe, à leur tête l’ Arabie saoudite, dans son conflit avec l’Iran, Rabat a opté pour un timing précis pour annoncer la rupture et les raisons de sa relation avec Téhéran, soit, à moins de dix jours, de l’annonce prévue le 12 mai prochain, par le président Trump, du retrait ou pas de son pays de l’accord nucléaire iranien, et a aussi emboîté le pas, au premier ministre sioniste Netanyahu, qui la veille de cette annonce, avait longuement discouru, lors de son exposé , sur ce qu’il considère «une menace réelle de la bombe atomique de l’Iran et la menace iranienne.». Ne pouvant se contenter de se jeter dans le jeu de lance-pierre, sans y gagner, ne serais-ce un soutien à la priorité première inscrite dans sa politique étrangère, à savoir la normalisation de sa colonisation du Sahara occidental, Rabat a usé d’une pierre pour tenter d’y parvenir.
Satisfaire ceux qui sont contre l’Iran, notamment Washington et Ryad amis aussi avec Israël, dont ses lobbies sionistes ont de tout temps apporté, mais en vain, une main forte à Rabat, dans sa quête à gagner des soutiens à son occupation illégale des territoires du peuple sahraoui, notamment dans l’espace européen et au États Unis, et par la même occasion porter atteinte au Front Polisario, en l’accusant, pour la énième fois, de terrorisme et de liens avec des organisations terroristes. Après avoir durant des années fait tourner le disque après les attentat de septembre 2001, sur les présumés liens du Front Polisario avec El Qaida, sans parvenir à convaincre en l’absence de preuve et d’une opinion et acteurs internationaux faciles à drainer sur cette voie. Rabat a récidivé des années après, en remplaçant El Qaida par Daech, sans y parvenir à gagner des appuis à sa propagande mensongère. Rabat revient, cette fois ci, en tablant sur ce qui anime la scène internationale, l’Iran et le Hiezbollah, en parlant de présumés liens de ces derniers, avec le Front Polisario, pensant faire passer ce mensonge en vérité, dans le contexte actuel. Par la sortie politico-médiatique en question de Rabat, mardi denier, contre l’Iran et sans surprise contre le Front Polisario, le Makhzen ne cherche –t-il pas par là aussi de détourner l’opinion maghrébine et voire même africaine, de la question palestinienne, en prévision de la «grande marche du retour » prévue le 15 mai prochain, pour marquer le jour de la «Nekba» en opérant ainsi. Et c’est d’une pierre deux coups, aussi à ce niveau, par l’exportation dans note région ce qui anime en premier lieu, la scène des monarchies du golfe, à savoir la menace iranienne, et par la même occasion, mener une campagne contre le Front Polisario. D’autant plus que l’opinion et les acteurs maghrébins refusant coûte que coûte, de relayer à la seconde place derrière l’Iran, la vraie menace, historique et avérée, à savoir l’entité sioniste et sa politique expansionniste. Rabat tente d’exporter cette nouvelle façon de voir, dans notre région maghrébine.
En violation du droit international, par son occupation du Sahara Occidental et son refus de voir tenir le référendum d’autodétermination du peuple sahraoui, le Maroc adopte la posture du soldat exécutant la politique israélienne en direction de l’Iran, dans la région maghrébine, laquelle posture est dictée par le soutien naturel d’un système colonial, dans notre région magrébine et africaine à son homologue, celui érigé par l’entité sioniste en Palestine. Habitué à user de la rallonge du temps et du statu quo, le document onusien, fixant la relance des négociations entre le Front Polisario et Rabat, durant les six mois prochains, date de la tenue de la réunion du Conseil de sécurité, sur le Sahara occidental, Rabat tergiverse, pour ne pas se retrouver autour de la table de Horst Köhler, avec le Front Polisario, pour enfin résoudre ce conflit sur la base de la Légalité internationale. Et comme l’histoire nous renseigne, que le colonialisme et le mauvais élève de l’Histoire, Rabat récidive après ses nombreuses tentatives, dont celles citées auparavant, visant à porter atteinte à la crédibilité du Front Polisario, et le juste combat du peuple sahraoui, pour sa liberté et son indépendance, en lançant sa énième propagande mensongère contre le Front Polisario en usant d’une carte qui occupe les couloirs diplomatiques, les relations internationales, et la Communauté internationale, en brandissant la menace iranienne.
Karima Bennour