Le coordinateur de l’instance présidentielle du FFS, Ali Laskri, et le Premier secrétaire du parti, Hakim Belahcel, plaident pour l’élection d’une Assemblée nationale constituante afin d’impulser un changement «radical» de système. Pour le FFS, il n’est pas question de faire l’impasse sur la revendication de la rue. Le parti socialiste avait estimé l’appel du chef d’état-major de l’Armée nationale populaire, Ahmed Gaïd Salah, pour l’application de l’article 102 sur le président Bouteflika, comme « un coup de force contre la souveraineté populaire ». « Fidèle à sa ligne politique et à ses convictions chevillées, le FFS refuse de s’engager dans un quelconque stratagème qui permette à ce régime agonisant de ce régénérer et rejette toute option qui faciliterait des alternances claniques dans le système et au profit du système », a indiqué le parti dans un communiqué sanctionnant le compte- rendu d’une conférence de presse, tenue jeudi, en son siège à Alger. Ainsi, la direction politique du FFS refuse de s’inscrire dans le plan de sortie de crise préconisé par Gaïd Salah. « Le FFS a toujours été un parti de dialogue et un gisement historique de propositions de sortie de crise. Ce n’est certainement pas aujourd’hui qu’il renoncera à ce principe. Nous sommes conscients de notre place dans la société grâce à notre crédibilité », a poursuivi le même communiqué. Réagissant une nouvelle fois à l’annonce de Gaïd Salah, le FFS a rappelé que « l’histoire saura se souvenir des positions des uns et des autres, notamment de ceux qui ont passé leur temps à vouloir berner le peuple algérien sur l’état de santé de Bouteflika ». « Au FFS, comme nous l’avons toujours revendiqué, nous demandons à l’Institution militaire de se plier à la volonté du l’écrasante majorité du peuple algérien qui revendique le changement radical du système », a souligné le parti fondé par Hocine Aït Ahmed, décédé décembre 2015 à Lausanne.
«La défense de l’intégrité territoriale et la sécurité des Algériens»
Le parti a recommandé à l’Institution militaire « d’exercer uniquement ses missions de défense de l’intégrité territoriale et de la sécurité des Algériennes et des Algériens », considérant les dernières déclarations de Gaïd Salah sur l’application de l’article 102 comme une preuve de « son implication effective dans la vie politique nationale ». Le FFS a préconisé encore à l’Armée d’être « garante du bon déroulement de la transition démocratique », et aussi, qu’il « ne pourra en aucun cas influencer ses tenants et aboutissants », conformément à l’une des résolutions fondamentales de la Plateforme de la Soummam, dictant «La primauté du politique sur le militaire ». Partant de cette décision historique, « Le FFS réitère son soutien indéfectible et permanent au peuple algérien dans sa révolte pacifique pour le départ intégral et définitif du système », a écrit le FFS dans son communiqué, qui appelle également la population « à poursuivre la mobilisation pacifique jusqu’à la concrétisation de la construction d’une Algérie libre et démocratique tel qu’énoncé par la déclaration du premier Novembre 1954 ». En guise de solution à la crise politique actuelle, le FFS remet sur table sa vieille revendication et appelle à « l’élection d’une Assemblée nationale constituante », qu’il considère comme « une exigence historique pour l’avènement de la deuxième République ». Ali Laskri et Hakim Belahcel, qui ont animé la conférence du FFS, n’ont pas souhaité commenter la crise interne au parti qui le menace d’éclatement, notamment après que deux membres du Présidium ont tenu, la semaine dernière, une session extraordinaire du Conseil national, considérée par Laskri comme «illégitime et frauduleuse». D’ailleurs, le parti a balayé d’un revers de main l’idée supposant un «affaiblissement» du FFS et un «recul» sur ses positions initiales. « Le FFS continuera à lutter sans relâche, pour le peuple et avec le peuple, jusqu’à la satisfaction de toutes ses revendications légitimes. Ni les pseudo crises internes qu’on veut nous créer, et ni les difficultés qui se profilent à l’horizon n’entameront notre détermination inébranlable à changer radicalement le système », a conclu le FFS.
H. M.