Douze jours après le déclenchement d’une guerre ouverte entre Israël et l’Iran, les bilans humains et matériels continuent de s’alourdir, révélant l’ampleur d’un conflit sans précédent dans la région.
Selon un nouveau communiqué du ministère iranien de la Santé publié ce mardi, au moins 610 personnes ont été tuées et plus de 4 700 blessées suite aux frappes israéliennes lancées le 13 juin. Ce décompte concerne exclusivement les victimes civiles. Le porte-parole du ministère, Hussein Karmanpour, a évoqué sur la plateforme X des « scènes terrifiantes dans les hôpitaux » au cours des derniers jours. Parmi les victimes figurent 13 enfants, dont un nourrisson âgé de deux mois, ainsi que cinq médecins ou secouristes tués dans l’exercice de leurs fonctions. Le bilan, qui s’élevait à 400 morts samedi dernier, ne cesse donc de grimper. En outre, sept hôpitaux et neuf ambulances ont été endommagés par les bombardements israéliens, rendant l’accès aux soins encore plus difficile dans plusieurs régions du pays. Parmi les attaques les plus controversées figure celle qui a visé lundi la prison d’Evin, dans la capitale iranienne, où sont détenus de nombreux prisonniers politiques. Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a dénoncé une « violation grave du droit international humanitaire », soulignant que « la prison n’est pas un objectif militaire légitime ». Selon des sources officielles iraniennes, plusieurs employés et visiteurs ont été tués, tandis qu’un incendie s’est déclaré dans le bâtiment, provoquant des dégâts importants. Le pouvoir judiciaire iranien a qualifié cette frappe de « crime de guerre ». Dans un contexte de guerre hybride et de guerre de l’information, l’Iran a annoncé une série d’arrestations d’agents présumés de l’occupant israélien. Selon les Gardiens de la Révolution, six individus ont été arrêtés dans la province de Hamedan, dans l’ouest du pays, accusés de travailler pour les services de renseignement israéliens. D’autres opérations ont conduit à la capture d’un homme porteur d’une bombe à Khorramabad et au démantèlement d’un réseau de 60 collaborateurs présumés en ligne, accusés de diffusion de rumeurs pour déstabiliser le pays. Par ailleurs, l’Iran a confirmé ce mardi la mort du scientifique nucléaire Mohammad Reza Sadeghi, victime d’un bombardement israélien survenu quelques heures avant l’entrée en vigueur du cessez-le-feu.
Silence israélien et confusion médiatique
Alors que la confusion règne, l’armée israélienne poursuit ses frappes sur le territoire iranien, ciblant des figures du Corps des Gardiens de la Révolution, ainsi que des sites nucléaires et infrastructures militaires. Le mutisme du gouvernement israélien a alimenté un sentiment de désorientation parmi les colons. Plusieurs correspondants de la presse israélienne ont exprimé leur frustration : « On apprend la fin de la guerre par les ennemis », a déclaré un journaliste de Walla, dénonçant l’absence totale de communication officielle sur le cessez-le-feu. Le journaliste Almog Boker, de la chaîne 12, a fustigé le Premier ministre israélien : « Pourquoi ne dit-il rien au peuple ? Pourquoi laisse-t-il la version de Téhéran dominer l’espace médiatique ? ». Donald Trump a précisé que le cessez-le-feu, entré en vigueur à 7h du matin (heure de La Mecque), durerait 12 heures, dans ce qu’il a qualifié de « première étape vers la fin officielle des hostilités ». Mais sur le terrain, l’escalade semble loin d’être terminée. Avec des centaines de morts, des installations civiles détruites et des attaques transfrontalières toujours en cours, la guerre entre l’Iran et Israël, même si elle marque une pause, laisse derrière elle un champ de ruines, des deuils nationaux et une instabilité régionale accrue.
M. Seghilani